Le consommateur grogne contre l’inflation mais refuse d’admettre que son comportement accélère (souvent) la hausse des prix <!-- --> | Atlantico.fr
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Derrière la hausse des prix liée à la guerre en Ukraine se dissimule une autre inflation imputable aux exigences du consommateur.
Derrière la hausse des prix liée à la guerre en Ukraine se dissimule une autre inflation imputable aux exigences du consommateur.
©INA FASSBENDER / AFP

Atlantico Business

Une inflation peut en cacher une autre. Derrière la hausse des prix liée à la guerre en Ukraine ou aux effets de la Covid se dissimule une autre inflation imputable aux exigences du consommateur, dans le domaine de l’écologie et de la souveraineté.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le retour de linflation après vingt ans dabsence dans les pays occidentaux a provoqué la fièvre protestataire chez les électeurs et alimente désormais les courants populistes lors des consultations électorales. En France comme ailleurs. Mais en France et pour la première fois depuis très longtemps, on a dépassé les 3% de hausse des prix, et ça nest sans doute pas fini. Les prévisionnistes sattendent à toucher les 7% en rythme annuel après l’été.

Cette hausse de prix sapplique principalement aux biens alimentaires et sur les carburants, elle touche donc prioritairement et brutalement les catégories les plus modestes. Le gouvernement, qui a bien senti le risque de colère sociale que portait cette vague inflationniste, essaie damortir les effets par des aides très ciblées. Ristourne sur lessence, chèque alimentaire et ajustement du barème de limpôt afin de protéger les contribuables qui ne payaient pas l’impôt sur le revenu et qui se retrouveraient imposables à cause de linflation.

Parallèlement, les chefs dentreprise cherchent à améliorer le pouvoir dachat sans peser sur les coûts de production parce que la majorité dentre eux ne sont pas en capacité daugmenter les salaires. En revanche, ils sont prêts à jouer sur les heures supplémentaires (défiscalisées si possible), sur les primes et sur la libération anticipée des fonds dintéressement et de participation.

Quant aux consommateurs les plus fragiles, ils essaient dorienter leurs achats vers les premiers prix pour ce qui est de lalimentation de base, les marques génériques de la grande distribution. Le même consommateur essaie de moins circuler.

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Mais les moins bien lotis sont comme les autres, ils tentent de se faire plaisir en prenant des congés ( les Week end de printemps ont fait le plein partout en France ), ils préparent également longtemps à lavance les vacances d’été, ce qui n’était pas leur habitude puisque les Français, dans leur grande majorité, se décident au dernier moment. 

Ces changement de comportement ne sont pas surprenants, il traduisent simplement des ajustements à des phénomènes que lon dit conjoncturels, parce que chacun espère quils ne seront pas durables : la guerre en Ukraine, le déséquilibre du marché du pétrole, les contrecoups de la pandémie.  

Le problème est que cette explication, dont beaucoup se contentent, ne correspond pas totalement la réalité.

Premier point. Les hausses actuelles sont dues à la Covid, qui a provoqué une contraction de loffre et donc une raréfaction sur certains produits. Mais elles sont aussi la conséquence de lois et de normes qui ont été édictées depuis 5 ans. Les lois transport, des normes écologiques ( sur les herbicides )  et les accords professionnels agricoles pour sécuriser leurs  revenus de producteurs.

Les grands distributeurs sattendent donc à une deuxième vague de hausses au début de l’été qui tirera lindice des prix aux alentours de 7 % en rythme annuel.

Deuxième point, cette vague dinflation-là en cache peut être une autre, liée justement au comportement du consommateur. Ce consommateur est un acteur pressé mais très concerné par deux révolutions qui démarrent actuellement.

La mutation écologique, dabord qui, de fait, va provoquer des hausses de prix de revient et pendant très longtemps. Dans lagro-alimentaire, cest une évidence. Les produits bio sont vendus entre 10 et 60 % plus cher que des produits de même catégorie mais non bio. Il est évident quon ne pourra pas pousser cette vague écolo sur un public plus large avec de tels prix. Des nouveaux labels vont sortir, la concurrence va se débloquer etc. La grande distribution va travailler, mais quon le veuille ou non, toute amélioration bio au niveau du budget alimentaire coutera de largent.

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Le même phénomène va toucher les produits industriels.  Si tous les outils de la mobilité abandonnent les énergies fossiles ( l’essence ) et passent à l’électricité, ces outils couteront plus cher. Dabord, parce que leur mise au point et la fabrication des batteries vont couter beaucoup plus cher quun outil classique tiré par un moteur thermique La mutation liée aux relocalisations va également peser sur les prix. Si on importe moins pour fabriquer plus sur place, ça coûterait évidemment plus cher. Si on ne peut pas vendre dans les pays émergents, on peut moins amortir les frais de recherche 

Linflation a donc des perspectives d’évolution à très long terme, à moins que la révolution digitale napporte des améliorations de compétitivité beaucoup plus puissantes et rapides que ce quon prévoit. Possible mais compliqué.

Lessentiel de cette inflation de long terme va dépendre du modèle de consommation qui va sortir de la confrontation entre les exigences nouvelles et les possibilités techniques et financières dy faire face. Le monde occidental a traversé 20 années sans inflation, il se prépare peut-être à renouer avec une hausse des prix pour les prochaines 20 années à venir.  

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