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A Limoges, le 6 août 2023. Selon la police, le deux-roues a pris la fuite à la vue d’un véhicule qui s’apprêtait à le contrôler.
A Limoges, le 6 août 2023. Selon la police, le deux-roues a pris la fuite à la vue d’un véhicule qui s’apprêtait à le contrôler.
©PASCAL LACHENAUD / AFP

Alerte ironie

Le journal Libération soulève une vraie question : veut-on toujours que la police fasse respecter la loi ?

Michel Villard

Michel Villard

Michel Villard est universitaire. Il écrit sous pseudonyme.

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« La police avait-elle le droit de poursuivre le scooter ? » se demande Libérationà propos de l’affaire de Limoges, où deux jeunes se sont encastrés à pleine vitesse dans une voiture en tentant de fuir un contrôle de police

Le citoyen ordinaire aurait tendance à répondre que oui mais, textes à l’appui, les journalistes de Libération montrent que ce qui peut paraître évident pour le quidam ne l’est plus pour les pouvoirs publics.  

La consigne donnée aux policiers est claire : on ne poursuit que si personne ne risque rien, surtout pas les suspects, accessoirement les passants, et plus accessoirement encore les policiers. Mais où commence le risque ? Il faut décider au cas par cas, répond la hiérarchie policière. En réalité, la règle est plutôt de ne pas poursuivre, sauf exception, quand vraiment il n’y pas d’autre choix, s’il s’agit par exemple d’un tueur en série ou d’un djihadiste du Bataclan ; dans les autres cas, il est préférable de s’abstenir. D’ailleurs, il suffit que le fuyard ne porte pas de casque pour que la poursuite devienne dangereuse, donc on laisse faire. Dans l’affaire de Limoges, les policiers avaient renoncé à interpeller les deux jeunes qui roulaient trop vite.  

Laissez faire, laissez passer : ce qui était la doctrine du libéralisme économique est désormais devenue la règle d’action des policiers.

Est-ce un progrès ? De bons esprits le pensent. Les mêmes bons esprits sont sans doute tentés d’aller plus loin dans la non-action. Après tout, la situation ne serait-elle pas meilleure si la police renonçait tout simplement à faire son travail, c’est-à-dire à ne pas vouloir ennuyer les citoyens ? L’argument se défend : qu’est-ce qui provoque les émeutes urbaines, sinon l’action policière ? N’est-ce pas la répression policière qui, en compliquant la tâche des trafiquants, encourage les règlements de compte ? N’est-ce pas le contrôle des frontières qui cause la mort des migrants ? 

Le message adressé aux policiers est en tout cas de plus en plus limpide : la police n’est pas la solution, elle est le problème. Si les policiers ne l’ont pas compris, c’est qu’ils sont stupides. Ceux qui s’obstinent à vouloir faire leur travail ne doivent surtout pas s’attendre à être félicités. Au besoin, ils iront faire un tour en garde à vue, où on leur fera réviser les leçons de base du policier moderne.

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