La science plus forte que les handicaps ? Des cellules souches aux nanotechnologies, les pistes pour rendre la vue aux aveugles<!-- --> | Atlantico.fr
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Les recherches se multiplient pour guérir aveugles et malvoyants.
Les recherches se multiplient pour guérir aveugles et malvoyants.
©Reuters

Mieux que Jésus ...

Quatrième volet de notre série sur la science contre les handicaps. Cellules souches, nanotechnologies, médicaments, chirugie ou électronique : les recherches se multiplient pour guérir aveugles et malvoyants.


« Ils se rendirent à Bethsaïda ; et on amena vers Jésus un aveugle, qu’on le pria de toucher. Il prit l’aveugle par la main et l’emmena hors du village ; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains et lui demanda s’il voyait quelque chose. Il regarda et dit : j’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux ; et quand l’aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement. »

Evangile selon Saint Marc, 22-25.

Guérir la cécité. Un miracle divin parmi les plus célèbres. La science pourrait cependant bientôt y apporter sa réponse. Ou plutôt ses réponses tant sont nombreuses les pistes à l’étude pour soigner les aveugles et les malvoyants, que leur handicap soit le fruit d’un accident, d’une maladie ou d’une dégénérescence.

Les cellules souches, une piste en pleine croissance

L’un des projets les plus révolutionnaires et les plus récents nous vient de Grande-Bretagne. Des chercheurs de l’université de Sheffield ont annoncé au début du mois de décembre fonder beaucoup d’espoir sur des lentilles développées à partir de cellules souches. Directement appliquées sur l’œil, ces dernières permettraient de préserver voir de guérir la cornée, inversant toutes sortes de dégénérescences de celle-ci.

Les lentilles en question se présenteront sous la forme d’une multitude micro-tubes à l’intérieur desquelles les cellules souches proliféreront. Ces dernières devraient ensuite réparer et protéger la cornée de différentes formes d’usures : vieillissement, maladies, lésions suite à une opération chirurgicale de l’œil, infections, faiblesses héréditaires …

Les chercheurs impliqués dans ce projet espèrent trouver grâce à cette bio-technologie une solution alternative aux greffes de la cornée qui se pratiquent déjà. Ces techniques sont, comme pour toutes les greffes, confrontées aux nombreux rejets qui rendent l’opération hasardeuse. La greffe reste pourtant la solution privilégiée par de nombreuses recherches et études dans ce domaine. Depuis le début des années 2000, une vague d’essais ont ainsi permis de greffer, en plus des cornées, des rétines. En 2004, une Américaine de 63 ans qui ne voyait pratiquement plus rien du fait d’une maladie dégénérative a vu sa rétine remplacée par celle d’un fœtus humain. Elle a pu recouvrer partiellement la vue alors que sa maladie était considérée comme incurable.

Les cellules souches, connues pour leur propriétés médicales, sont plus largement prélevées sur des embryons que sur des adultes où elles sont beaucoup plus larges, et sont exploitées pour remplacer celles – malades ou abimées – de patients atteints de diverses maladies. Leur utilisation, qui réclame d’avoir des fœtus à disposition, fait cependant largement débat aujourd’hui pour des raisons de bio éthique. Tant et si bien que des chercheurs vont jusqu’à bouder cette solution au profit d’un projet notamment défendu par le Britannique Robert Aramant, qui espère pouvoir greffer des rétines prélevées sur … des porcs génétiquement modifiés afin d’éviter les rejets.

De la chimie à la nano-chirurgie

La chimie pourrait aussi proposer ses propres solutions. Cet été, le professeur Richard Kramer, de l’université américaine Berkeley, décrivait un processus médicamenteux qui aurait soigné des souris aveugles. Le produit, baptisé AAQ, permet de rendre des facultés de photosensibilité à des rétines malades. Des rongeurs aux hommes, il faudra encore attendre les résultats d’une batterie d’expériences avant d’espérer voir ce traitement prescrit par les ophtalmologistes. Le docteur Russel van Gelder, de l’université de Washington, à Seattle, voit pourtant dans cette découverte une « avancée majeure dans le champs du rétablissement de la vue ».

De l’autre côté de l’Atlantique, des Européens ont trouvé eux une solution électronique pour guérir la cécité. Deux Britanniques ont pu retrouver partiellement la vue au printemps dernier grâce à un implant développé par la société allemande Retina Implant. Cette rétine artificielle, intégrée directement dans l’œil, permet de capter la lumière perçue par l’œil malade et de le transcrire en informations transmises au système nerveux et interprétées par le cerveau. Le patient retrouve ainsi des sensations visuelles sous la forme de variations de contrastes et de perceptions des niveaux d’ombre et de lumière. Robin Millar, l’un des premiers patients à profiter de cette micro-puce de 3mm de côté, s’est émerveillé de pouvoir « rêver en couleur pour la première fois depuis vingt-cinq ans ».

Reste enfin la piste des nanotechnologies. Un peu partout dans le monde, des équipes de chercheurs creusent les possibilités offertes dans ce domaine. En Suisse, c’est la possibilité d’un nano-implant dans la cornée qui est étudiée : intégré directement dans l’œil, il permettrait d’injecter sur des cornées malades des doses infimes de médicaments pour les protéger des agressions et de l’usure. Un outil qui pourrait compléter d’autres traitements destinés notamment à affronter les effets du vieillissement de la cornée. Aux Etats-Unis, d’autres scientifiques s’inspirent des plantes grimpantes pour développer des traitements chirurgicaux. Ils espèrent pouvoir reconstruire une structure de soutien autour du nerf oculaire à partir d’une nano-fibre disposée à la manière d’une simple treille pour faciliter sa reconstruction, naturelle ou aidée par divers traitements.

La décennie écoulée a été marquée par un effort de recherche considérable dans tous les domaines scientifiques. Les découvertes et les avancées réalisées laissent penser que des solutions pourraient rapidement se présenter à moyen terme pour guérir les malvoyants et les aveugles. Reste que parmi les 285 millions de personnes souffrantes de tels maux à travers le monde, la multitude de causes de ces cécités partielles ou totales ne facilite pas la tâche aux médecins. En attendant, l’espoir suscité par les premières guérisons signalées peut continuer de faire vivre ces malades dont, il convient de le rappeler, quatre sur cinq pourraient avoir échappé à leur sort avec un suivi médical ou un diagnostic plus adaptés.

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