L'UE approuve le pacte sur la migration et l’asile ; les pays d’Europe centrale dénoncent une « grave violation de la souveraineté »<!-- --> | Atlantico.fr
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Des migrants à bord de l'Ocean Viking.
Des migrants à bord de l'Ocean Viking.
©VINCENZO CIRCOSTA / AFP

Immigration

Les Slovaques, les Hongrois et les Polonais ont voté contre l’accord qui oblige les pays à choisir entre accepter des migrants ou verser de lourdes sommes d’argent dans un fonds commun.

Zoltán Kottász

Zoltán Kottász

Zoltán Kottász est journaliste pour The European Conservative, basé à Bruxelles. Il a travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste et comme rédacteur en chef du service étranger du quotidien hongrois Magyar Nemzet. Il s'intéresse principalement à la politique européenne.

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Une majorité qualifiée des ambassadeurs de l’UE ont approuvé un accord provisoire conclu en décembre entre la présidence du Conseil européen et le Parlement européen sur le pacte européen sur la migration et l’asile. L’accord, peaufiné et adopté le jeudi 8 février, rencontre une forte opposition de la part des pays d’Europe centrale, car il vise essentiellement à « gérer » – et non à arrêter – la migration, obligeant les États membres à accepter des migrants indésirables ou à payer une amende. 

« Nous, Slovaques, Hongrois et Polonais, avons voté contre les lois qui parlent de soi-disant solidarité. Malheureusement, notre décision a été rejetée par plusieurs États membres », a déclaré le ministre slovaque de l’Intérieur, Matúš Šutaj Eštok, à propos de l’accord qui comprend un « mécanisme de solidarité obligatoire », obligeant les pays à choisir entre accepter des migrants ou verser de lourdes sommes dans un fonds commun. 

Selon l'accord, 30 000 demandeurs d'asile seraient répartis chaque année dans l'ensemble du bloc et les États membres devraient verser une indemnisation de 20 000 euros pour chaque migrant rejeté. Dans le cas de la Slovaquie, cela signifierait 285 migrants, soit 5,7 millions d’euros par an. 

En cas de crise, les États membres seraient invités à accueillir un nombre supplémentaire de migrants, mais sans la possibilité de payer une amende au lieu de recevoir les migrants. Critiquant l’accord, György Bakondi, le principal conseiller à la sécurité intérieure du Premier ministre hongrois, a déclaré aux médias hongrois : 

« Il s’agit d’une grave violation de notre souveraineté : le choix des personnes que nous souhaitons accepter ne serait décidé ni par les autorités hongroises, ni par la loi hongroise, mais par le siège de l’UE ». 

La Slovaquie et la Hongrie ont critiqué le fait qu'en situation de crise, certaines procédures d'asile seraient éloignées des pays de première ligne afin d'alléger leur fardeau, obligeant d'autres États à accueillir les migrants et à examiner leurs demandes d'asile. « Les procédures d'asile seront transférées en Slovaquie, ce qui signifiera de facto que les migrants concernés ne quitteront plus jamais la Slovaquie », a déploré Matúš Šutaj Eštok. 

La Pologne s’oppose également à l’accord, affirmant qu’il « n’établit pas un équilibre approprié entre responsabilité et solidarité et pourrait donc potentiellement constituer un sujet de différend entre les institutions européennes et les États membres à l’avenir ». Le Premier ministre Donald Tusk a déclaré que son gouvernement refuserait d'accepter tout demandeur d'asile relocalisé dans le cadre de l'accord, même s'il pourrait être prêt à payer les montants fixés par la Commission européenne, selon un député de l'opposition. 

L’ambassadeur tchèque s’est abstenu lors du vote de jeudi, bien que le gouvernement ait salué l’accord conclu en décembre. Ce revirement pourrait être dû au fait que l’opposition tchèque, dirigée par l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, a critiqué l’accord, le décrivant comme une « invitation adressée à des millions de migrants vers l’Europe », et a exhorté Prague à suivre les traces de Budapest et de Varsovie. Le gouvernement libéral de centre-droit pourrait durcir sa position en vue des élections européennes de cette année, où la migration sera un sujet brûlant. 

Les nouvelles règles visent à effectuer des contrôles plus efficaces sur les migrants, ainsi qu'à renvoyer plus rapidement les demandeurs d'asile non approuvés dans leur pays d'origine. Les personnes dont les demandes d’asile sont peu susceptibles d’être approuvées se verraient interdire l’entrée dans le bloc et seraient regroupées dans des centres de rétention à la frontière, tout comme les personnes considérées comme une menace pour la sécurité. Comme l’accord prévoit que les demandes d’asile doivent être évaluées dans un délai maximum de six mois, les migrants pourraient rester dans des centres de rétention pendant cette période – les groupes de défense des droits humains ont dénoncé cette situation. 

Pour que le pacte soit définitivement adopté, les mesures doivent être approuvées par le Parlement européen et par le Conseil européen (États membres). L'approbation au Conseil se fera à la majorité qualifiée, ce qui signifie que les pays individuels ne pourront pas opposer leur veto.

Cet article a été publié initialement sur le site The European Conservative : cliquez ICI

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