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L'hiver 2017 le plus sec depuis 66 ans : quelle fin d'année en perspective ?
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Danse de la pluie

Cet hiver 2016-2017 a été le troisième hiver le plus sec depuis 1959 selon des relevés de Météo France. Certaines régions ont été particulièrement touchées et des restrictions s'annoncent déjà. A moins que les pluies n'arrivent.

Frédéric  Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Météo France a recensé cet hiver 2016-2017 comme le troisième hiver le plus sec depuis 1959. La pluviométrie est en baisse de 50% pour un taux d'ensoleillement excédentaire. Dans quels départements cette sécheresse a-t-elle été la plus observée ? Et quelles autres zones ont été épargnées ?

Frédéric Decker : En météo et climatologie, l'hiver ne correspond pas tout à fait à l'hiver astronomique. Il s'étale du 1er décembre au 28 février. L'hiver 2016-17 a en effet été exceptionnellement sec sur la France, en particulier les mois de décembre et janvier. Février a vu le retour d'un peu plus de pluie, étant même quasiment dans les normes.

Les secteurs les plus touchés par cette sécheresse hivernale se situent dans l'est : les Ardennes, la Marne, l'Aube, la Haute-Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle, les Vosges, la Côte d'Or, mais aussi l'ensemble de la région Rhône-Alpes. Sur ces zones, le déficit atteint parfois 70% sur ces trois mois !

Peu de régions sont épargnées : essentiellement le Languedoc-Roussillon, la Haute-Loire et la Corse avec des quantités d'eau de saison voire excédentaires, plus particulièrement l'est de l'île de beauté, très arrosé.

Comment expliquer cet épisode de sécheresse de cet hiver ? S'agit-il davantage d'une conjonction malheureuse de différents facteurs météorologiques, ou est-ce la conséquence d'un phénomène plus large comme le dérèglement climatique ?

Des anomalies climatiques récurrentes nous ont concerné ces derniers mois, à savoir la persistance anormale des conditions anticycloniques à proximité de la France ou directement au-dessus. Le mois de décembre s'est même déroulé sans le moindre jour dépressionnaire sur l'hexagone, ce qui est très rare ! Certains coins des Alpes n'ont d'ailleurs pas reçu la moindre goutte ni le moindre flocon au cours du dernier mois 2016. 

Cette anomalie a été récurrente tout l'hiver... mais pas seulement. Ces conditions anticycloniques durables persistent depuis juillet 2016, réduisant considérablement les quantités de précipitations depuis près de neuf mois maintenant, avec simplement une courte pause en novembre, mois plutôt bien arrosé.

Nouveau record de sécheresse d'ailleurs sur les huit derniers mois, de juillet 2016 à février 2017, avec 357 mm de précipitations sur notre pays en moyenne nationale (calculée sur 170 stations météo de référence) pour une normale 1981-2010 de 522 mm, soit 32% de déficit. L'ancien record sur la même période était 377 mm entre juillet 1988 et février 1989 (depuis 1946).

Ce type d'événement est indépendant du réchauffement climatique. De telles anomalies se répètent depuis toujours, davantage d'ailleurs lors des périodes climatiques plus froides, comme lors des années 50 avec des années anormalement sèches. A Paris, plus ancienne station météo en France, le record de 1921, année extrêmement atypique avec 270 mm dans l'année, n'a jamais été approché depuis. 270 mm, cela correspond à une année normale au coeur du... Sahel ! 

Des pluies pourraient-elles tomber au cours du printemps et inverser la tendance avant l'été ? 

Tout peut s'inverser très rapidement. C'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé l'an dernier, avec un premier semestre extrêmement pluvieux, provoquant des dramatiques inondations dans de nombreuses régions fin mai et début juin, la faute à des dépressions omniprésentes sur l'Europe Occidentale et l'absence quasi continue de l'anticyclone des Açores, très en retrait sur les Açores. Les pluies de ce mois de mars sont déjà plus généreuses, avec une première décade très arrosée et des nouvelles précipitations, assez conséquentes, attendues cette semaine. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

Ces pluies récentes et à venir permettent de ralentir la sécheresse de surface. En revanche, la sécheresse qui s'est installée en profondeur risque de perdurer jusqu'à l'automne. En effet, la végétation s'éveille rapidement à présent et pompe toute la pluie tombée. Ce qui sera le cas durant toute sa période d'éveil jusqu'en octobre prochain avec une forte évapotranspiration potentielle durant les mois de printemps et d'été. A moins de connaître des pluies quasiment records tous les mois d'avril à septembre. Ce qui n'est pas souhaitable non plus, au risque de revivre des conditions propices aux inondations et des dégâts aux cultures. 

Pour les prochains mois, les tendances saisonnières indiquent un mois d'avril bien arrosé, un mois de mai pluvieux au nord et à l'est mais sec dans le sud, un mois de juin dans la norme, juillet, août et septembre risquent d'être secs. Des tendances pas très rassurantes donc, mais fiables à 60% "seulement", ce qui laisse l'espoir de connaître davantage de pluie. Mais autant être franc : il est très peu probable d'inverser la tendance avant l'automne. Il va falloir économiser l'eau !

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