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Le succès de Luxottica ne vient pas ex nihilo, il s’est construit sur un savoir-faire qui dure maintenant depuis plusieurs décennies et un circuit logistique et industriel sophistiqué.
Le succès de Luxottica ne vient pas ex nihilo, il s’est construit sur un savoir-faire qui dure maintenant depuis plusieurs décennies et un circuit logistique et industriel sophistiqué.
©GIUSEPPE CACACE / AFP

Franc succès

En l'espace de six décennies, Leonardo Del Vecchio, un entrepreneur italien décédé en 2022, a fait de Luxottica le plus grand fabricant de lunettes de vue et de soleil au monde.

Charaf Louhmadi

Charaf Louhmadi est ingénieur. Il a notamment travaillé au sein d'un cabinet de conseil en stratégie et d'audit et pour de grandes banques françaises comme Société Générale, Natixis, Crédit Agricole et BPCE SA à travers des missions en analyse quantitative, ALM, risques de marchés/contrepartie. Il est l’auteur du livre « Fragments d'histoire des crises financières ».

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Atlantico : En l'espace de six décennies, Leonardo Del Vecchio, un entrepreneur italien décédé en 2022, a fait de Luxottica le plus grand fabricant de lunettes de vue et de soleil au monde. En 2018, il a fusionné son entreprise avec Essilor, un fabricant français de lentilles, pour créer un géant franco-italien qui pèse aujourd'hui plus de 90 milliards de dollars et emploie quelque 200 000 personnes. Quelles sont les principales raisons qui expliquent la réussite de ce fabricant ? 

Charaf Louhmadi : L’histoire de Leonardo Del Vecchio est digne d’un scénario d’Hollywood. Placé dans un orphelinat, le jeune prodige se lance dans l’entreprenariat à l’âge de 26 ans, à Agordo, une petite commune italienne loin du business des lunettes, car il s’y voit offrir le terrain. L’entrepreneur italien a par ailleurs voulu conserver à l’identique de son vivant, la bâtisse qui a vu naître son empire. Le fondateur de Luxottica, figurait par ailleurs parmi les premières fortunes d’Italie, le magazine Forbes évaluait son patrimoine à plus de 20 milliards de dollars en 2017. 

Luxottica est propriétaire de la célèbre marque Ray-Ban, l’entreprise détenait avant sa fusion avec le géant français Essilor, plus de la moitié du marché des lunettes de soleil en France. L’entreprise italienne produit également des binocles luxueuses Armani, Versace, Burberry, Chanel ou encore Prada.

L’entreprise italienne est implantée à l’international et a conquis le marché américain, elle détenait, bien avant sa fusion avec Essilor, un monopole dans la distribution des lunettes aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, le groupe EssilorLuxottica est prospère en bourse ; le cours boursier est à son quasi maximum historique, avec un bond de 9% depuis le début de l’année 2024. La capitalisation dépasse en effet les 89 milliards d’euros.

Le chiffre d’affaires du groupe a atteint plus de 25,39 milliards en 2023, soit une variation de +3,7% par rapport à 2022. Le bénéfice net a cru de 6,3%.

Le succès de Luxottica ne vient pas ex nihilo, il s’est construit sur un savoir-faire qui dure maintenant depuis plusieurs décennies et un circuit logistique et industriel sophistiqué. Les marges sont en outre conséquentes sur certains produits à succès comme la marque Ray-Ban. Avant sa fusion avec Essilor, Luxottica disposait déjà d’une douzaine d’usines et plusieurs centres logistiques permettant la production de 93 millions de lunettes par an.

A noter de surcroît que le marché des lunettes de vue dispose d’un vrai potentiel de croissance à l’échelle mondiale car il est sous-adressé ; aujourd’hui, plus de trois milliards d’humains ne sont pas munis de lunettes de vue alors qu’ils souffrent bien d’acuité visuelle.

Comment ce groupe s’apprête-t-il à se développer dans la Tech ? Quels sont ses atouts ? Sur quelles innovations compte-t-il s’appuyer ?

Le leader mondial de l’optique mise sur les nouvelles technologies dans sa stratégie à court, moyen et long terme. Francesco Milleri, directeur général et président du conseil du groupe, a précisé que la tech est la vision du groupe à l’avenir.

Au fameux et incontournable CES (Salon américain de la tech) qui se tient à Las Vegas, le groupe Essilor-Luxottica vient de présenter une paire de lunettes dotée d’une assistance auditive intégrée.

Par ailleurs et dès 2021, le groupe franco-italien a développé des partenariats avec le géant américain Meta, à travers la commercialisation des lunettes Ray-Ban connectées « Stories ».

EssilorLuxottica est donc bien partie pour prendre part à cette révolution numérique et électronique dans l’industrie des lunettes ; Paul du Saillant, directeur général délégué d'EssilorLuxottica, affirme « vouloir créer de nouvelles fonctionnalités (technologiques) régulièrement ». Avec l’avènement du métavers et des lunettes connectées, les « lunettes digitales » semblent avoir un avenir prospère.

Quelles sont les failles du groupe qui le ralentiront dans sa quête de réussite dans le secteur des nouvelles technologies ?

Il y a tout d’abord et évidemment les défis technologiques, incorporer de l’électronique sophistiqué et miniaturisé dans des montures n’est pas chose simple.

Ensuite, il y a la concurrence, rappelons que le géant américain Apple vient d’annoncer son "Apple Vision Pro". EssilorLuxotica devra trouver/renforcer les bons partenariats pour se positionner sur ce marché technologique. Cela représente un défi stratégique pour le leader mondial des lunettes.

Le groupe franco-italien devra également faire attention à bien soigner son image, rappelons que ce dernier a écopé d’une amende record de 125 millions d’euros en 2021 pour avoir fixé le prix de vente des montures aux opticiens et interdit la commercialisation de celles-ci sur internet.

Enfin, le problème de gouvernance se pose en interne pour un groupe franco-italien, issu d’une fusion de deux entreprises de pays différents.

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