La maîtrise de soi, ça s’apprend à tout âge (et ça commence avec le test du chamallow)<!-- --> | Atlantico.fr
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Le test du chamallow permet d'apprendre la maîtrise de soi.
Le test du chamallow permet d'apprendre la maîtrise de soi.
©Flickr

Résiste, prouve que tu existes

En 1976, le psychologue Walter Mischel a conduit une étude sur la gratification différée baptisée "le test du marshmallow", qui consiste à offrir une guimauve à plusieurs enfants. Si l'enfant résistait à l'envie de manger la guimauve tout de suite, il en obtenait deux autres après un quart d'heure en guise de récompense.

Dans l'inconscient collectif, contrôler ses émotions peut aider à son propre épanouissement personnel ou professionnel. L'étude de Walter Miscel, qui a été effectuée plus de 400 fois, le prouve. Les scientifiques ont démontré que lors de l'expérience du Marshmallow, les enfants qui font preuve de plus de raisonnement face à la tentation, sont davantage susceptibles de connaître cet épanouissement. 

Une analyse que partagent les auteurs de l'étude, qui pensent que la maîtrise de soi garantit plus de succès dans la vie. A l'inverse, les enfants peu patients auraient plus de chance d'avoir des problèmes de comportement, de consommer davantage de drogue ou d'alcool et d'avoir de moins bons résultats dans leur vie professionnelle. De plus, les enfants peu patients seraient davantage susceptibles d'avoir grandi dans une famille "pauvre" alors que les autres seraient issus d'un milieu aisé, donc mieux éduqués.

Marshmallow test Atlantico

Une théorie à laquelle n'adhère pas du tout Celeste Kidd, doctorant à l'Université Rochester : "il y a une idée fausse très répandue au sujet de ces études, qui est que l’attente du deuxième marshmallow est toujours la bonne chose à faire. En fait, il y a beaucoup de situations dans lesquelles l’attente est une mauvaise idée. Si vous êtes septique quant au deuxième marshmallow ou si vous pensez qu’il y a un risque que votre première guimauve vous soit enlevée, vous devriez profiter tout de suite de la plus petite récompense".

Pour d'autres experts, "Ce test s’est avéré de très bonne prédiction dans la maîtrise des comportements futurs. Ces enfants ont été suivis durant toute leur jeunesse et ceux qui avaient pu résister à la tentation avaient de meilleurs résultats scolaires et moins de problèmes de comportements. Si l’intelligence est importante à l’école, elle semble l’être moins que la maîtrise de soi", estime Marie Andersen, psychologue et psychothérapeute dans son livre "L'art de se gâcher la vie".

Marshmallow test Atlantico

"L'homme chamallow", Walter Miscel, âgé de 84 ans, n'adhère plus à 100% à cette théorie cependant. Les enfants qui ont été cobayes pour son étude en 1976, entrent désormais dans leur cinquantaine, ce qui a permis au psychologue de prendre du recul et d'ajouter une piste manquante à sa première étude. Son premier livre non-académique, "Le test du marshmallow. Maîtriser la maîtrise de soi", qui sera publié prochainement, prouve que son avis a évolué sur la question.

"Que vous mangiez la guimauve à l'âge de 5 ans n'est pas une fatalité en soi", estime-t-il. En effet, d'après le psychologue, la maîtrise de soi peut être enseignée, même à l'âge adulte. Les parents peuvent l'apprendre pour faire face aux questions quotidiennes de la vie moderne de la classe moyenne : comment se coucher plus tôt, ne pas vérifier ses mails de manière obsessionnelle, arrêter de crier sur ses enfants, ou manger plus sainement.

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Une analyse que partage Marie Andersen : "Repousser la satisfaction d’un désir, parce qu’on a compris qu’une satisfaction plus grande en résultera n’est pas naturel. C’est une frustration. Il faut apprendre à s’y contraindre. Ce n’est pas une simple question de volonté, c’est le produit d’une éducation, à laquelle il n’est jamais trop tard de s’atteler, ni de l’introduire dans la formation de nos enfants, qui baignent dans une ère du plaisir immédiat."

Pour Walter Miscel, tout est une question de distraction et de distanciation. Par exemple, à la vue d'une corbeille de pain appétissante, il suffit de l'enlever de la table. Dans des moments de détresse, il suffit d'imaginer ce que quelqu'un d'autre ferait à notre place. Quand un serveur nous propose une mousse au chocolat, il suffit d'imaginer qu'un cafard s'y est installé. "Si vous modifiez la façon dont vous voyez les choses, au fur et à mesure, ce que vous ressentez ou faites va changer", estime-t-il.

Dans son analyse, le psychologue explique qu'il y a deux parties belligérantes du cerveau : une partie chaude exigeant une gratification immédiate et une partie plus froide axée sur le but final. Le secret de la maîtrise de soi, dit-il, est de former la partie la plus froide à fonctionner comme la première.

Pour ce faire, l'homme propose quelques astuces auxquelles penser au quotidien : "aujourd'hui, je ne vais pas vérifier mes mails avant midi" ou "si je suis en colère, je vais compter à rebours de 10". Répétée plusieurs fois, cette méthode donne au moins le temps de prendre un peu de recul et de voir les options qui s'offrent à nous. La question n'est pas de ne plus jamais manger de mousse au chocolat selon lui. C'est d'être en mesure de réaliser ses objectifs à long terme.

"Nous n'avons pas besoin d'être victimes de nos émotions", explique-t-il. "Nous avons un cortex préfrontal qui nous permet d'évaluer si oui ou non nous aimons les émotions qui nous exécutent." C'est plus difficile pour les enfants exposés à un stress chronique, parce que leur système limbique va mettre les bouchées doubles. Mais si leur environnement change, leurs capacités de maîtrise de soi peuvent s'améliorer.

marshmallow test atlantico

"Être capable d'attendre pour recevoir ce que l'on désire permet d'avoir des plans, de mettre en place des stratégies en fonction de nos objectifs, un gage certain de réussite. Vivre dans le tout, tout de suite est une manifestation très infantile qui ne permet pas d'anticiper sa vie, donc de la réussir. C'est sûr que la maîtrise de soi sans objectifs risque de n'être qu'un effort sur soi-même, une façon de contrôler ses désirs, mais ne permet pas bien d'avancer.", selon France Brecard, psychopraticienne et formateur en Analyse Transactionnelle. 

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