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 La guerre des étoiles nous pend-elle au nez ?
©©Flickr

Star Wars

C’est la question qui se pose notamment suite à la détection d’un test de missile anti-satellites par les Russes

Jean-Luc Lefebvre

Ancien officier de l'armée de l'air devenu chercheur en stratégie, Jean-Luc Lefebvre est un spécialiste des questions spatiales. 

Il est l'auteur du livre « Stratégie spatiale » publié par Iste Éditions https://www.istegroup.com/fr/produit/strategie-spatiale-2/

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Dans le cadre d’un essai, la Russie a tiré un missile sur l’un de ses satellites générant ainsi un champ de débris orbitaux. Les Etats-Unis ont dénoncé un acte « dangereux et irresponsable » et ces débris ont forcé les astronautes de l'ISS à se mettre à l'abri. La destruction de satellites constitue-t-elle une menace dans l’espace ? Les États se coordonnent-ils entre eux lors de ces essais ? 

Jean-Luc Lefebvre: La Russie en terme de droit est autorisé à détruire un satellite qui lui appartient comme vous avez le droit de mettre le feu à votre maison… Il faut nuancer le terme menace dans le cas russe. Lorsque la Russie amasse des chars à sa frontière, c’est une menace pour le pays limitrophe. En détruisant un satellite, on créé des débris qui eux sont un danger. Ils peuvent entrer en collision avec d’autres satellites, la station spatiale internationale ou un lanceur en train de mettre la satellite en orbite. C’est donc un danger supplémentaire dans l’espace.

Les États ne se coordonnent pas entre eux lors de tels essais. Il s’agit d’une démonstration de force et d’intimidation. Avant la Russie, durant la Guerre Froide, les Soviétiques et les Américains démontraient leur capacités de destruction des satellites en orbite. Comme ils avaient besoin de l’espace, ils se sont rendus compte qu’il ne fallait pas faire ça et il y a eu un statu-quo qui a mené à un respect mutuel pour empêcher la destruction de satellites. 

Plus récemment, au début du 21eme siècle, la Chine a démontré sa capacité à détruire des satellites en orbite en détruisant l’un de ses satellites avec un missile depuis le sol. L’Inde l’a démontré aussi il y a quelques années. Aujourd’hui, la Russie démontre qu’elle est toujours capable de faire ça ou qu’elle en a retrouvé la capacité. C’est aussi un avertissement aux États-Unis et indirectement aux Chinois en leur disant que le pays est toujours capable d’interdire certaines orbites.

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Si l’on fait un parallèle marin, les débris spatiaux s’apparentent à des mines flottantes. Si l’on veut interdire une partie de la navigation dans une mer on installe des mines flottantes. La zone devient alors un endroit où les bateaux sont en danger. En détruisant un satellite d’observation dans une orbite basse on peut rendre dangereux l’utilisation de ceux-ci dans certains orbites. 

À partir du moment où ces technologies anti satellites sont sur la table les rapports de forces changent-ils dans l’espace ? 

Les États évitent de jouer avec le feu à ce propos. La destruction massive de satellites pour les transformer en débris est une arme que peu voudraient utiliser. Transformer tous les satellites en débris dans une zone orbitale donnée entrainerait une réaction en chaîne. Les débris pourraient créer d’autres débris et ainsi de suite. C’est le syndrome de Kessler. À partir du moment où un certain seuil est atteint, statistiquement le nombre de débris va augmenter et l’orbite sera impraticable. 

Si une puissance s’amuse à détruire plusieurs satellites, cela peut interdire durablement toute une classe d’orbite. Si c’est des orbites basses, cela peut être une dizaine d’années d’interdiction et si c’est une orbite haute, c’est quasiment éternel. 

Pour les États, entraîner un conflit à ce propos serait contreproductif car ils n’ont pas intérêt à se priver des services des satellites. 

Alors que l’espace est sensé être un bien commun, de nombreuses délégations à l’ONU, un groupe de diplomates du Royaume-Uni a proposé que les Nations unies mettent en place un groupe chargé d'élaborer de nouvelles normes de comportement international dans l'espace, dans le but de prévenir le genre de malentendus qui pourraient mener à la guerre. Est-ce possible ? 

Il y a déjà un groupe de l’ONU qui s’occupe des questions extra-atmosphérique, il s’agit du COPUOS (Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique). 

L’espace n’est pas une cause de tensions entre les États, c’est le fait qu’il y ait des tensions entre les États qui pose problème et cela se mesure dans tous les domaines d’affrontements terrestre, maritime, aérien et aussi dans le domaine spatial. 

Une guerre ayant pour théâtre l'espace serait-elle possible ?

Bien sûr. Si deux pays sont en guerre, au sens juridique du terme, les militaires sont en droit de prendre pour cible et de détruire tous les matériels militaires de l’adversaire. Les satellites militaires sont des cibles potentielles. 

Aujourd’hui, pour savoir qui détruit un satellite, il faut avoir les capacités nécessaires et il n’y a pas des dizaines de puissance qui ont les capacités de cela. Il y a les États-Unis, la Chine, la Russie, peut-être l’Inde et l’Europe en se coordonnant entre les moyens français, allemands et britanniques. On a une petite capacité de savoir qui a frappé… 

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