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« Que ce soit Lagarde ou Carstens, la politique du FMI sera la même »
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Du pareil au même

Le Conseil d'Administration du Fonds Monétaire International (FMI) devra choisir entre le Mexicain Agustin Carstens et la Française Christine Lagarde. Leur nationalité aura-t-elle une importance sur leur politique ? Qu'ont-ils promis pour se faire élire ?

Dominique  Carreau

Dominique Carreau

Dominique Carreau est professeur émérite de droit international économique.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le Fonds monétaire international : FMI (Pedone, 2009).

 

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Christine Lagarde a aujourd'hui affirmé qu'elle n'entendait représenter les intérêts d'aucune région du monde en particulier. Mais pour être élue, n'y est-elle pas contrainte ?

Non, je crois que ce qu'elle a dit est exact. Le Directeur Général du FMI, comme les dirigeants d'autres institutions internationales, mais également comme un Président de la République, n'est pas là uniquement pour représenter la majorité qui l'a élu, mais l'ensemble des Etats-membres. Les priorités du FMI, ce n'est pas le directeur qui les choisit : c'est l'actualité qui les dicte.

Avant 2007, le FMI était une petite institution discrète qui ne s'occupait que des pays en voie de développement ne pouvant pas obtenir de crédits ailleurs. Depuis la crise, avec des ressources multipliées par trois, le Fonds s'est vu confier la mission de s'occuper des pays en difficulté, dont les principaux sont des poids légers européens. Mais demain, ses principaux clients seront peut-être la Russie, le Brésil, l'Inde ou la Chine... On ne sait pas.

Le gros problème, avec les Européens, c'est avant tout l'effet boule de neige qui peut se produire en cas de retrait de la zone euro, ce qui n'était pas le cas avec l'Argentine [prise en charge par le FMI dans les années 1990, ndlr].

Comme dans toute campagne, les candidats ne ciblent-ils pas des électorats précis en leur faisant des promesses ?

Pas vraiment. Il ne faut pas oublier que les pourvoyeurs de fonds du FMI sont les Etats riches. Même s'il fonctionne soi disant par consensus, le Fonds est donc contrôlé par les Américains (17% des voix), les Européens (plus de 30%), les Japonais...

Le Directeur Général est entre le marteau des créanciers et l'enclume des débiteurs, et sa marge de manœuvre est très faible. Que le Mexicain Agustin Carstens ou la Française Christine Lagarde l'emporte, il n'y aura aucune différence de politique.

Les grandes puissances, qui détiennent le pouvoir, seront de toute façon plus attentives à la zone euro, dont l'explosion pourrait être bien plus grave que la faillite de Lehman Brothers, qu'à la Mongolie extérieure. La personnalité du Directeur Général, aussi talentueux soit-il, est secondaire par rapport, d'une part, aux décisions politiques du Conseil d'Administration [essentiellement composé des grands Etats] et, d'autre part, au travail de fond mené par les centaines de fonctionnaires qui composent la bureaucratie du FMI. Son rôle relève plus des relations publiques et de l'interface entre tous les acteurs.

La situation est-elle la même pour l'ONU, dont le mandat du Secrétaire Général Ban Ki-Moon vient d'être renouvelé par les Etats-membres ?

La différence, c'est que les membres n'apportent pas d'argent. Mais le Sécrétaire Général reste un grand intermédiaire : pour être (ré)élu, il doit éviter les objections des grands pays, et représente souvent le plus petit dénominateur commun. Le seul qui ait eu une vraie stature politique, Dag Hammarskjöld, est mort dans des circonstances un peu troubles... Au contraire, il est difficile d'associer Ban Ki-Moon à une réalisation particulière.

La plupart des organisations internationales restent donc avant tout inter-étatiques, gérées par les Etats et pour les Etats, avec des dirigeants non-indépendants, contrairement à la Banque Centrale Européenne, par exemple.

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