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La chute des coûts rend désormais l’éolien compétitif. Sauf qu’on ne sait toujours pas stocker l’électricité
©TOBIAS SCHWARZ / AFP

Mistral perdant

L’Agence internationale de l’énergie a publié une étude expliquant que l’énergie éolienne en mer pourrait alimenter, dans 10 ans, le monde entier en électricité. L’Agence explique aussi que le coût moyen de l’énergie produite par cette technique baissera de 40 % d’ici à 2030.

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé est un expert sur les questions énergétiques. Il est l'auteur de "Guerre de l’Energie au cœur du nouveau conflit mondial" (2023), "Nucléaire : les vérités cachées" (2021) et "Eoliennes : la face noire de la transition écologique" (2019), publiés aux éditions du Rocher.

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Atlantico : L’éolien en mer est-il véritablement efficace ? Peut-il pallier les inconvénients des énergies fossiles ?

Fabien Bouglé : Ce n’est pas la première fois que des autorités ou des lobbys proches des promoteurs éoliens vantent le potentiel selon eux « illimité » des éoliennes en mer. C’est presque devenu une arlésienne ces dernières années et cela s’intègre dans la communication toujours exagérée des industriels éoliens. En ce sens l’information de l’AIE n’est pas inédite et est réitérée dans un contexte particulier de recul important des installations d’éoliennes en Europe (-33 % d’installations en un an) et dans le monde. Elle intervient également au moment où l’éolien comme solution parfaite pour « sauver la planète » est largement remis en cause. 

Il est intéressant de noter que les éoliennes en mer au large de l’Allemagne ont un facteur de charge* moyen de 39 % soit le double des éoliennes terrestres. Ce chiffre reste faible parce que, lorsque les éoliennes en mer ne produisent pas d’électricité, le réseau électrique doit être alimenté par des usines fonctionnant aux sources d’énergies fossiles particulièrement émettrices de gaz à effet de serre comme le charbon. Il n’est pas surprenant que ce soient les entreprises d’électricité au gaz comme ENGIE ou au pétrole comme Total qui développent les éoliennes dans la mesure où cette source d’électricité permet de développer leur métier de base. L’éolien ne pourra pas remplacer l’électricité d’origine fossile dans la mesure où ces deux sources d’électricité sont nécessairement couplées. Plus on développe l’éolien, plus on utilise de l’énergie d’origine fossile émettrice de gaz à effet de serre. C’est le paradoxe des éoliennes.

(*Facteur de charge : rapport entre l’électricité produite en un an et la capacité maximale de production théorique sur la même période.)

L’éolien en mer a-t-il un impact écologique ? Sur la biodiversité, les fonds marins ?

À un double titre l’éolien en mer est particulièrement polluant. Pour concevoir les rotors des éoliennes en mer il faut nécessairement un minimum d’une tonne de terres rares en raison en particulier du milieu marin. Cela est documenté par le ministère de l’Écologie et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). L’extraction de ces terres rares crée des dommages environnementaux irréversibles et conduit à la leucémie de nombreux riverains des mines quand ce ne sont pas les enfants qui travaillent dans les usines pour raffiner ces minerais. En outre, les fibres de carbone des pales sont non recyclables. 

Par ailleurs, les impacts écologiques sont très importants : échouages de baleines à cause des infrasons, destruction du monde marin, atteinte aux oiseaux dont un grand nombre d’espèces protégées, bétonnage massif des fonds marin, etc. Les dommages environnementaux sont considérables. Pour prétendument sauver la planète, on détruit la planète. Par ailleurs, les éoliennes en mer ont exactement les mêmes impacts que les éoliennes sur terre. 

Des pays comme la France ou la Grande-Bretagne n’ont pas les mêmes politiques concernant les éoliennes offshore. Quelles sont les différences entre l’éolien en haute mer et l’éolien côtier ? Qui pollue le plus ? 

Il existe effectivement différents types d’éoliennes en mer. En France les projets dans les cartons sont côtiers dans la mesure où elles seraient installées au bord du littoral (environ 15 km). Certaines centrales éoliennes de Grande-Bretagne sont véritablement offshore, installées à 80 km des côtes. Ce sont des éoliennes plantées, c’est-à-dire qu’elles ont un impact très fort en termes environnementaux avec une dégradation très importante des fonds marins. Les éoliennes à plus de 40 km des côtes présentent l’avantage de ne pas être visibles des côtes et de ne pas impacter la pêche traditionnelle. Ce n’est pas le cas des projets en France qui sont susceptibles de nuire très fortement au monde de la pêche très durement touché et au tourisme compte tenu de leur mauvaise réputation. Ces projets constituent une erreur politique majeure, ce sont en réalité des éoliennes terrestres plantées au bord du littoral. Les éoliennes flottantes actuellement au stade de l’expérimentation présentent l’avantage d’être moins impactantes sur les fonds marins et de pouvoir être installées loin des côtes, mais les principaux défauts des éoliennes perdurent.

La France est en quelque sorte en avance sur l’éolien en mer par rapport aux autres pays européens. En retardant ces installations, elle a évité de participer au gâchis de cette forme de fabrication d’électricité qui reste marginale et qui ne pourra jamais être une électricité fiable permettant le développement industriel de notre pays. En ce sens c’est une véritable chance pour notre pays de ne pas s’être lancé tête la première dans ce piège. Espérons que le gouvernement en prendra conscience en stoppant définitivement les six projets d’éoliennes qui nous coûtent encore 30 milliards d’euros avec un prix de rachat subventionné aux alentours de 175 euros le mégawatheure (raccordement compris) soit quatre fois le prix habituel. 

On a déjà fortement industrialisé et pollué l’environnement avec les éoliennes sur terre ; ne faisons pas la même erreur avec les éoliennes en mer. 

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