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L’expérience immersive : pour sauver la culture et le savoir
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Repenser nos modèles

Sous la contrainte de l’épidémie, nous avons dû inventer des nouvelles façons d’être ensemble, de partager nos quotidiens, nous avons dû également adapter nos méthodes de travail. Nous sommes à l’aube d'une nouvelle et inédite révolution culturelle et du savoir. Il est urgent de repenser nos modèles de la culture et du divertissement.

Alexandre Michelin

Alexandre Michelin

Alexandre Michelin est un entrepreneur et un homme de média engagé.

Il a exercé ses talents comme directeur général de l'antenne de PARIS PREMIERE, directeur des programmes et des services du groupe CANAL+, directeur de l'antenne et des programmes de FRANCE5, directeur général de MICROSOFT Europe, Afrique et Moyen-Orient, candidat à la présidence de FRANCE TELEVISION en 2015, et comme directeur général de SPICEE, plateforme de diffusion de documentaires et grands reportages.

Citoyen engagé, il est successivement Président du Fonds Image de la Diversité du CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) et du Commissariat Général à l’Égalité des Territoires de 2006 à 2015, puis devient de 2016 à 2018, Membre du Collège de la Diversité auprès du Ministère de la Culture & de la Communication.  

 

En parallèle de ses fonctions, il dirige de 2010 à 2015 un cycle de conférences à l'Institut d'Études Politiques de Paris dans le cadre de l’école de la communication, et enseigne depuis 2010 en Master 2 Pro « Digital Média Cinéma » (à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne).

Agent de la transformation numérique, il participe à la révolution des médias immersifs et fonde en 2018 NOV-e (Fonds d’investissements et acteur engagé de la transformation des industries culturelles et créatives).

Il est depuis juin 2020, Président de la commission Cinéma de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie).

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Le pays tout entier se re-confine pour une deuxième fois consécutive, cette année.

Cette décision difficile s’impose, suite à l’annonce du Président de la République, Emmanuel Macron, mercredi 28 octobre 2020, interdisant tous évènements, manifestations et festivals jusqu’à début décembre, en raison de la crise sanitaire mondiale provoquée par la Covid-19. 

Cette mesure préventive prise par le Chef de l’Etat pour endiguer la propagation du virus s’accompagne notamment d’une kyrielle d’annulations et de fermetures de salles de spectacles, de cinémas, d’évènements culturels, etc.

Cette décision est une véritable catastrophe pour l’ensemble des acteurs de la culture, déjà largement ébranlé ces dernières années, par un contexte compliqué mélangeant : terrorisme, gilets jaunes, grèves. L’impact du re-confinement et de la fermeture des lieux de culture ne sera pas sans conséquences économiques et sociales pour le secteur.

Alors que tant de choses se jouent tous les jours autour de nous, la culture et plus largement le savoir doivent s’ériger en priorité nationale. Ils ne peuvent demeurer le parent pauvre des politiques publiques en temps de pandémie et  de crise sanitaire. 

Or, il n’y peut y avoir de représentation culturelle, de musée, de spectacle sans public… C’est sur la base de cet impératif, que nos sociétés ont construit leurs modèles de partage, de diffusion du savoir et de la connaissance. Nous avons construit notre société culturelle sur le besoin de nous rassembler, d’échanger, de partager. Comment poursuivre une vie culturelle sans lien physique avec autrui ?

Avec la frustration de notre besoin social, tous les modes de diffusion de la culture, du savoir, de la connaissance sont remis en cause. Il n’est qu’à regarder la profonde détresse des institutions culturelles, théâtres et cinémas en tête, pour comprendre que notre conception de la culture doit aujourd’hui évoluer pour survivre.

Sous la contrainte de l’épidémie, nous avons dû inventer des nouvelles façons d’être ensemble, de partager nos quotidiens, nous avons dû également adapter nos méthodes de travail.

Cette nécessité impérieuse de continuité du lien social par la culture et le savoir doit pouvoir trouver une issue favorable même en période de confinement absolu. Le numérique est notamment là pour nous y aider. Grâce aux outils digitaux, nous avons pu abolir le temps et les distances.

Comment améliorer ces expériences digitales ? Comment saisir les opportunités d’élargir nos horizons culturels, et d’apprentissage ? Comment soumettre ces outils de communication à nos besoins de vivre-ensemble, et non pas l’inverse ?

La digitalisation et la dématérialisation ne sont pas une fin en soi. Ce sont des outils puissants de changement des usages et des expériences. Est-ce un passage obligé ? C’est en tout cas une opportunité quand nos modèles anciens sont brutalement obsolètes. 

Nous sommes à l’aube d'une nouvelle et inédite révolution culturelle et du savoir

Au moment crucial où la place de la culture et de sa survie en période de pandémie est posée, de nouveaux intermédiaires  considérés comme disruptifs font irruption : l’image immersive, la réalité augmentée, la réalité virtuelle.

Nous avons à notre disposition les outils de la réalité que j’appelle immersive : réalité augmentée, réalité virtuelle, ainsi que tous les dispositifs et créations artistiques fondés sur la puissance digitale. Tous ces dispositifs, conjugués à l’intelligence artificielle, permettent de diffuser le savoir, la culture, le divertissement en offrant une nouvelle experience, de nouvelles frontières, à travers l’image immersive.

Aujourd’hui, l’industrie du jeu vidéo fonde sa puissance sur la réalité immersive. Depuis le début de la crise sanitaire, elle a prouvé sa suprématie économique, elle est désormais leader dans le loisir et le divertissement. L’industrie musicale, qui a vécu ou subi la transformation digitale, a connu une première expérience majeure avec les concerts immersifs de Travis Scott, accessibles dans le cadre du jeu vidéo Fornite. Plus de 27 millions de fans ont assisté aux cinq concerts donnés par l’artiste du 23 au 25 avril 2020.

Grâce à son offre de visites virtuelles, le Louvre a rassemblé un public digital de plus de 10 millions de personnes en 71 jours pendant le confinement. Cette information a été reprise sur tous les supports média parce qu’exceptionnelle. Je salue cette magnifique réussite française, mais elle ne devrait pas être remarquable, elle devrait devenir banale.

Il est urgent de repenser nos modèles de la culture et du divertissement, quand nous avons les talents créatifs et technologiques pour répondre aux enjeux de la culture et du divertissement, aux enjeux du partage du savoir de façon plus générale.

Il y a également urgence à revisiter nos modèles de connaissance, à permettre au plus grand nombre de retrouver les chemins de la connaissance. En tant que producteurs, artistes, diffuseurs du savoir, chercheurs, auteurs, nous devons nous emparer des nouveaux outils qui sont encore accessibles, quand tout est encore possible.

La France est une terre de talents, d’inventions, de savoirs. Nous avons un tissu technologique remarquable. Nous avons des créateurs d’histoires, des conteurs exceptionnels qui créent des nouveaux univers.

En unissant ces compétences, nous pourrons répondre aux défis d’institutions culturelles sidérées par la crise sanitaire. A travers l’expérience immersive, nous pourrons garantir le rayonnement de nos musées, de notre patrimoine non seulement pour les institutions les plus reconnues, mais aussi au sein d’institutions aux moyens plus modestes.

Avec les perspectives maîtrisées de la réalité immersive, nous pourrons créer de nouveaux rendez-vous musicaux, de nouveaux moments de partage entre les artistes et leur public.

Grâce aux talents narratifs et visuels nouveaux, nous pourrons attirer le monde entier au cœur de nos territoires, s’inspirer des richesses de nos patrimoines divers.

Allons au-delà de la culture, parlons de savoirs, de connaissance. La réalité immersive est un outil essentiel à la formation, elle permet de fédérer des sachants et des apprenants du monde entier. De créer de nouvelles interactions fructueuses. Aujourd’hui, l’industrie aéronautique, automobile, le monde médical appliquent la réalité immersive à leurs enjeux de développement et de partage de la connaissance.

Il existe aujourd’hui en France, une vision et une dynamique commune, mêlant artistes, institutions, collectivités, entrepreneurs, pour  accompagner le secteur de la culture et du savoir dans un mouvement de migration numérique et de dématérialisation de l’experience ultime de la culture et de la connaissance.

Alexandre Michelin

Fondateur du Knowledge Immersive Forum (KIF)

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