La relation franco-allemande ne s’améliorera que si la France reconnait ses propres faiblesses <!-- --> | Atlantico.fr
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Tout a commencé hier soir par un dîner quasi-privé à Postdam. Emmanuel Macron était l’invité d'Olaf Scholz, le chancelier allemand et personne ne sait ce qu’ils se sont réellement dit.
Tout a commencé hier soir par un dîner quasi-privé à Postdam. Emmanuel Macron était l’invité d'Olaf Scholz, le chancelier allemand et personne ne sait ce qu’ils se sont réellement dit.
©John MACDOUGALL / AFP

Atlantico Business

Paris et Berlin se sont donné un mois pour renforcer les bases de leur relation dont dépend finalement l’avenir de l’Europe. La France a beaucoup de reproches à faire à son voisin mais elle devrait commencer par reconnaitre ses propres responsabilités.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Paris et Berlin ont donc décidé de réchauffer leur relation. Tout a commencé hier soir par un dîner quasi-privé à Postdam. Emmanuel Macron était l’invité d'Olaf Scholz, le chancelier allemand et personne ne sait ce quils se sont réellement dit. Dîner priver mais prélude à une série de rendez-vous pour aboutir à une visite d’État que le président fera en Allemagne du 2 au 4 juillet prochain. Cest une première depuis 23 ans et un évènement  qui vise à relancer cette relation, parce que la France comme lAllemagne se sont rendu compte que leur attelage qui domine lunion européenne toute entière était bancale. Cest une évidence que la guerre en Ukraine a souligné avec force , et que la géopolitique impose de réformer si on veut que lutilité de lunion européenne profite à tout le monde  et retrouve sa vocation première à savoir : la sécurité des peuples et leur prospérité partagée.

Les relations personnelles entre les dirigeants peuvent-elle traiter des dossiers que les services techniques et administratifs ne réussissent pas à gérer ? Peut-être quune amitié confirmée peut contribuer à rapprocher  deux pays mais il y a des forces structurelles et politiques qui imposent un inventaire précis et une lucidité forte sur ce que chacun apporte à lautre. Les déclarations damour sont importantes , les preuves le sont encore plus. Même dans la vie diplomatique.

Lattelage entre la France et lAllemagne est bancale parce quen prenant du recul, il est évident que le déficit de coordination déséquilibre le couple et affaiblit son influence.

On sait exactement les dossiers sur lesquels il faudrait travailler : la défense nationale, la politique de l’énergie, les projets de décarbonation des industries, mais aussi des projets communs industriel, la synchronisation des politiques économiques.

On sait aussi à Paris, les avantages que lAllemagne tire de son rôle dans lunion européenne, une industrie forte avec un euro dont la valeur lui permet dexporter facilement dans le reste de lEurope, le bénéfice de pouvoir profiter du parapluie nucléaire de la France et une plus grande maitrise de son modèle sociale, grâce à une culture syndicale qui fabrique des compromis et une politique migratoire beaucoup mieux choisi que dans les pays de lEurope du sud.

Le problème qui perturbe beaucoup la relation avec lAllemagne, cest de penser que les avantages relatifs dont jouissent les Allemands sont indus. La classe politique française ne se gêne pas pour justifier nos difficultés par la surpuissance allemande. Attitude inaudible outre-Rhin bien sûr. 

Les avantages Allemands sont relatifs. Ça nest donc pas en rabotant les atouts des plus forts quon redressera la situation des plus faibles.

LAllemagne et les pays de lEurope du nord profitent de l’Union européenne qui lui offre un marché quasi-captif parce que sa compétitivité est meilleure.   

Mais  en contrepartie, les milieux daffaires européens savent bien quils profitent de la stabilité monétaire de lEurope mais les pouvoirs politiques européens évitent de trop expliquer que cette stabilité est sécurisée par la puissance allemande qui garantit nos dettes. Et notamment la France qui accumulent les déficits sans beaucoup sinquiéter de la façon dont ces déficits sont couverts ou amortis.

Alors au sein de gouvernement français et notamment à Bercy, on sait bien que si lattelage est bancal, ce nest pas parce que lAllemagne est trop forte, cest parce que la France est trop faible.

Et cette faiblesse structurelle tient à deux séries de facteurs que les politiques nosent pas prendre en compte.

Le premier, cest que nous avons des actifs que nous ne monétisons pas assez chèrement. Nos positionnements géographiques atlantiques, notre climat, nos équipements collectifs, notre système de santé, nos grandes écoles, notre énergie, notre parapluie nucléaire etc. LEurope du nord en profite grandement.

Le deuxième facteur concerne nos coût de fonctionnement exorbitants. Nous sommes incapables de les réduire. Notre modèle social et notre machine étatique sont en cause. Entre les depenses sociale et les depenses publiques de fonctionnement, nous avons les deux raisons qui nous mettent en retard et surtout nous mettent en situation de dépendance a l’égard de lAllemagne.  Le déficit budgétaire atteint 7%, lendettement près de 120 % du PIB. Nous sommes en Europe le pays (avec lItalie) le plus lourd et le plus cher à faire fonctionner.

Olaf Scholz ne le dira jamais parce que son rôle nest pas de donner des leçons à ses partenaires, mais si la France reconnaissait quelle a, au niveau de son administration de sérieux handicaps et quelle prenait des mesures pour alléger le poids de ces handicaps, lavenir,  de la vie quotidienne de lUnion européenne en serait plus serein.

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