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"Le diable bat sa femme" : un ton trop léger pour un sujet trop grave
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Atlanti-culture

De : Stéphane Denis Grasset Parution le 5 avril 2023 155 pages 17 €

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour est chroniqueur pour Culture-Tops et avocat au Barreau de Paris.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Le Président de la République en exercice, baptisé « Jupiter » par ses amis de jeunesse, se voit menacé d’une plainte pour viol et harcèlement sexuel par un mail reçu sur une boite confidentielle signé « Bébé », surnom de l’amie désinhibée des années insouciantes qui a couché avec tous les garçons de la troupe. Avec le concours de son chef de cabinet aussi zélé que inutilement diplômé devant cette attaque inédite, il sollicite le concours de Zorn, son ex-beau-frère, l’un de ses amis d’autrefois, lui-même un temps l’amant du corbeau de circonstance, pour le confondre et lui faire renoncer à son projet funeste pour la carrière du grand homme.

POINTS FORTS

L’évocation de la menace qui pèse sur l’homme public, tous les jours et sur tous les fronts.

La recherche dans ce type d’épreuve d’un soutien chez les amis d’autrefois, ceux qui ont partagé les premiers combats, les premiers errements dans la vie d’adulte, ceux qui ont conservé un lien d’amitié et de fidélité par solidarité potache, un soutien privilégié sur l’approche méthodique et professionnelle des conseillers du chef, ignorants de ces années fondatrices, statutairement dépourvus de l’intuition et de la  sensibilité requises.

QUELQUES RÉSERVES

La banalité de l’intrigue et de la chute, même si elle concourt sans doute à l’évocation de l’absolue solitude de l’homme d’Etat

ENCORE UN MOT...

L’évocation du passé de l’homme public quand la fonction a détruit en lui le reste d’humanité qui l’animait encore ne manque pas d’intérêt en soi ; encore le lien à faire entre le manque de scrupules et l’exercice du pouvoir, sans que l’on sache où est la cause, où est l’effet… Mais dans cet exercice et sur ce registre, on peut vraiment mieux faire.

Ce récit, pour brillant qu’il soit à la manière habituelle de l’auteur, reste très superficiel, ainsi notamment quand on le compare au Tsunami de Marc Dugain publié en même temps et qui aborde lui aussi l’extrême solitude du pouvoir, les menaces permanentes qui assaillent le Jupiter de service, en ce compris les plus viles et les plus sordides mais les replace dans un contexte global mêlant les grands enjeux et les petites intrigues pour donner un relief à l’ensemble.

L’auteur nous offre ainsi une nouvelle, agréable à lire, mais trop légère au regard du sujet traité, surtout dans le contexte de l’époque délétère que nous traversons, celle d’une démocratie menacée et d’un pouvoir conspué qui mérite aujourd’hui un traitement plus grave, un travail approfondi. Question de perception ou de circonstance !

UNE PHRASE

“ Nous n’étions plus rien de ce que nous avions été . Et ce qui restait de nous, c’étaient des amours d’autrefois, des amours d’un temps où tout était plus facile et que la génération d’aujourd’hui ne comprendrait pas.” (P.117)

L'AUTEUR

Après un bref passage dans les cabinets ministériels, Stéphane Denis devient journaliste et collabore au Quotidien de Paris à l’époque de Philippe Tesson, à Paris MatchMarianne et encore au Figaro. Auteur de plus de quarante romans et essais, il a reçu le Prix Interallié 2001 pour Sisters, manqué le Goncourt en ayant été nominé, manqué encore l’Académie Française au siège de Jean-François Deniau qui lui a préféré Philippe Beaussant.

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