Le Fillon nouveau est arrivé : quelle droite incarne-t-il ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
François Fillon s'émancipe.
François Fillon s'émancipe.
©Reuters

Émancipation

Dans une interview au Journal du Dimanche, François Fillon a déclaré être "de facto en compétition" avec l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

Voir la bio »

Atlantico : Dans une interview au JDD, François Fillon assume clairement sa rupture avec Nicolas Sarkozy. L'ancien Premier ministre se déclare en effet "en compétition" avec l'ex-chef de l'Etat. Cette sortie médiatique est un pas de plus vers une candidature en 2017, mais que reflète-t-elle vraiment de ce qui se passe à l'UMP ? 

Thomas Guénolé : Ce qui se passe à l’UMP est normal, voire banal. À savoir : quand l’un des deux grands partis de gouvernement perd les élections reines et passe dans l’opposition, la compétition pour le leadership devient acharnée, et à travers les conflits d’ambitions des individus, ce sont aussi les courants d’idées qu’ils incarnent qui sont en concurrence. De ces rapports de forces, de la composition de la coalition de vainqueurs, et du poids respectif de chaque courant d’idées dans cette coalition au travers des hommes, dépendront quel gouvernement de droite sera prêt pour 2017 en cas de victoire et quel agenda de réformes ce gouvernement aura.

François Fillon concède une "maladresse" dans ses déclarations sur ses recommandations à voter "pour le moins sectaire" en cas de duel PS/FN, mais il persiste sur son positionnement et affirme que "derrière (tout ça) il y a une idée". Quelle est-elle ? Qu'est-ce que cela traduit de sa vision de la droite ?

C’est bien là tout le problème. François Fillon répète à l’envi qu’il restera ferme sur sa position, mais cette position, personne ne la comprend. Et si personne ne la comprend, c’est parce qu’elle est objectivement incompréhensible.

L'ancien Premier ministre dit préparer un programme "de vraie rupture" et affirme travailler sur "10 réformes " (baisse du coût du travail, fin des 35h, refonte de l'indemnisation chômage..) Est-ce une simple stratégie électorale ou une réelle volonté de se démarquer de ses concurrents à droite ?

C’est une spécificité de longue date de François Fillon que d’être un homme de programme et d’idées. Il l’avait déjà fait pendant le second mandat de Jacques Chirac, en écrivant un livre-programme en vue de 2007 dont l’essentiel des idées finirent dans le programme électoral présidentiel de Nicolas Sarkozy puis dans le programme du gouvernement Fillon. Il est donc logique que François Fillon cherche à miser sur son point fort, la fécondité programmatique.

Dans l'interview, il semble nostalgique du séguinisme et multiplie les références au gaullisme. Quelle est en définitive sa place au sein de l'UMP ?

François Fillon a eu deux mentors dans sa vie politique. Le premier fut Joël Le Theule, un gaulliste historique spécialiste de la dissuasion nucléaire et des questions de défense. Il hérita de lui sa circonscription dans la Sarthe et son tropisme pour les enjeux de souveraineté nationale. Le second fut Philippe Séguin, un gaulliste davantage féru de politique économique et sociale. Il hérita de lui l’étiquette d’héritier du gaullisme et son tropisme pour la démocratie sociale à la scandinave qui a toujours été prônée par les gaullistes, y compris du temps du général De Gaulle lui-même. De fait, François Fillon est fondamentalement gaulliste, il n’y a pas de doute possible là-dessus. À cet égard, son renoncement au rejet ferme et résolu des héritiers du pétainisme et de l’O.A.S. relève de l’errance tactique, mais probablement pas d’une évolution de ses convictions profondes.

Propos recueillis par Maxime Ricard

A lire également, de Thomas Guénolé : "Nicolas Sarkozy, chronique d'un retour impossible ?" (First éditions), 2013, 16,90 euros. Pour acheter ce livre, cliquez ici.


En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !