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La crise du Covid-19 pour les nuls ou pour comprendre que Christine Lagarde n'annoncera ni plan de relance, ni la fin du monde
©JOHN THYS / AFP

Atlantico Business

Une partie de l’opinion publique est en train de se convaincre que la crise du coronavirus est d’une gravité telle qu’elle nous rapprocherait de la fin du monde ou presque. On en est très loin. La crise sanitaire est grave certes mais les effets sont gérables et gérés.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout le discours que va développer Christine Lagarde aujourd’hui va avoir pour but de démontrer que la crise est certes grave, mais que cette crise n’annonce pas pour autant la fin du monde. Elle est gérable. Le problème, c’est qu’il va falloir la gérer. Et ne pas se tromper de crise. La crise est d’abord sanitaire. Avant d’être financière et économique

La crise du coronavirus que nous traversons est évidemment très grave. Plus grave qu’une grippe banale. Sa propagation est beaucoup plus rapide, plus violente et la probabilité de mortalité est deux fois plus forte. Ce virus ne connaît pas les frontières, on n’a toujours pas de médicaments ou de vaccin et la seule solution pour éviter le mal est de s’en protéger en freinant toutes les opportunités de contamination. D’où les gestes qui protègent, se laver les mains, à répéter à longueur de journée, d’où les confinements plus ou moins élargis. Il n’y a pas d’autres solutions. En attendant les traitements ou les vaccins.

Toute la difficulté étant de pratiquer ce confinement sans trop arrêter l’activité sociale et économique. La Chine a pris (avec un mois de retard) la décision de fermer un bassin de population de 50 millions d’habitants et la Chine a semble-t-il réussi à contenir la progression du virus. Le nombre de nouveaux cas ralentit sur son territoire.

L‘Italie a pris une décision identique sur l’ensemble de son territoire mais ça va être beaucoup plus compliqué à appliquer.

En attendant, l’activité économique est plombée et on prend le risque d’ajouter à la crise sanitaire une crise économique et sociale mondiale. Les marchés financiers s’écroulent et les entreprises commencent à tomber comme des mouches. Le prix du pétrole s’effondre, les banques centrales tournent en rond et les gouvernements s’évertuent à consolider leurs systèmes de santé respectifs en espérant qu‘ils tiennent le coup.

Donc l’équation est quand même compliquée et particulièrement anxiogène dans la mesure où le nombre d’inconnues obstrue la capacité de compréhension.

Cette équation n’est pourtant pas celle qui annonce l’apocalypse ou la fin du monde. Le monde en a vu d’autres et l’intelligence humaine a beaucoup de ressources pour sortir du labyrinthe, même si dans l’histoire, cette intelligence humaine n’a pas toujours été utilisée pour faire le bien du plus grand nombre.

Tout s’explique, même si tout n’est pas gérable dans l’immédiat.

Le cœur du réacteur est très simple : nous sommes face à une crise sanitaire qui est partie de Chine et qui a bloqué la machine économique chinoise. Mais parce que la Chine est un acteur majeur de la mondialisation, le virus s’est propagé très vite sur l’ensemble de la planète et tout le système économique mondial s’est retrouvé en risque de récession.

Avec un risque de crise financière systémique, provoquant un risque de crise économique et sociale.

Le phénomène est d’autant plus grave qu’il s’est propagé sur un terrain globalement fragile. L’économie mondiale était en phase de bas de cycle, c’était notamment vrai en Europe. Avec les agents économiques qui sont tous très endettés. Les Etats, les entreprises et les ménages. Le monde entier s’est endetté grâce aux facilités de liquidités à taux très bas octroyés par les banques centrales pour sortir de la crise précédente de 2008.

Ajoutons à cela que les marchés d’actions étaient très élevés avec des entreprises très chères sur lesquelles tout le monde pressentait la nécessité d’une purge.

C’est sur ce terrain fragile que le coronavirus s’est mis à galoper en générant deux phénomènes anxiogènes.

Un : le virus - ou bien les mesures prises pour enrayer sa propagation - ont bloqué l‘activité économique. 

Deux : tout le monde sent bien que cette crise va nécessiter des mutations structurelles qui changeront beaucoup d’habitudes.

Ajoutons, sujet d’inquiétude supplémentaire, que le coronavirus n’a pas encore touché l’Amérique, mais qu’on ne voit pas pourquoi les USA seraient épargnés. Or, l’Amérique reste la locomotive de l’économie mondiale.

Tous les ingrédients d’une crise financière, économique et sociale sont donc réunis, un peu comme en 2008. Avec une grande différence sur laquelle Christine Lagarde, la présidente de la BCE, va beaucoup insister.

La crise de 2008 est née d’une crise de confiance dans le système financier mondial et notamment dans les banques. Personne n’avait plus confiance dans les banques. 

La crise d’aujourd’hui est née d’une crise de confiance dans les systèmes de santé. On ne peut pas avoir confiance dans la capacité des Chinois à gérer un système de santé capable de protéger sa population d’une épidémie. On ne peut même pas avoir confiance dans leur capacité à garantir des conditions d’hygiène minimales sur leur territoire. Mais cette méfiance ou défiance existe aussi à l’égard de nombreux pays dans le monde et même à l’égard de l’Italie où on sait maintenant que le système de santé est défaillant.

A partir de ce diagnostic, la marche à suivre est claire : l’urgence est sanitaire. Il s’agit de restaurer le rapport de confiance avec les systèmes de santé, c’est à dire arrêter la progression du virus et trouver en urgence des traitements et des vaccins. Tout ce qui pourra être fait pour arrêter l’épidémie sera couteux à cout terme mais bénéfique à long terme.

Dans un deuxième temps, il sera toujours temps d’amortir le choc financier, économique et social. Les pays occidentaux ont évidemment besoin d’aides financières ponctuelles pour soutenir ou béquiller des entreprises, besoin de flexibilités. Mais nul besoin d’un immense plan de relance ou de soutien dont l’intérêt ne serait que politique.

Mieux vaudrait un plan mondial en faveur de la santé, des systèmes de santé et des équipements d’hygiène. Mais ça n’est pas du ressort de Mme Lagarde. En revanche, ça pourrait l’être de l’Union européenne ou du G20. Dont l’absence apparaît de plus en plus coupable.

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