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La mystérieuse disparition du général Leclerc de Hautecloque, héros de la France libre
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Bonnes feuilles

Zola a-t-il été assassiné ? Robespierre s'est-il suicidé ? Comment Agnès Sorel a-t-elle trouvé la mort ? Complots, manigances, meurtres... Nombreuses dans l'Histoire sont les morts mystérieuses. Dans cet ouvrage, une quinzaine de cas exemplaires font l'objet d'une enquête inédite dont le récit alerte nous tient en haleine. L'auteur nous transmet ainsi avec pédagogie l'état de la recherche historique sur ces obscurs dossiers dont le mystère défie la raison.Extrait de "Les morts mystérieuses de l'histoire", de Michel Benoit, aux éditions Eyrolles (1/2).

Michel  Benoit

Michel Benoit

Michel Benoit est écrivain, essayiste, historien, auteur de théâtre. Ses  ouvrages historiques ont connu un large succès, entre autres  Saint-Just, Les grands  événements du nivernais, Les mystères du Cher. Son blog, «le blog de Michel Benoit», connaît une importante fréquentation depuis sa création. Il collabore régulièrement au magazine Les grandes affaires de l’Histoire. 

 

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Les hommes du colonel Quénard sont en alerte en ce  28 novembre 1947. Dans une heure au plus, ils auront la visite  en personne du libérateur de Paris et de Strasbourg, le héros de  la France Libre, le général Leclerc de Hautecloque. La population de Béchar attend aussi l’avion avec impatience, malgré un froid tenace, une brume latente et un vent de sable qui souffle à près de 100 km/h. La foule s’est réunie sur la place des Chameaux dès le début de la matinée pour apercevoir le héros de la Libération. Cette visite n’est pourtant pas une promenade de santé, bien que les troupes se réjouissent de la visite de l’ancien « patron de la 2DB». C’est au titre d’inspecteur général des forces terrestres, maritimes et aériennes d’Afrique du Nord que ce dernier s’est mis en marche pour parcourir la revue de plusieurs régiments de Colomb-Béchar à Biskra, où il doit superviser les manœuvres interarmées à Oran. Philippe Leclercs’est embarqué à l’aéroport de Villacoublay avec plusieurs officiers. Parmi eux, les colonels du Garreau de la Méchenie, Fouchet, Clémentinet Fieschi, le capitaine Frichement et le commandant Meyrand, le pilote lieutenant Delluc, le lieutenant Pilleboue et le sous-lieutenant Miron de l’Espinay, le sergent-chef Lamotte et l’adjudant-chef Guillou.

Philippe Leclerc assiste à une prise d’armes avant de rejoindre l’aéroport d’Oran-la-Sénia. La situation est grave en cette fin d’année 1947. La grève générale menace l’économie française et la guerre froide s’installe entre l’Occident et l’URSS. On prétend qu’en France la révolution est proche et peut être déclenchée par les communistes, que seul un coup d’État militaire peut enrayer cette marche vers un changement de régime, impulsé par les Soviétiques. Les manœuvres interarmées d’Afrique du Nord  doivent simuler d’éventuelles attaques durant cette fin d’année et répondre à une menace latente.

À bord de l’avion, un bombardier bimoteur B-25 Mitchell, le pilote, le lieutenant François Delluc, semble confiant, comme à son habitude. Certes, la météo est mauvaise, mais elle est stable !

D’ailleurs, de nombreux témoins ont assisté au départ du général et aucun d’entre eux n’a pu remarquer une volonté de ce dernier de décoller absolument. Et puis le général Leclercn ’a-t-il pas baptisé le bombardier Tailly II en hommage à sa propriété dans la métropole ? La décision de décoller est prise tout naturellement par le pilote, en concertation avec son équipage. Delluc n’est-il pas un pilote chevronné, s’étant sorti de nombreuses situations périlleuses durant la guerre alors qu’il survolait l’Allemagne nazie pour des missions de bombardements ?

Nous l’avons dit, la météo est mauvaise ce matin du 28 novembre, l’arrivée est prévue pour onze heures quarante-cinq, mais est repoussée à plusieurs reprises par le lieutenant Delluc pilotant le bombardier. Ce dernier, pour faire face aux intempéries, a dû réduire sensiblement sa vitesse. Il n’a pas pu suivre le plan de vol qui prévoyait un vol à l’altitude de deux mille cinq cents mètres. Il évolue à présent à très basse altitude, survolant la voie ferrée qui mène à Colomb-Béchar et pense faire une percée de la couche nuageuse. Il est midi cinq quand il envoie son dernier message :

« Tout va bien à bord, nous sommes à dix minutes du terrain. »

Il est maintenant midi trente et à Béchar on est sans nouvelles de l’équipage militaire en provenance d’Oran-la-Sénia. Inquiet, le colonel Quénard, commandant la région et présidant le comité d’accueil, envoie un peloton de légionnaires au-devant de l’avion en direction du nord de la région. Les militaires vont alors suivre les rails de la voie ferrée. Après avoir parcouru quelques kilomètres, ces derniers aperçoivent une masse informe sur le sol. Aucun doute, l’avion qui devait évoluer à basse vitesse a dû percuter le remblai du chemin de fer. L’épave calcinée de l’avion est totalement disloquée et encore fumante. Les agents de Ménabha, station fortifiée et frontalière entre l’Algérie et le Maroc, ont assisté à la scène. Ils ont vu l’appareil voler à très basse altitude. Peut-être a-t-il heurté de son aile droite le monticule se dressant sur le côté de la voie... Il a dû frapper de plein fouet à gauche le ballast du chemin de fer, haut de trois mètres du sol, et s’enfoncer dans le sol, arrachant les rails du chemin de fer et exploser. C’est et ce sera la version officielle qui sera retenue jusqu’à ce jour.

Pourtant, un autre témoignage vient contredire cette version : un employé du chemin de fer, témoin de l’accident, déclara aux enquêteurs que l’avion n’avait pas explosé, comme on avait pu le dire, en touchant le sol après le choc frontal. Il prétendit qu’il avait vu « une grande lueur blanche qui ressemblait à un soleil» et que l’avion avait explosé alors qu’il était encore en l’air...

Évidemment, ce témoignage, s’il avait été considéré par les hommes menant l’enquête, aurait remis en cause le premier et on aurait pu en déduire que le bombardier avait été la victime d’un attentat.

Extrait de "Les morts mystérieuses de l'histoire"de Michel Benoit, publié aux éditions Eyrolles Pour acheter ce livre, cliquez ici

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