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Des bustes de Marianne lors d'une exposition.
Des bustes de Marianne lors d'une exposition.
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Réveil français

Il est temps que la droite retrouve son âme, celle d’une France qui n’est belle que lorsqu’elle chante la liberté.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Bernard Carayon est ancien député du Tarn, maire (LR) de Lavaur, Avocat au barreau de Paris. 

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Depuis deux siècles, la France incarne dans le monde l’idéal de liberté : un projet civilisationnel, né avec la Déclaration de 1789, épanoui avec la Déclaration Universelle de 1948 écrite par un Français, René Cassin.

Notre histoire n’est toutefois pas exempte de contradictions. Car la Révolution a porté en gésine les massacres de la Terreur et le génocide du peuple vendéen. Elle a été la référence de la barbarie communiste et de ses cent millions de pauvres victimes, sans visages ni stèles. Plus tard, sous la IIIème République, Dreyfus est condamné, envoyé au bagne, les congrégations religieuses expulsées de notre pays au lendemain de la loi de Séparation. C’est la Chambre du Front populaire qui vote les pleins pouvoirs à Pétain, ce sont les droits de la défense que l’on malmène au préjudice des séditieux de l’Algérie française.

Mais que la liberté relève, chez nous, de l’ADN ou de l’incantation hypocrite, la France demeure, au regard du monde, le pays des hommes francs.

La « dispute » politique fut longtemps un art français, un duel avec ses règles. Barrès et Jaurès n’ont cessé de se combattre, mais l’écrivain nationaliste fut le premier à se recueillir devant la dépouille de Jaurès, assassiné. Mauriac sollicita du Général sa grâce pour Brasillach. Il y a une trentaine d’années seulement, le dialogue sur le mythe d’Antigone entre deux hommes que tout opposait, Pierre Boutang et George Steiner, révélait ce qu’est l’excellence française : l’affrontement dans le respect chevaleresque.

De cet héritage, il ne reste pas grand-chose aujourd’hui. Des divertissements télévisuels où chacun rivalise de vulgarités et d’inculture, des anathèmes, des excommunications définitives prononcées par les apôtres de l’inclusion. Il y a peu, le ministre de la Culture faisait planer une menace sur l’avenir d’un groupe de médias. Il y a quelques années, la conférence de la philosophe Sylviane Agacinski à l’Université de Bordeaux était annulée en raison de ses positions sur la GPA et la PMA. Un professeur, à Sciences-Po Grenoble, accusé d’islamophobie (un concept créé par Khomeini pour tétaniser toute critique) était suspendu par une administration indigne ; Mila, une lycéenne de seize ans était menacée de mort pour avoir critiqué l’Islam. Dans les Universités, les meilleures comme la Sorbonne, les plus médiocres comme celle de Vincennes, l’extrême-gauche, dans le silence du ministre de tutelle, fait régner la terreur. Ce n’est pas une conservatrice, mais une femme de gauche, Élisabeth Badinter, qui dénonce la montée de la censure, la naissance d’un nouveau racisme bafouant l’universalisme républicain. On veut déboulonner Colbert qui, entre autres, fut l’architecte d’une géniale politique industrielle, mais pas Sartre qui fit jouer ses pièces dans le Paris de l’Occupation, devant un parterre d’officiers nazis. C’est l’islamiste Marwan Muhammad qui fait scander « Allah Akhbar » pendant la « marche contre l’islamophobie », à deux pas d’un Bataclan martyrisé. C’est Mélenchon qui soutient des dictatures sanglantes à Cuba et au Venezuela, cautionne la haine de la police, cultive l’alliance avec les Barbus, mais qu’on traite, avec le respect dû au tribun, comme un politique parfaitement intégré à l’arc démocratique. Un quotidien fait l’éloge durant des années de la pédophilie, un autre de la « libération » du Cambodge par les Khmers rouges, Cohn-Bendit relate avec gourmandise les caresses d’enfants qu’il accueillait dans sa vie de pédagogue ? Aucune importance. La gauche, qui n’a jamais eu d’ennemi à gauche depuis Jules Moch, trouva du charme au « franciscain de Jarnac »[1] et traita de « fasciste » le général qui libéra la France.

La droite s’est longtemps soumise à l’histoire racontée par la gauche et à ses mots, eux-mêmes - exclusion, phobie, sans-papier, progressisme, vivre ensemble -, oubliant que « les mots sont des pistolets chargés[2] » : la peur de ne pas paraître assez à gauche est sa maladie honteuse.

À quelques exceptions notoires près, celles de Raymond Aron et de Jules Monnerot, elle a refusé durant la guerre froide d’engager le combat intellectuel contre le marxisme et ses avatars qui ont nourri tant de belles carrières dans le journalisme, l’Université, la Justice et la politique.

En n’osant pas porter le fer contre le mal absolu en politique – le totalitarisme – elle s’est soumise à ceux qui avaient trahi l’idéal français de la liberté. Elle aurait pu cultiver l’insolence des Hussards, l’humanisme guerrier et le rire ravageur de Tillinac, la force épique de nos barons de la Résistance, le bon sens d’un Pompidou lettré, mais non, elle est restée sur le banc de touche, indifférente aux combats du siècle, idéologiques par excellence.

Mais les temps changent. Des hommes et des femmes courageux, journalistes, élus, hauts fonctionnaires se préparent au réveil français. Les jeunes qui s’engagent se débarrassent des tabous et des totems de mai 68. Ce n’est pas leur faire injure que de les inviter à lire un bretteur de l’autre camp, Gramsci : « je hais l’indifférence. L’indifférence, c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. Je hais les indifférents ».

Alors que notre cher et vieux pays cède devant les assauts de l’intolérance, de l’inculture et de la vulgarité, il est temps que la droite retrouve son âme, celle d’une France qui n’est belle que lorsqu’elle chante la liberté.

Bernard CARAYON

Ancien député du Tarn,

Maire (LR) de Lavaur

Avocat au barreau de Paris

Blog : bernardcarayon.fr



[1] François Mitterrand reçut de Pétain la Francisque, décoration du régime de Vichy.

[2] Brice Parain.

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