Le prix de l’électricité et les offres gouvernementales d'économie boostent l'imagination des escrocs<!-- --> | Atlantico.fr
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Des petits malins sont apparus sur le marché et proposent carrément de trafiquer les compteurs d’électricité Linky afin de diminuer jusqu’à 50 % la consommation déclarée.
Des petits malins sont apparus sur le marché et proposent carrément de trafiquer les compteurs d’électricité Linky afin de diminuer jusqu’à 50 % la consommation déclarée.
©ALAIN JOCARD / AFP

Atlantico Business

Le consommateur est harcelé par les agences d'État et des entreprises qui offrent des avantages fiscaux en cas de travaux pour économiser l'énergie. C’est un marché sur lequel se sont engouffrés des escrocs qui proposent de trafiquer les compteurs d’électricité pour payer moins.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le temps est à la débrouille. Alors que le gouvernement multiplie les offres fiscales pour encourager les consommateurs à s’équiper ou à entreprendre des travaux permettant d’économiser l’énergie, des petits malins sont apparus sur le marché et proposent carrément de trafiquer les compteurs d’électricité Linky afin de diminuer jusqu’à 50 % la consommation déclarée. Le service est rémunéré bien sûr, mais assez rapide et difficile à détecter.

Tous les Européens en sont convaincus, les prix de l’énergie auront du mal à baisser dans l’avenir. Le gaz russe, qui tirait les prix à la baisse, ne reviendra pas de sitôt sur le marché, ou alors après être passé par des intermédiaires chinois ou indiens qui prennent leur marge, avec des coûts de transports du GNL (gaz naturel liquéfié) par bateau qui coûtent beaucoup plus cher que ce qu’offrait Gazprom. L’Allemagne a été la première touchée, au point de revoir complètement son modèle économique, mais au-delà de l’Allemagne, les autres pays européens aussi doivent s’adapter. La France a relancé son programme nucléaire, mais il faudra attendre des années avant que les effets sur les prix, liés à une offre plus abondante, soient sensibles au niveau du consommateur.

L’autre raison pour laquelle les prix auront du mal à baisser est imputable aux contraintes écologiques. Si l'on doit lutter contre le réchauffement climatique, il va falloir travailler sur le mix-énergétique combinant les énergies naturelles et renouvelables (le vent, le soleil et l’eau) avec les énergies d’origine fossile en voie de reflux. Mais l’énergie solaire ou éolienne est chère au niveau des installations et incertaine quant à la régularité des productions. Sur l’hydraulique, on peut difficilement faire mieux et plus, du moins en France.

Nous sommes donc condamnés à utiliser une énergie qui va rester onéreuse. Pour lutter contre cette inflation structurelle, le gouvernement a deux armes : d’une part les chèques énergie pour gérer les pics, mais ça coûte très cher au budget, et d’autre part les crédits d’impôt ou les subventions à l’équipement individuel pour produire soi-même de l’électricité ou alors pour se protéger et s’isoler.

Des investisseurs privés et les entreprises se sont depuis 3 ans engouffrés sur ce marché. Le consommateur ne peut pas aujourd’hui échapper à des offres d’équipements en panneaux solaires ou en pompes à chaleur . La télévision regorge de spots de pub, les réseaux sociaux sont omniprésents sur le créneau, quant aux agences du gouvernement, aux énergéticiens et aux installateurs, ils débordent d’imagination pour contacter le client au téléphone. Matin, midi et soir, des opérateurs téléphoniques n’arrêtent pas de nous vanter les avantages du panneau solaire et le montant de l’avantage fiscal. Ces opérations relèvent d’un marketing téléphonique qui est étouffant certes, mais il est réglementé.

Ce qui n’est pas réglementé et relève carrément de l’escroquerie, ce sont les propositions que l’on reçoit pour nous faire baisser la facture d’électricité jusqu’à 60 % sans pour autant baisser la consommation. Ce qu'ils proposent, c’est d’intervenir et de régler le compteur Linky. En fait, ils le trafiquent et l’intervention coûte environ 400 euros. Ils sont très bien organisés. Ils interviennent comme électriciens, dépendant d’une entreprise spécialisée. Leur statut est très ambigu parce qu’ils ne cessent de rappeler qu’ils sont en lien avec Enedis, mais ce n’est pas clair. D’ailleurs, les représentants d’Enedis ne se déplacent que très rarement en dehors du jour où ils viennent poser le compteur.

Pour ces apprentis sorciers, c’est donc un bon business, parce qu’ils s’organisent en bande pour grouper les visites. Le gouvernement, EDF et Enedis font évidemment la chasse aux escrocs. Ceux qui en profitent aussi sont dans le collimateur. Le gouvernement a lancé une campagne d’information et de prévention, Enedis fait des enquêtes de consommation mais c’est assez compliqué. Enedis explique qu’ils peuvent, grâce au compteur Linky, être prévenus d’une anomalie, mais leur efficacité dans le domaine n’est pas sans failles. À EDF, on n'est pas surpris, le montant des escroqueries a augmenté avec le prix du courant électrique. 

Les vols d’électricité par dérivation pirate ne datent pas d’hier, d’autant qu’ils ne sont pas très difficiles à activer et peu surveillés. Une ligne qui traîne dans un terrain vague ou sur la façade d’un immeuble se voit assez facilement, surtout qu’il suffit de la suivre pour découvrir d’où elle vient et où elle va. Mais découvrir qu’un compteur a été trafiqué, c’est beaucoup plus difficile.

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