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La France prisonnière d'une classe politique obsédée par 2017
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Bonnet d'âne

La France est toujours le mauvais élève de l'Europe, la preuve avec cette nouvelle hausse du chômage en février. La raison est simple : les partis ont déjà la tête à la prochaine élection présidentielle.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La nouvelle hausse du chômage en février a déçu les frêles espoirs de ceux qui croyaient que la légère détente sur le front de l’emploi en janvier allait permettre à la France de rejoindre le peloton de nos partenaires qui remontent la pente. Une fois de plus, « l’exception française » fait sentir ses ravages, en marquant une différence qui conduit notre pays à continuer de prendre du retard. Alors que la reprise est en marche sur le vieux continent, dans le sillage des Etats-Unis, l’économie française reste poussive, sans parvenir à exorciser ses démons traditionnels. Elle continue de détruire des emplois : 74 000 ont été perdus l’an dernier dans le secteur marchand, car l’industrie continue de se contracter, rendant illusoire la possibilité d’un rebond faute de capacité suffisante. Elle fait toujours la part belle au secteur public.

Le nombre de fonctionnaires s’accroît face au privé et les besoins de sécurité pour lutter contre le terrorisme conduisent à renforcer les effectifs militaires et le budget de la défense. On ne constate aucun reflux de la dépense publique, contrairement aux annonces officielles, puisque celle-ci a atteint l’an dernier 57,2% du produit intérieur brut, contre 57% en 2013. On note seulement un infléchissement  dans la progression. Au demeurant la dette publique n’a fléchi que d’un petit dizième de point en 2014 par rapport à l’année précédente et le ministre des finances se gargarise en prévoyant qu’elle descendra à 3,8% cette année, un objectif qui avait déjà été fixé l’an dernier avant d’être revu à la hausse en décembre  pour faire croire à l’opinion que le gouvernement avait marqué des points. Et le président de la commission des finances Gilles Carrez souligne l’hypocrisie des propos officiels, en prenant le pari que l’endettement de l’Etat atteindra cent pour cent du PIB au moment de l’élection présidentielle de 2017 contre 95% présentement.

On comprend dès lors l’exaspération de l’opinion publique, conduite à regarder passer le train de la reprise chez nos voisins, alors que les partis continuent de s’invectiver chez nous au nom  de grands principes aux contours souvent flous lorsqu’ils ne  sont pas vides de sens à l’occasion de la campagne électorale des départementales. Le Front National est devenu l’alpha et l’omega des discours politiques exaltant les valeurs républicaines, alors que le droit à l’emploi devrait être la priorité d’un pays qui continue de cultiver un chômage de masse qui atteint dix pour cent de la population active contre 4,5% en Allemagne.  

La France reste l’arme au pied. Les initiatives sont pour les autres. Manuel Valls ne cesse de parler des réformes à venir, mais pour Gilles Carrez, la loi Macron n’est qu’un paravent, un alibi pour maintenir un statu quo, et justifier l’immobilisme de François Hollande dont tous les efforts se concentrent désormais sur la reconstitution d’une majorité pour préparer l’élection de 2017. L'opposition n’est pas mieux lotie : la guerre des chefs incite les prétendants éventuels à retarder le plus tard possible les projets de réforme pour ne pas se démasquer vis-à-vis de leurs concurrents à l’intérieur de leurs formations politiques.

Du côté des patrons, l’heure n’est pas non plus à la prise de risques. La hausse des salaires continue d’être privilégiée pour avoir la  paix sociale. Les marges ne se reconstituent guère, malgré les avantages provoqués par la baisse du pétrole et de l’euro. L'investissement reste en panne, tout comme les embauches d’autant que les obstacles qui les entourent  ne sont toujours pas levés et représentent un lourd handicap. Bref, on attend toujours l’étincelle qui fera bouger le pays.

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