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Et après ? Le paysage politique en France, une issue inédite quoi qu’il arrive
©Reuters

Analyse

Les prochaines élections législatives françaises auront lieu les 11 et 18 juin prochains. Elles permettront d’élire les 577 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale et seront également la clôture d’une séquence électorale qui aura duré plus d’un an.

Note publiée initiallement sur le site de BVA

L’enjeu de ces élections est crucial pruisqu’elles détermineront si le Président nouvellement élu disposera d’une majorité parlementaire ou devra se contenter d’une cohabitation à l’Assemblée. Si l’on se penche sur les rapports de force nationaux, il semblerait que ceux-ci soient très favorables à la majorité présidentielle pour le 1er tour. 30% des répondants du dernier sondage BVA publié le 7 juin ont l’intention de voter pour un candidat de La République en marche au premier tour des élections législatives, un score de 6 points supérieur à celui qu’a réalisé Emmanuel Macron lors du 1er tour de la présidentielle (24%). Alors, intérêt pour le scrutin, confirmation d’une « Macronmania », volonté d’une cohabitation, et avenir du paysage politique français après ces élections… à quelques jours du scrutin, nous avons souhaité recueillir l’état d’esprit des membres de notre communauté.

Les élections législatives, un intérêt moindre que la présidentielle mais grandissant à l’approche du scrutin

Comme près de 4 Français sur 10 (39% selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin 2017), certains membres de la communauté disent ne pas s’intéresser aux élections législatives.

« Je suis lasse à l'idée du spectacle et du désordre pathétique en vue des élections législatives. » (Femme, 32 ans, Profession intermédiaire, Droite, Alpes-Maritimes)

« J'attends un peu pour voir. Mais je n'attends rien du monde politique local qui, de plus en plus, s'aligne non sur une réalité locale mais sur des directives de partis. » (Femme, 66 ans, Retraitée, Centre, Loir-et-Cher)

Certains membres de notre communauté s’étaient exprimés juste après l’élection présidentielle sur les élections législatives et avaient déjà évoqué une certaine lassitude face à une longue séquence électorale.

Verbatim recueilli une semaine après le second tour de la présidentielle :

« En mode pause quelques jours, je suis un peu saturée pour le moment ! Je suis un peu décontenancée par tous ces hommes politiques qui renient leur parti d'origine pour se rallier à Macron ; l’attrait du pouvoir fait faire vraiment n'importe quoi. » (Femme, 62 ans, Artisan, Droite, Nord)

Cependant, bien que l’intérêt porté aux législatives (61% selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin 2017) soit moindre que celui mesuré à quelques jours de la présidentielle (76% selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin 2017) , la plupart des membres de la communauté s’intéressent tout de même aux élections à venir.

Concernant l’offre politique, certains membres sont bien renseignés et connaissent les différents candidats qui se présentent dans leur circonscription.

« Je connais les noms des 14 candidats qui se présentent dans ma circonscription et je sais pour lesquels je ne voterai pas, dont Urvoas l'ancien garde des Sceaux. Ces potentiels députés et/ou ceux déjà élus sortent comme les marguerites au printemps puis s'étiolent pendant 5 ans » (Femme, 66 ans, Retraitée, Centre droit, Finistère)

« Bien sûr je connais les candidats de ma circonscription et je voterai pour la candidate LRUDI. » (Homme, 36 ans, Cadre, Droite, Isère)

D’autres membres quant à eux semblent perdus dans le flot des candidats qui se présentent, et se plaignent qu’il y ait trop d’inconnus.

« Commençons par le début, dans mon département, il y a 2 circonscriptions et 2 députés à élire et je vous le donne en mille : 25 candidats se présentent, si j'en connais 4 c'est le bout du monde, les autres, des sombres inconnus qui se réclament de partis que j'ignore. » (Homme, 38 ans, Employé, Droite, Indre)

En effet, si l’on se penche sur les candidats de ces élections :

  • 39% des députés sortants ne se représentent pas, c’est un taux de renouvellement élevé qui peut s’expliquer par la récente loi relative au non-cumul des mandats. 

  • Il y a environ 1 300 candidats de plus qu’en 2012, soit une augmentation de 20%.Enfin certains candidats à l’élection présidentielle s’étaient engagés à présenter un grand nombre de candidats issus de la société civile lors des élections législatives. C’est chose due, avec notamment 52% des candidats La République en marche issus de la société civile et n’ayant jamais exercé de mandat politique auparavant.

  • Par ailleurs, le relatif intérêt observé auprès des membres de la communauté pour ces élections législatives transparaît dans la dernière intention de vote publiée par BVA. En effet, le taux de participation estimé est de 59% soit près de deux points de plus que celui observé lors des législatives de 2012. Cela peut s’expliquer par une certaine « attente » des citoyens dans un contexte électoral inédit, où la recomposition politique et la future couleur de l’Assemblée nationale sont deux enjeux importants pour la vie politique française.

Les enjeux du scrutin : des enjeux nationaux qui priment sur les enjeux locaux 

Selon un sondage BVA réalisé pour l’Obs et publié le 24 mai 2017, 67% des votants aux élections législatives feraient leur choix selon des enjeux nationaux en priorité, alors qu’ils seraient 26% à faire leur choix plutôt selon des enjeux locaux.

Auprès d’une partie des membres de notre communauté, la « réputation » et les actions que le candidat a déjà pu entreprendre à l’échelle locale semblent peser dans leur choix.

« Je connais les candidats de ma circonscription. J'aimerais qu'il représente bien mon territoire grâce à sa connaissance du terrain. Mon choix s'est fait grâce à la popularité du candidat de mon village. Il a fait beaucoup pour ses habitants et je suis satisfaite de ses résultats. Il fera un très bon candidat. Je ne privilégie pas son parti politique mais ses compétences. » (Femme, 48 ans, Employée, Centre, Nord)

« Je connais la candidate de la REM... je ne voterai certainement pas pour elle, d'autant qu'elle a fort mauvaise réputation dans le quartier.» (Homme, 52 ans, Artisan, Droite, Paris)

Cependant, une majorité des membres prendront leur décision pour ces élections selon des enjeux nationaux.

« Ce qui m'intéresse le plus c'est l'aspect national de l'élection ; je n'ai jamais compté sur le député pour faire évoluer mon département. » (Homme, 64 ans, Retraité, Centre gauche, Eure)

La politique menée par Macron dans les dernières semaines semble avoir une incidence de taille sur le choix de vote des membres de la communauté. Dans les dernières intentions de vote publiées par BVA, plus d’un Français sur deux (53%) déclaraient faire leur choix en tenant compte avant tout de leur opinion à l’égard de la politique menée par Emmanuel Macron.

Bien qu’une grande partie de la population semble satisfaite des débuts d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République (68% selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin), ce résultat peut être nuancé, car tout de même 31% des Français sont mécontents de la politique qu’il mène et certains membres de la communauté ont été déçu des premiers signaux envoyés par le gouvernement sur des problématiques de société fortes et primordiales : 

- La réforme du code du travail qui, comme vu dans une précédente note (Note qualitative du 1er juin 2017 « La réforme du code du Travail : qu’en pensent les Français ?), inquiète et divise sur plusieurs points les membres de notre communauté. Avec 85% (selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin) des Français qui jugent que le chômage est un sujet qui va impacter leur choix de vote, cette réforme directement liée à la problématique du chômage et de l’emploi pourrait avoir un poids dans le choix des électeurs. 

« Pas encore décidé, mais contrairement à mon "engagement" je ne crois pas que je voterai pour la candidate d'En marche ; je fais partie des "petits retraités" : 1500 et 1350 € pour notre couple et comme Macron veut taxer (CSG) les retraites de plus de 1200 €… » (Homme, 77 ans, Retraité, Gauche, Gironde)

« Ce qui m'intéresse c'est de ne pas donner les pleins pouvoir à Macron car c'est un « enfumeur », il le prouve avec l'augmentation de la CSG pour des retraites de légèrement plus de 200 euros. » (Homme, 56 ans, Cadre, Droite, Vaucluse)

- L’affaire « Ferrand » a également pu nuire à la majorité présidentielle. Les pratiques du Ministre de la cohésion des territoires décrédibilisent la future loi de moralisation de la vie publique promise par le gouvernement et donc par répercussion, le mouvement La République en marche.

« Je n'ai pas encore fait mon choix ; les affaires qui concernent plusieurs personnes du nouveau gouvernement et le manque de réaction du chef de l'état (qui s'était pourtant largement engagé sur cette crédibilité morale des élus) me laissent dubitatif sur le fait de voter pour cette équipe de EM .... Pour les législatives je mets désormais EM dans le même bateau que les autres.» (Homme, 67 ans, Retraité, Centre, Pas-de-Calais)

« Les premières mesures du gouvernement se font malheureusement dans l'urgence et la précipitation en vue des élections législatives. Il suffit de voir déjà les "casseroles" qui commencent à trainer derrière certains ministres pour constater que malheureusement rien n'a changé et que les Français se sont bien fait rouler dans la farine. » (Homme, 65 ans, Retraité, Centre, Indre-et-Loire)

Ces différents évènements sont, pour une partie des membres de la communauté, susceptibles d’influencer leur vote.

Des membres de la communauté partagés sur leur choix de vote mais qui n’ont pas vraiment changé d’avis entre la présidentielle et les élections législatives.

Les membres de la communauté sont partagés sur leur choix de vote :

Une partie souhaite qu’à l’issue du vote il y ait une cohabitation avec une majorité parlementaire « forte » en opposition au nouveau Président. Beaucoup de membres de la communauté voient l’incarnation de cette opposition forte dans la droite, volonté qui se confirme avec le dernier sondage BVA (selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin 2017) où Les Républicains récolteraient 20% des intentions de vote et le Front National 18%. 

« Ce qui m'intéresse dans cette élection c'est de nommer un contrepouvoir à Macron afin de l'empêcher de mettre en œuvre ses projets qui emmèneraient définitivement la France dans le mur. » (Homme, 40 ans, Employé, Centre, Indre-et-Loire) «Mon choix se porte et se portera sur les personnes et le parti le plus crédible dans tous les domaines, la droite ! » (Femme, 57 ans, Cadre, Centre droit, Loire-Atlantique)

A l’image de ce qui est observé auprès des Français (60% souhaitent que La République en marche dispose d’une majorité parlementaire), une autre partie des membres voit dans l’action d’Emmanuel Macron des débuts prometteurs et souhaite lui laisser une chance de gouverner avec une majorité stable.

« Mais pour qui peut-on voter d'autre qu’En Marche ? Le PS et l'UMP ont échoués depuis 40 ans et les extrêmes sont irresponsables ! Les débuts de Macron sont encourageants, alors on essaie.» (Homme, 68 ans, Retraité, Centre droit, Indre-et-Loire)

« Ce qui m'intéresse c'est que l'on termine ce qu’on a commencé à la présidentielle. Je voterai pour le candidat La République en marche. Je pense que le visage de l'Assemblée nationale va être profondément changé et rajeuni.» (Femme, 32 ans, Cadre, Centre droit, HauteGaronne)

« Je pense que la cohabitation n'est pas une solution à la problématique de la France actuelle. Il faut une majorité franche.» (Homme, 28 ans, Employé, Droite, Pas-de-Calais)

En outre, 32% (Selon un sondage BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange publié le 7 juin 2017) des électeurs sont encore indécis dans leur choix déclaré, une indécision observée également dans notre communauté. Il en ressort des discussions que les électeurs indécis juste après l’élection présidentielle le sont toujours à deux jours du scrutin, et que la recomposition de l’offre politique reste difficile à comprendre encore pour eux. 

Verbatim recueilli une semaine après le second tour :

« Aucune idée de qui je vais soutenir pour le moment, c’est la confusion la plus totale. Je pense que les partis sont en voie de disparition, que l'on va maintenant plus élire des hommes qu'un parti.»

Verbatim du même membre recueilli le 6 juin :

« A vrai dire, je ne sais pas encore pour qui voter, maintenant que Macron est élu, il faut lui laisser une chance de mener des réformes mais en même temps je ne suis pas d'accord pour lui signer un chèque en blanc. » (Femme, 62 ans, Artisan, Droite, Nord)

Verbatim recueilli une semaine après le second tour :

« J'habite dans la 1ère circonscription de l'Eure, celle de B. Lemaire. J'attends de voir qui d'autre va se présenter, je suis prêt à voter pour le candidat LR, pour infléchir si possible le programme d’E. Macron, mais si c'est B. Lemaire qui est partant pour gouverner avec Macron, je reverrais mon vote. »

Verbatim du même membre recueilli le 3 juin :

« Je n'ai pas encore fait mon choix j'attends d'avoir reçu les professions de foi de tous les candidats pour me faire une opinion. J'habite dans la circonscription avec B Lemaire comme candidat je n'ai pas envie de voter pour lui mais les autres ne m'inspirent pas non plus. » (Homme, 64 ans, Retraité, Centre gauche, Eure)

Une indécision qui grandit à cause d’alliances inédites autour du mouvement La République en marche qui perturbent les traditionnels repères gauche-droite des électeurs.

« Si les candidats de droite comme dans mon département nous annoncent qu'ils vont aider la majorité présidentielle où va-t-on ? Ils sont de droite ou de gauche ? » (Homme, 41 ans, Employé, Droite, Indre)

« Finalement nous avons des candidats qui sont ni de gauche, ni de droite, d'autres de gauche et de droite, et ceux qui veulent être tout à la fois. Avec tout cela, moi je sais toujours qui je suis et ce que je souhaite mais je ne sais plus ce qu'ils sont » (Homme, 67 ans, Retraité, Centre, Pas-de-Calais)

Toutefois, les membres de la communauté qui étaient sûrs de leur choix après la présidentielle ne semblent pas avoir changé d’avis à la veille des législatives.

Verbatim recueilli une semaine après le second tour :

« Mes attentes : que La République en marche gagne les législatives afin que la vie politique française ne soit pas guidée pour l’intérêt des partis mais guidée pour l’intérêt des Français.»

Verbatim du même membre recueilli le 5 juin :

« Je connais la candidate de La République en marche dans ma circonscription. Je participe activement à sa campagne. Donc mon vote coule de source. » (Homme, 62 ans, Retraité, Gauche, Indre)

Et après ? Le paysage politique en France une issue inédite quoi qu’il arrive.

Il ressort des discussions entre les membres de la communauté que peu importe l’issue du vote, qu’il y ait cohabitation ou qu’il y ait majorité pour La République en marche, la suite de la vie politique française semble incertaine :

-A court terme, les membres de la communauté s’interrogent sur les futures réformes que le gouvernement souhaite appliquer, notamment la réforme du code du travail qui inquiète et divise.

« Quant à nous, je pense que nous allons déchanter car, après la période d'euphorie des élections, les vraies réformes vont tomber et là les riches (puisqu'on est riche à partir de 1200 € selon EM) vont trinquer. » (Femme, 66 ans, Retraitée, Centre droit, Finistère)

« S'il obtient la majorité, les carottes sont cuites. Macron veut passer en force, mais pour paraître consensuel avec les syndicats, il leur donne du grain à moudre en ayant durci le texte. Il veut renforcer à coup d'ordonnances la déjà terrible loi El-Khomri et cela est dangereux. » (Femme, 68 ans, Retraitée, Droite, Alpes-Maritimes)

-A moyen terme, tout comme les futures actions du gouvernement, le futur du paysage politique français reste flou. Avec l’implosion des partis politiques traditionnels, les membres de la communauté estime que l’on se dirige vers une recomposition politique, « ni gauche – ni droite » à l’Assemblée, mais il semble difficile d’imaginer concrètement à quoi cela va ressembler pour eux…

« Quant à l'avenir du paysage politique après ces élections, Le PS a déjà explosé. Les Républicains vont essayer de résister mais vont exploser également. Mélenchon, à avoir trop personnalisé sa campagne à son image a éparpillé son score électoral et aura très peu d'élus. Les Verts ont éclaté. Enfin le FN, avec le débat du 2ème tour, s'est dynamité de l'interne. Nous allons vers une recomposition politique. » (Homme, 62 ans, Retraité, Gauche, Indre)

« Les élections sont tellement incertaines que je ne saurai dire comment je vois le paysage politique français.» (Homme, 28 ans, Employé, Droite, Pas-de-Calais)

A quelques jours du scrutin, il semble que les intérêts nationaux auront plus de poids que les intérêts locaux dans le choix de vote des Français. Plusieurs possibilités se profilent : donner une majorité stable à Emmanuel Macron pour qu’il puisse mettre en place son programme dans les meilleures conditions, ou sanctionner ses premières décisions en tant que Président en le 7 forçant à une cohabitation. Dans tous les cas, l’issue du vote de ces élections législatives transformera le paysage politique français.

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