Le sexe oral serait à l’origine d’une épidémie de cancers de la gorge<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
La population n’est pas encore immunisée de manière collective pour le HPV. Comme il s’agit d’une IST, si 80 % de la population est vaccinée, cela va permettre de casser la diffusion du virus.
La population n’est pas encore immunisée de manière collective pour le HPV. Comme il s’agit d’une IST, si 80 % de la population est vaccinée, cela va permettre de casser la diffusion du virus.
©Flick/Alex E. Proimos

Vaccination nécessaire

Le sexe oral alimente une « épidémie » de cancers de la gorge aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Pauline Castelnau-Marchand

Pauline Castelnau-Marchand

Le Dr Pauline Castelnau-Marchand est oncologue radiothérapeute.

Voir la bio »

Atlantico : Le sexe oral alimente une « épidémie » de cancers de la gorge aux États-Unis et au Royaume-Uni, selon le Dr Hisham Mehanna de l'Université de Birmingham au Royaume-Uni, cité dans la presse britannique. Selon lui, près de 80 % des cas de cancer de la gorge sont causés par le virus du papillome humain (VPH), un virus qui se propage sexuellement et qui est lié à de multiples formes de cancers. Comment expliquer ce phénomène ? Quel est ce type de cancer ?

Pauline Castelnau-Marchand : Ces données dans les pays anglo-saxons évoquent un taux de 80 % des cancers de la gorge liés aux infections à Papillomavirus humains (HPV). En France, les proportions ne sont pas les mêmes.

En revanche, il y a trois principaux facteurs de risque pour les cancers des voies aérodigestives supérieures (les cancers de la tête et du cou principalement). Le cancer de l'oropharynx est l’une des localisations les plus répandues et les plus fréquentes, notamment l’amygdale est de plus en plus liée au virus de l’HPV.

Les deux autres facteurs de risque pour les cancers des voies aérodigestives sont l’alcool et le tabac. Ce sont les facteurs de risque principaux en France.

En revanche, depuis dix à quinze ans, il y a de plus en plus de cancers liés à l’HPV. Nous constatons une augmentation. C’est pour endiguer ce phénomène que la vaccination a été instaurée.

A l’heure actuelle en France, cela dépend essentiellement des régions. Pour certaines, il n’y a quasiment plus d’intoxication alcoolo-tabagique. Les cancers liés aux infections à Papillomavirus humains (HPV) deviennent alors le facteur de risque principal. La réalité est assez disparate en fonction des régions en France. Dans le Nord, le tabac et l’alcool ont encore un impact sur la santé. Dans d’autres régions comme à Bordeaux, il y a beaucoup plus d’HPV.

En France, nous ne sommes pas dans la proportion des 80 % mais plutôt de l’ordre de 30 à 40 % pour les cancers liés à l’HPV, ce qui est déjà énorme.

Sommes-nous « tous égaux » face aux cancers de la gorge liés au sexe oral ? Les hommes sont-ils plus touchés que les femmes ? Quelle est cette réalité ?

Comme le facteur de risque principal en France est lié au tabac et à l’alcool, pendant des années les hommes sont restés beaucoup plus touchés que les femmes. La situation a tendance à s’égaliser actuellement. Cela est lié aux changements de modes de vie.

Pour un cancer ORL, l’âge moyen est de 50 - 60 ans. Le problème est que les cancers liés à l’HPV sont constatés chez les plus jeunes. D’un point de vue épidémiologique, nous avons constaté leur arrivée il y a quelques années chez des personnes plus jeunes et chez des hommes qui n’avaient pas d’expositions ni à l’alcool, ni au tabac. Ils présentaient des facteurs de risque d’infections sexuellement transmissibles. Cela arrive vers 40 - 45 ans, ce que l’on ne voyait pas avant, et chez des femmes qui ne sont pas dépendantes ni à l’alcool, ni au tabac et qui ont une soixantaine d’années et qui finalement sont touchées par l’HPV. Ce phénomène est en augmentation.  

Ce cancer arrive plus fréquemment chez l’homme mais il risque de croître également chez les femmes dans les années à venir. Cela explique la généralisation de la vaccination.

Quelle prévention et quelle solution face à ce type de cancer ? Les campagnes de dépistage sont-elles suffisamment efficaces ? Les personnes multipliant les partenaires sont-elles plus exposées ? Le vaccin peut-il être un recours contre le Papillomavirus ?

Le vaccin va permettre de se prémunir contre l’exposition aux HPV et aux variants les plus fréquents. 90% des cancers de la gorge sont liés aux quatre variants les plus fréquents.

Cette recommandation du vaccin est apparue en 2007. Ce virus induit principalement chez la femme le cancer du col utérin. Le vaccin permet de se prémunir contre ce type de cancer. La vaccination chez les jeunes filles de 11 à 14 ans a donc été généralisée. On parle des cancers ORL mais cela donne aussi des cancers du canal anal.

Cela touche aussi bien les hommes que les femmes. Depuis 2021, la Haute Autorité de santé a élargi cette indication à la vaccination. Il s’agit dorénavant d’une recommandation générale, quel que soit le sexe, dans les 11 à 14 ans. Un rappel à six mois est effectué. Il y a une autre possibilité de le faire pour les jeunes qui n’ont pas été vaccinés, entre 15 et 19 ans. Cela passe par un schéma avec trois vaccins. Cette méthode permet de prévenir ce cancer.

Ces cancers se voient plus chez les hommes qui ont des relations sexuelles orales et surtout des partenaires multiples. Il est recommandé de vacciner ces populations-là jusqu’à l’âge de 26 ans s’ils ont des rapports multiples. Cela permet de se prémunir contre ces cancers.

Y a-t-il de l’espoir dans les traitements pour les patients pour ces cancers particuliers ? L’annonce du chef de l’Etat pour l’incitation du vaccin auprès des jeunes va-t-elle dans le bon sens ? Risque-t-on de connaître, si rien n’est fait, les chiffres alarmants du Royaume-Uni et des Etats-Unis ?

L’initiative du chef de l’Etat pour la vaccination dans les collèges et les lycées est une bonne opération. Ces grandes campagnes ne sont jamais bien prises d’habitude. D’un point de vue médical et pour la prévention, cela est extrêmement important.

La population n’est pas encore immunisée de manière collective pour le HPV. Comme il s’agit d’une IST, si 80 % de la population est vaccinée, cela va permettre de casser la diffusion du virus. Les traitements répondent très bien à ce type de cancer.

Ces cancers sont localisés dans l’oropharynx. Il n’y a pas d’opérations mais de la chimiothérapie et de la radiothérapie sont utilisées. Ces cancers sont chimio et radio sensibles. Les traitements vont très bien répondre à ces cancers. Cela reste des traitements lourds même si l’on en guérit.

Grâce à la prévention et au vaccin, il est possible d’éviter de contracter ces cancers qui peuvent avoir des séquelles chez les plus jeunes. 

Dr Pauline Castelnau Marchand, oncologue radiothérapeute au Centre de traitement du cancer HORG

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !