L’étude choc : quand votre âge biologique se révèle être le double de votre âge réel <!-- --> | Atlantico.fr
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L'âge biologique n'est pas le même que l'âge réel.
L'âge biologique n'est pas le même que l'âge réel.
©DR

Sauts de générations

Nées le même jour, certaines personnes ont un âge biologique inférieur, d'autres largement supérieur à leur âge réel. Quantifier l’âge biologique sur une personne encore jeune permettrait de savoir comment ralentir le processus de vieillissement.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Dans une étude publiée lundi dans les Annales de l'Académie nationale des sciences américaines, les scientifiques ont suivi 1000 personnes âgées de 38 ans. Les mesures comprennent: l’étude de l’état des reins, le foie, les poumons, les systèmes métaboliques et immunitaires, le taux de cholestérol, la capacité cardiorespiratoire, la fonction pulmonaire, la longueur des télomères, la santé dentaire comme l’état ​​des gencives etc.  Alors que certains d’entre eux ont vieilli à un rythme normal, d’autres ont vieilli étonnamment plus vite. Comment l’expliquer ?

Christophe de Jaeger : Enfin, une étude importante reprise par la grande presse sur de la notion d’âge biologique ou physiologique. Cette notion d’évaluation du Capital Santé est fondamentale et pourtant très peu connue, voire ignorée, en France. Elle mérite que l’on s’y attarde. Cette étude montre bien la dissociation qui existe entre âge physiologique ou biologique et âge chronologique (déterminée par notre date de naissance). L’âge biologique correspond à une évaluation scientifique de nos systèmes physiologiques permettant ainsi de mettre en évidence leur dégradation au cours du vieillissement.

Normalement, à 20 ans, tout fonctionne bien dans notre organisme. Nos artères sont souples, nous avons une bonne capacité respiratoire, nos reins fonctionnent bien, nos muscles sont forts, nos os sont solides, etc… Mais c’est également à partir de 20 ans, que nos différents systèmes physiologiques commencent à s’altérer. D’abord lentement, puis de plus en plus rapidement, faisant ensuite le lit de la maladie. A 50 ans, vous pouvez avoir des artères d’une personne de 40 ans, ou au contraire, d’une personne de 60 ans, voire plus. Dans ce dernier cas, vous êtes un vrai candidat aux maladies cardio-vasculaires.

L’âge physiologique ou biologique peut se calculer pour l’ensemble des systèmes qui nous compose (cardio-respiratoire, pulmonaire, osseux, immunitaire…). On peut donc déterminer pour une personne d’un âge donné, son âge physiologique réel. On delà du simple constat de votre état réel, cette mesure est très instructive à plus d’un titre, car elle va également permettre, si vous la renouvelez par exemple tous les ans, de voir comment vous évoluez physiologiquement. Vous pouvez vieillir comme tout le monde, ou plus vite, ou plus lentement. De nombreux paramètres peuvent influencer la qualité de notre vieillissement : nos gènes, notre nutrition et notre métabolisme, notre activité physique, le stress, notre statut hormonal, l’exposition à des toxiques dans notre vie courante, etc…  Mais nous avons chacun une sensibilité différente par rapport à ces différents paramètres. La mesure de l’âge biologique ou physiologique permet d’identifier vos paramètres critiques.

Dans cette étude sur 1000 sujets de 38 ans, leur “âge biologique” variait de 30 à 60 ans. Qu’est-ce que l’âge biologique ? Est-ce la même chose que le métabolisme ?

L’âge biologique ou âge physiologique ou âge fonctionnel correspond à l’âge réel de notre corps. Il peut être égal à notre âge chronologique, ou plus jeune, ou plus vieux. Nous avons tous remarqué que certaines personnes ne font pas leurs âges : certaines paraissent plus jeunes que leurs dates de naissance le laissent présager et d’autres plus âgées. L’adage populaire "on a l’âge de ses artères" en est l’illustration.

Le métabolisme de l’organisme est une autre notion qui correspond à son fonctionnement. La qualité du métabolisme va, par exemple, avoir un impact sur l’âge biologique.

L’âge biologique ne dépend-t-il que de notre hygiène de vie, ou d’autres facteurs (biologiques, environnementaux…) ?

L’âge biologique est le reflet de nos gènes, de la qualité de notre métabolisme, de notre environnement (stress, pollutions…), de nos comportements (tabac, alcool, drogues…), de ce que nous mangeons, de l’exercice physique que nous faisons, de notre statut oxydatif, de la longueur de nos télomères, de notre stress, etc… C’est donc une notion complexe dont les éléments importants vont varier d’une personne à l’autre traduisant également le fait que nous avons des sensibilités différentes.

Les sujets de l’étude qui ont vieilli plus rapidement ont aussi montré des signes de déclin cognitif. Leurs scores de QI, (qui, selon des études antérieures, est sensé rester relativement constant tout au long de la vie), étaient inférieures au QI moyen des personnes de 38 ans. L’âge biologique aurait donc un effet sur notre cerveau ?

Le cerveau a aussi son âge physiologique ! Certains vieillissent plus tôt que d’autres et également plus vite. Il existe une multitude de facteurs pouvant influencer le vieillissement cérébral qui fait le lit du déclin cognitif menant aux maladies neuro-dégénératives. D’où l’importance de connaitre son âge biologique cérébral et de chercher à l’améliorer

Quantifier l’âge biologique sur une personne encore jeune permettrait de savoir comment ralentir le processus de vieillissement et de mieux soigner la personne à terme. Qu’en pensez-vous ?

A terme, la mesure de l’âge biologique d’une personne dans un centre spécialisé fera partie intégrante de son bilan de santé annuel, car cette mesure n’est pas que le reflet ponctuel ou le constat du capital santé à un moment précis de la vie, c’est également un marqueur de risque majeur de maladie à venir et il a donc un effet prédictif. Objectiver le risque permet d’agir et de mettre en place des stratégies de prévention active, adaptée et évaluable. Car, encore une fois, l’âge biologique, reflet majeur du capital santé peut également s’améliorer. En d’autres termes, travailler efficacement sur son état de santé va permettre d’améliorer son âge biologique ou physiologique. Et c’est là l’autre grand intérêt de cette mesure. L’âge chronologique ne peut que se détériorer, alors que l’âge biologique peut évoluer dans les deux sens et objectiver l’amélioration de notre santé. Qu’y a-t-il de plus efficace pour renforcer sa détermination à avoir une meilleure santé, un meilleur capital santé, que voir son âge biologique s’améliorer grâce à ses efforts ?

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