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Le coup de cœur de la semaine : "Cosi fan tutte" : Musicalement et vocalement, Mozart au sommet
©Capture d'écran / Opéra de Paris

Atlanti-culture

L'Opéra de Paris offre une version d'une qualité exceptionnelle de "Cosi Fan Tutte". Sauf sur un point : la mise en scène, aïe, aïe, aïe...

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »
OPERA
"COSI FAN TUTTE" 
de MOZART
mise en scène : ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
direction musicale : PHILIPPE JORDAN
INFORMATIONS/RESERVATIONS
OPERA DE PARIS
Palais Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris
www.operadeparis.fr
jusqu’au 19 février
LE COMPOSITEUR
Né à Salzbourg le 27 janvier 1756, Wolfgang Amedeus Mozart est un enfant prodige. Il commence à prendre des leçons de clavecin à quatre ans et à six, il fait ses premiers pas dans la composition. Grâce à son mentor de père, il connaît très vite la célébrité, comme compositeur et comme interprète car non seulement, il joue aussi du violon, du piano forte, de l’orgue, mais en plus, il chante !
Il occupera plusieurs postes musicaux dans différentes institutions,  et cela, jusqu’à sa mort, dans la misère le 27 janvier1791 à Vienne, où, faute de moyens financiers, ses proches durent se résoudre à l’enterrer dans la fosse commune.
Malgré sa brève existence, Mozart reste comme l’un des compositeurs les plus prolixes, car cet artiste, qualifié de « divin », s’est  essayé à tous les styles, de l’opéra  à la musique sacrée, en passant par la musique de chambre, etc… Beaucoup de ses pièces sont considérées comme des chefs d’œuvre.
Après «  les Noces de Figaro » ( 1786) et « Don Giovanni » (1787), « Cosi fan tutte » (1789) est le troisième  opéra de sa  trilogie avec le librettiste italien Da Ponte. L’œuvre fut créée à Vienne le 26 janvier 1790, soit un an, presque jour pour jour avant la disparition du compositeur.
THEME
Contrairement aux « Noces de Figaro » et à « Don Giovanni », « Cosi fan tutte » n’est pas l’adaptation d’une œuvre littéraire. Même si on y retrouve, entre autres, des bribes des « Métamorphoses » d’Ovide, le livret  serait inspiré d’une histoire véridique, qui circulait dans les salons viennois de l’époque.
Il s’agit de deux hommes qui vont parier sur la fidélité de leur promise respective et dont ils sont fort amoureux. Pour ce faire, ces deux compères  vont monter une petite mise en scène. Avec l’aide d’un troisième larron, ils vont faire croire à leur amoureuse, en pleurs, qu’ils doivent, soudain, partir à la guerre. Ils vont revenir à elles, travestis et méconnaissables, et leur faire une cour assidue, chacun essayant de séduire la fiancée de l’autre. L’une va résister un peu plus longtemps que l’autre, mais toutes les deux finiront par succomber au charme de ces nouveaux prétendants… 
Ainsi, font-elles toutes (en Italien, Cosi fan tutte), va conclure Mozart, partagé entre folle gaité et profonde mélancolie.
POINTS FORTS
- D’abord, la partition, l’une les plus divines qui soient, et  qui offre aux chanteurs et à l’orchestre des moments d’une beauté assez sublime . Mozart n’a que 34 ans quand il la compose. D’un côté, c’est un jeune homme jeune, vif, malicieux, sensuel et ludique, de l’autre, un adulte, triste et désenchanté. Sa précocité lui ayant tout fait connaître de la nature humaine, il ne se fait plus guère d’illusion, ni sur la sincérité, ni sur la fidélité. Peut-être, aussi, devine-t-il, déjà, qu’il ne vivra plus longtemps. En tous cas, tous ces sentiments, à la fois contradictoires et complémentaires, vont cohabiter dans sa musique, qui va alterner moments d’une allégresse et d’une pureté  à faire venir les larmes aux yeux, et passages d’une profondeur et d’une gravité bouleversantes aussi. 
Le « divin » Mozart est au summum de son art…
- La distribution. Elle est composée de six chanteurs, qui, tous, ici, ont  (encore) l’âge de leur rôle, et sont, tous, parfaits dans leurs personnages respectifs. Tous possèdent un magnifique timbre de voix. Ils chantent à merveille et bougent avec une vivacité qui fait plaisir à voir. Leurs personnages sont à l’aube de leur vie d’adulte et leur prestation a quelque chose de printanier qui met le public en joie…
- La direction d’orchestre. Assurée par Philippe Jordan, et passées les premières mesures un peu ternes ce soir là, elle est, comme d’habitude avec ce chef, sensationnelle de précision, de délicatesse et d’élégance. On écoute… et on imagine, tant le son est céleste, que Mozart est là, au dessus de l’épaule de cet immense chef. Mais comment fait-il pour diriger parallèlement (et avec autant d’intelligence) « Lohengrin » à Bastille ?
- Le décor. Blanc, minimaliste (le plateau est nu, bordé à cour et à jardin de panneaux de plexiglas qui permettent de voir les coulisses), il laisse tout son volume au chant, au déplacement des interprètes…
POINTS FAIBLES
La mise en scène… Aie , aïe , aïe. On a beau admirer Anne Teresa de Keersmaeker, s’être précipité à cette création, on ne peut qu’avouer notre déception. 
La chorégraphe belge a doublé chacun des six chanteurs d’un danseur. L’idée aurait pu être formidable, si les mouvements de ces derniers avaient accompagné, magnifié la partition musicale. Hélas, ils se limitent à des déplacements et gesticulations géométriques, pas toujours gracieux, et souvent, semble-t-il, à contre-sens des intentions du compositeur. 
Les danseurs tournoient comme des toupies autour des chanteurs, que la mise en scène contraint à se pencher dans tous les sens ou à se jeter au sol. 
Visuellement, ce n’est ni ridicule ni hideux, mais « Cosi … » perd sa sensualité joyeuse et  sa profonde mélancolie.
EN DEUX MOTS
Les opéras de Mozart ont ceci d’unique : à la seule condition d’être bien  dirigés et chantés, ils peuvent supporter tous les traitements scéniques. Le compositeur est tellement génial, qu’il l’emporte toujours.  Le soir de la première de ce « Cosi … », à travers les ovations qui accueillirent, aux saluts, les chanteurs et le chef, il était palpable que c’est aussi  au compositeur qu’on rendait grâce. 
Et ces applaudissements, plus qu’enthousiastes,  finirent par couvrir les huées qu’une partie de la salle  destina à Anne Teresa de Keersmaeker, dont quoi qu’il en soit , on  attend, avec une impatience  bienveillante, la prochaine création chorégraphique.   
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- « L’œuvre se replie sur l’essentiel : l’humain, le sentiment, l’émotion. C’est le Mozart le plus intime qui s’y exprime, tout en cherchant une perfection formelle absolue ». Philippe Jordan, directeur musical. 2017
- « Heureux celui qui prend toute chose du bon côté, et dans les revers de fortunes et de mésaventures se laisse  guider par la raison». Lorenzo da Ponte, librettiste.1790
RECOMMANDATION : EXCELLENT malgré les réserves émises quant à la mise en scène.

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