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Le bien-être des Palestiniens semble être le dernier des soucis des pays qui soutiennent le Hamas
©Emmanuel DUNAND / AFP

Conflit Israël Gaza

Suite aux accords d’Abraham, nombre de pays arabes sont restés silencieux face au 10 jours d’affrontements entre Israël et le Hamas mais l’Iran, le Qatar et la Turquie ont affiché leur soutien au mouvement terroriste palestinien.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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Atlantico : Lors du récent conflit et du regain de tensions entre Israël et le Hamas, avant le cessez-le-feu, les tirs de roquette se sont intensifiés et la population qui semble subir le plus de ce conflit reste les Gazaouis. Aujourd’hui, le Hamas sert-il une autre cause que celle des Palestiniens ?
Frederic Encel : Il sert d’abord sa propre cause, celle d’un mouvement islamiste radical factieux ayant toujours voulu abattre l’OLP puis son fruit politique principal, l’Autorité palestinienne mise sur pied en 1994 pendant le processus de paix d’Oslo, un processus que ce même Hamas a tout fait pour torpiller ! Les attentats meurtriers de 1994-96 ont largement contribué à casser la confiance des Israéliens dans les pourparlers et à faire échouer le candidat Pères au scrutin crucial de mai 1996 face au candidat... Netanyahou.
Rappelons aussi que le Hamas, émanation de la confrérie fanatique des Ikhwan, les Frères musulmans, a perpétré un putsch à Gaza en juin 2007, non pas contre Israël - qui s’était intégralement retiré du territoire en septembre 2005 - mais bien contre l’Autorité palestinienne...


Cette extrémisation du Hamas bénéficie-t-il à Israël et plus largement à Netanyahou ?

Deux points dans votre question. D’abord je ne crois pas à une « extrémisation » du Hamas qui a toujours joué, depuis sa création en 1988, la politique du pire et dont la charte prévoit explicitement la haine et la destruction des Juifs et non pas seulement d’Israël. Ensuite, je ne pense pas que son attaque balistique récente de l’Etat hébreu bénéficie à Netanyahou car, de toute façon, celui-ci n’a mathématiquement pas la majorité pour bâtir une coalition à la Knesset, sachant que le bilan de ce conflit est par ailleurs mitigé et en aucun cas triomphal. J’ajoute quand même que le premier ministre sortant aurait été bien inspiré de proposer à l’Autorité palestinienne - seule entité politique palestinienne légale et légitime aux yeux de l’ONU (le Hamas est reconnu comme terroriste par les grandes chancelleries) - un plan de paix et, à tout le moins, de relancer des pourparlers sérieux. Refuser de négocier avec le Hamas est une chose, maintenir Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne en état de faiblesse chronique en est une autre, stratégiquement absurde si l’on veut parvenir à la seule solution juste et viable : deux États pour deux peuples. Le prochain gouvernement israélien devrait s’y atteler. 


En ayant promu la lutte armée comme seule voie envisageable, le Hamas va-t-il enfermer les Palestiniens dans un avenir sans alternative que la guerre ? Les soutiens extérieurs du Hamas feront-ils tout pour que cette situation se perpétue ?

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Pour le Hamas (mais cela vaut aussi pour l’extrême droite israélienne) l’état de guerre permanente est une rente tout à la fois idéologique - mobiliser et fédérer dans le monde palestinien et arabo-musulman autour du « combat antisioniste » - et financiere - obtenir de confortables subventions. Naguère l’Iran, aujourd’hui le Qatar et dans une certaine mesure la Turquie, soutiennent le Hamas dont le bien- être de la population semble le dernier des soucis. En définitive, je pense qu’il convient de distinguer nettement la cause palestinienne (celle, légitime, de la revendication d’un vrai processus de paix débouchant sur un État souverain aux côtés d’Israël), d’un Hamas ultra autoritaire et belliqueux l’instrumentalisant à outrance. Israéliens et Palestiniens méritent mieux que des extrémistes.

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