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Le libéralisme et la tolérance à la suédoise ploient de plus en plus sous le poids de l’immigration
©Reuters

Suède

Le flux de migrants qui touche la Suède a mis sous tension les services sociaux du pays jusqu'à arriver à un « point de rupture » avec un gouvernement qui n'arrive pas à répondre à ce défi selon Bloomberg.

Johan Martinsson

Johan Martinsson

Johan Martinsson est professeur en sciences politiques à l'Université de Gothenburg.

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Pouvez-vous nous expliquer en quoi ce défi n'a pas été relevé ?

Johan Martinsson: L'afflux de migrants qui serait la cause du manque de moyens dans, par exemple, le secteur de la santé ou dans les services sociaux est encore sujette à débat. Il est vrai cependant que je n'ai vu aucune preuve convaincante d'actions pour remédier au manque de ressources de la part du nouveau gouvernement.

Sur les cinq dernières années, la Suède qui compte 10 millions d'habitants a accepté plus de 400 000 demandes d'asile. L'année dernière, 509 familles avec des enfants à Malmö ont demandé à bénéficier d'un hébergement d'urgence (64 en 2009), obligeant ainsi la ville à louer des chambres dans des hôtels pour un coût total de 55 millions d'euros annuel. Selon vous, la Suède peut-elle continuer d'accepter autant de migrants ou se dirige-t-on vers un tournant dans cette politique ?

Le marché de l'immobilier suédois était déjà dysfonctionnel avant l'arrivée massive des flux de migrants et de demandeurs d'asiles qui a commencé en 2015. Pour donner un exemple, le temps d'attente de 10 à 15 ans dans les deux plus grandes villes du pays pour un appartement en location n'était pas une situation inhabituelle. La crise migratoire a, bien évidemment, rendue la situation encore plus insoutenable et c'est potentiellement une source de conflits entre les groupes de populations dans le futur. Cependant, je ne vois aucun signe qui permettrait de dire que le grave problème de logement dans le pays pour les jeunes et les migrants représenterait un point de rupture. Le nouveau gouvernement ne semble pas avoir l'intention de limiter l'immigration plus que ce qui est fait aujourd'hui.

Est-ce que la Suède offre là la démonstration que l'Europe a atteinte ses limites en matière d'intégration ou ne serait qu'un cas spécifique que l'on ne peut pas élargir au reste de l'Europe ?

Deux choses importantes. D'abord, il est encore trop tôt pour le dire. Ensuite, l'interprétation du cas suédois sera certainement très politisée et utilisé à différentes fins en fonction des opinions politiques de chacun. Il n'y a pas de consensus large pour dire si la politique d'intégration en Suède est un échec complet ou pas.

Il est vrai que la situation des demandeurs d'asiles et leurs proches sur le marché du travail est pour le moins difficile, même après de nombreuses années en Suède, les immigrés demandeurs d'asile n'atteignent pas le même niveau d'accès à un emploi stable que les autres. Cela affectera-t-il le débat public dans d'autres pays d'Europe? Je n'en suis pas certain. Ils pourraient peut-être considérer le cas suédois comme différent et constituer un lieu inhabituellement inadapté pour les demandeurs d'asile originaires de pays autres que l'Europe qui souhaitent trouver du travail dans un pays où les obstacles d'accès à l'emploi sont nombreux.

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