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Les athlètes bioniques arrivent (peut-être pas dès les JO de Rio mais quand même)
©Reuters

THE DAILY BEAST

Les athlètes bioniques sont en train de conquérir les sommets ou les vagues les plus difficiles. Tous utilisent des prothèses ou gaines électroniques qui peuvent reproduire le mouvement d'un vrai pied humain.

Amalia Warshaw

Amalia Warshaw

Amalia Warshaw est contributrice pour The Daily Beast

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Copyright The Daily Beast - Ecrit par Amelia Warshaw

Rares sont les 'humains qui envisagent une randonnée de 3 000 km à travers les Appalaches, aux Etats-Unis, et encore plus rares sont ceux qui en rêvent quand ils sont paralysés à partir de la taille. Essayez de dire ça à Stacey Kozey. Stacey, de Madison dans l'Ohio, fait partie des 1,5 millions d'Americains (estimation) qui souffrent d'un lupus. Il lui a couté l'usage de ses jambes depuis 2014. Elle est aussi une parmi des milliers de randonneurs qui vont tenter la traversée des Appalaches cette année. Le circuit fait peur même aux randonneurs expérimentés et il serait hors de portée de Stacey Kozel sans l'aide d'un incroyable appareil orthopédique, appelé C-Brace. Avec sa gaine électronique de jambe faite sur mesure par la société allemande de prothèses Ottobock, Stacey parcourt une moyenne de 26 km par jour sur le sentier des Appalaches (et elle tient son journal de randonnée sur sa page Facebook). Stacey Kozel, et son histoire très inspirante, rejoint les rangs des athlèles qui réalisent d'incroyables performances grâce aux prothèses et aux corsets 'bioniques'.

Mike Coots, un photographe professionnel de Hawaï, est l'un des pionniers de l'utilisation des prothèses pour le surf. Il s'équipe d'une jambe pro-flex de Ossur en fibres de carbone pour surfer, exactement comme il le faisait avant qu'un requin ne lui arrache la jambe, il y a presque 20 ans. L'athlèle 'bionique' Mike Coots se souvient qu'il avait peur d'entrer dans l'eau avec sa prothèse et pensait encore moins à surfer avec elle : “Ca va rouiller, ou alors ça va casser. Je pensais, des ressorts vont jaillir et voler partout' confie-t-il à The Daily Beast. Un jour, de retour à l'université, Coots a decidé de tenter l'aventure. “Je suis juste parti avec ma planche...et j'ai attrapé une vague. A l'époque, je voulais simplement passer plus de temps dans l'eau...Maintenant, je veux me montrer en train de surfer pour montrer aux autres que c'est possible.” Il lui a fallu des années pour trouver ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Il a acheté une prothèse de pied sur eBay, il en a “coupé les orteils et modifié le pied'', et parfois, il a même “pris une scie pour tailler des morceaux du caoutchouc.”  Ensuite, il a reçu une prothèse en fibre de carbone de Ossur, il y a plus de deux ans. Selon Coots, la différence entre les prothèses en fibres de carbone et celles en caoutchouc qu'il utilisait juste après son accident  “c'est comme le jour et la nuit.” D'un côté, le “pied en caoutchouc”avec lequel il a débuté absorbait l'énergie. De l'autre, le membre 'pro-flex' lui permet de controler la planche de surf comme il le ferait avec son pied 'biologique'.

C'était comme “recevoir cette planche magique dont vous avez toujours rêvé” se souvient-il. Tim Hurst, un homme de 57 ans qui a perdu son pied suite à un accident de moto il y a 35 ans, raconte une bataille similaire avec sa première prothèse de pied. “A l'époque, elles étaient pour la plupart en bois. Je me suis battu avec ma prothèse, à cause de la technologie''. Après presque un an passé à l'hopital et la rééducation pour réapprendre à marcher après avoir été “paralysé à partir de la taille', Hurst a su qu'il voulait retrouver le style de vie sportif qu'il avait avant l'accident. Il n'avait qu'une prothèse pour courir, mais il a commencé néanmoins, “au moins un 'mile' par jour, six jours par semaine,” dès qu'il en a été capable. Quand il a appris l'existence de la 'lame' fabriquée par Ossur dans un catalogue de prothèses, il y a 10 ans, "ma vie a complètement changé. Le premier jour, j'ai courru probablement 7 km. C'était juste génial d'être enfin...égal, au même niveau". Aujourd'hui, il fait des marathons. A ce jour, Hurst a fini 53 marathons dans 47 Etats américains et il s'est fixé l'objectif de courrir 50 marathons dans 50 Etats. C'est une rencontre avec Larry Malcolm, détenteur de records du monde pour la plupart des marathons, qui l'a convaincu d'entrer dans le "Club des 50 Etats".  Hurst a l'intention de compléter le challenge en janvier 2017 lors du Goofy Marathon qui aura lieu à Disney World en Floride. “Le nom est vraiment bien choisi” dit-il, parce qu'il faut “être un peu goofy, dingue, pour faire ça .” Le challenge est immense, que ce soit physiquement ou en termes de logistique. “C'est le truc le plus dur que vous ferez jamais dans votre vie entière” dit Hurst des marathons. “Mais je suis accro.”  Quand je lui demande comment il arrive à finir ces courses épuisantes de 50 km, Hurst donne la majeure partie du mérite à ce qu'il appelle sa prothèse “à technologie spatiale"."Il serait impossible de faire un marathon sans elle...J'ai l'impression d'être l'homme bionique.” On peut en effet dire que ces membre "bioniques" et ces gaines “orthotronique” facilite le mouvement physique jusqu'à dépasser les capacités naturelles de l'humain.

Hugh Herr, directeur de recherches au Media Lab du MIT, lui même amputé de deux jambes, est designer de prothèses et de jambes bioniques. Hugh Herr a perdu ses deux jambes après un accident durant une course d'alpinisme, à l'âge de 17 ans. Mais en quelques semaines d'utilisation de ses premières prothèses, il a commencé à les modifier pour pouvoir recommencer l'alpinisme. Pour commencer, Hugh Herr a dessiné des lames étroites, il y a soudé un crampon pour assurer la prise sur les rochers sur une prothèse, puis fabriqué des jambes articulées plus longues, ce qui lui permet de caler ses prothèses dans des anfractuosités étroites de la roche. Il peut l'utiliser pour marcher sur la glace, et il “atteint des prises que les alpinistes valides ne pourraient pas atteindre.” Après ces débuts, Hugh Herr a dépassé le stade des simples améliorations et a commencé à travailler dans le secteur de la “biomécatronique,” qui veut intégrer la physiologie humaine dans l'électromécanique afin de créer des ''structures qui font mieux que les capacités biologiques", comme il l'a annoncé durant une conférence TEDTAlk en 2014.

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L'intégration bionique, qui consiste à attacher ou implanter des appareils électromécaniques dans le corps humain commence selon Hugh Herr  “à établir un pont entre la validité et le handicap, entre les limites du corps humain et le potentiel humain.” La question de savoir si les prothèses créaient des performances supérieures a été brulante avant les JO de Londres en  2012, quand Oscar Pistorius a reçu l'autorisation de se mesurer à des athlèles valides durant les jeux. Wired, dans un article publié cet été-là, demandait sans détours : “Les prothèses vont-elles réduire les athlètes olympiques à la honte ?” Ossur, la société qui a fabriqué les prothèses “Flex-Foot Cheetah” pour Pistorius durant ces jeux, assurait que les lames renvoyaient moins d'un tiers de l'énergie qu'un pied valide accumule durant chaque foulée. Des chercheurs de la Southern Methodist University ont découvert que la légèreté des prothèses rendait Pistorius plus rapide qu'il ne l'aurait été sans elles.

Coots ne pense pas que sa prothèse lui donne un avantage quand il surfe. Mais il pense qu'à l'avenir, c'est ce qui arrivera. Il travaille actuellement avec Ossur sur un pied en fibres de carbone à quatre crampons, conçu spécialement pour le surf et les sports nautiques. “L'idée est d'avoir quelque chose qui peut me faire atteindre un niveau, en surf, que je n'attendrais pas normalement ” dit-il. “J'aimerais beacoup voir la technologie se développer au point que le fait de porter une prothèse donnera un avantage”

Le réel avantage dont profite Coots, comme Hurst et Stacey Koel, est le désir croissant d'éclipser les accidents ou maladies qui ont changé leur vie. Stacey Kozel a écrit sur son blog, en mars dernier :  “J'ai toujours voulu faire le circuit des Appalaches, mais quand j'ai été paralysée, en mars 2014, je crois que je l'ai voulu encore plus.” Hurst éprouve un sentiment similaire :“Je crois sincèrement que je n'aurais jamais fait un marathon si j'avais eu deux jambes.” Pour lui, il a fallu passer outre les médecins et sa famille, qui pensaient qu'il ne marcherait plus. Hurst dit que chaque marathon qu'il achève, chaque performance physique qu'il accomplit, revient à leur répondre : “Ah ouais? Et bien, regardez-moi le faire!”

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