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Les agriculteurs sont-ils paranoïaques, ou réellement victimes d’un "agribashing" ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Dans le viseur

Existe-t-il une volonté réelle de dire du mal de l’agriculture ? Et si oui, de la part de qui et à quelles fins ? Comment, pour les premiers concernés (les agriculteurs), contrer cet agribashing ? A contrario, le phénomène ne s’apparente-t-il pas, aussi, à de la paranoïa chez eux : ils s’estimeraient alors plus « mal aimés » qu’ils ne le sont en réalité ? Le débat est ouvert.

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WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

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Cet article est une synthèse de deux points de vue parus sur WikiAgri,
le premier par Eddy Fougier, le second par Rémi Mer.

Agribashing. Le mot ne sonne pas vraiment de manière agréable à l’oreille, il est pourtant de plus en plus avancé, étant au coeur de plusieurs débats lors du dernier salon de l’agriculture. Il existerait donc un mode de pensée consistant à, systématiquement, dire du mal de l’agriculture ou de ses pratiques. Le constat de base semble évident, c’est son interprétation qui soulève le débat. Oui, l’agriculture telle qu’elle fonctionne aujourd’hui soulève des polémiques. Les uns la préféreraient plus environnementale, d’autres plus respectueuse du bien-être animal, d’autres encore ne la comprennent carrément pas et la critiquent à tout va... Pour autant, toute la question actuellement en débat est de savoir s’il s’agit d’un dénigrement organisé contre le système agricole, ou à l’inverse de tendances sociétales qui, bien qu’exprimées, ne sont pas suffisamment entendues. En d’autres termes, les agriculteurs sont-ils victimes d’agribashing, ou utilisent-ils ce terme pour discréditer ceux qui leur demandent d’évoluer alors qu’ils n’en ont pas envie ?

Y compris dans le milieu agricole, les deux points de vue ont leurs défenseurs. Jusque dans les colonnes de WikiAgri, où deux de nos chroniqueurs ont opposé chacun sa vision sur le sujet.

Selon le politologue Eddy Fougier, il existerait trois définitions de l’agribashing, selon l’interlocuteur : « Les premiers nient ou du moins tendent à minimiser son existence même. Les seconds pensent qu’il existe un agribashing qui se présente avant tout comme une critique du mode de production conventionnel (grandes exploitations, utilisation de phytos, élevage intensif). Enfin, les troisièmes ont une vision extensive de l’agribashing. Celui-ci serait une critique tous azimuts des agriculteurs et de l’agriculture, qui va jusqu’à une critique de l’élevage en soi, d’une agriculture tournée vers l’exportation ou de la gestion de la question du loup, et qui est portée par un peu tout le monde : l’ensemble des médias, l’édition, les associations de consommateurs, les ONG, la grande distribution et, au final, les consommateurs. » Plus loin, il précise encore que « l’intensité de la critique (...) peut donner l’impression d’un véritable acharnement ». Et il cite ainsi des statistiques tendant à démontrer que certains articles de presse ou autres émissions télévisées ont utilisé avec abondance des termes liés aux maladies ou aux cancers quand ils parlaient de phytosanitaires...

Selon le consultant média Rémi Mer, dans un contexte de tension, « toute critique est vécue comme une attaque (une de plus, pour un monde agricole le dos au mur et déboussolé) ; les avis sont perçus instantanément comme un jugement, avant même d’avoir subi les contre-feux d’une argumentation raisonnée et pertinente ». Il précise : « L’agribashing (de « bash » : frapper violemment ; qui évoque également un jeu, ou une forme de lynchage, en l’occurrence médiatique) fédère les animosités, tient lieu de mot d’ordre, il devient même le thème central d’assemblées de jeunes et de moins jeunes, au risque de trouver le responsable (les médias) et d’éviter de se poser les bonnes questions. » Les « bonnes questions », à savoir n’existe-t-il pas une autre manière d’interpréter les critiques plutôt que de les contester d’emblée ?

Ces deux points de vue (largement plus développés, chacun, dans les colonnes de WikiAgri, n’hésitez pas à lire ces articles entiers si le sujet vous interpelle), très argumentés l’un et l’autre, renvoient à plusieurs questions de fond. L’agriculture française est-elle capable de se remettre en cause, et d’évoluer avec son époque ? Ceux qui en rejettent les fonctionnements actuels les connaissent-ils vraiment ou en ont-ils une vision déformée par différents prismes (médiatiques ou autres) ? Les agriculteurs savent-ils suffisamment communiquer pour faire aimer leurs métiers... Et l’on pourrait résumer tout cela par la sempiternelle question de la place de l’agriculture dans la société...

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