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L’entrepreneuriat peut-il être l’espace qui se conjugue le mieux au féminin ?
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Loin des donneurs de leçon de texte, préférons les leçons de vie.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La terre « bruisse violemment » sur le thème du respect refusé aux femmes. A nos mères, nos femmes, nos filles, nos amies. La terre s’offusque de pratiques millénaires qui reflètent le pouvoir honteux de l’homme, par sa main mise sur l’intimité de la femme, sur son corps, objet de toutes ses convoitises et fantasmes.  La négation de son esprit, la négation de sa spécificité, ou le refus d’en tirer les conséquences. Alors la terre appelle à la dénonciation de « son porc ».

A chaque fois que la terre bruisse, au journal de 20H, la presse et les guides de la bonne conscience, ceux qui pensent devoir donner au monde des leçons éthiques, « sur-bruissent » comme on « sur-joue » pour que la forme compense le manque de fonds, et tentent de masquer à l’aide d’un rugissement médiatique, leur incapacité réelle à donner l’exemple. Le monde du « haut » donne des leçons au monde du « bas ». Oubliant au passage, que l’exemple vient d’en haut et qu’en haut, le monde qui donne des leçon, n’est que bien peu féminin.

Le monde tente la caricature, la culpabilisation, joue l’offusqué, et montre du doigt, tentant la démarche bien connue de l’étoile jaune collée sur le fautif. Politique le premier jour, il est producteur de cinéma le lendemain, et la lumière des projecteurs du 20H finira par se promener de milieu en milieu, de préférence où le sensationnel se promène lui aussi, car la conscience et l’éthique c’est bien, mais bien mieux encore quand cela fait de l’audience. Plus vendeur quand c’est Harvey Weinstein que lorsqu’on parle de parlementaires obscurs, du petit chef du quotidien. Tout ce cirque médiatique, néanmoins utile, car il utilise la force pour tenter de changer ce que la raison est impuissante à faire, trouvera sa limite dans celles de l’actualité, et l’outrage d’un jour sera remplacé par un autre outrage, plus vendeur, le lendemain. Tout cela est utile, mais sans impact à long terme. Il traitera cette sale acné qui nous défigure. Mais il traitera l’apparence de la peau, pas l’organisme en profondeur.

La culture d’un peuple, d’une société, se forge et se défait par ce qui lui est montré en exemple. Chaque jour. Par ce qui est visible et semble être la norme. La culture, et les comportements qu’elle entraîne, restent majoritaires tant que l’exemple « du haut » n’imprègne pas la pratique « du bas ». Tant que la norme et l’habitude des donneurs de leçon sont inverses à ce qu’elles professent, leurs incantations tiennent de l’anecdote.  De l’amusement public. Une culture tient à ce que l’on fait et non à ce que l’on dit. La culture se nourrit d’exemple, et l’exemple donné par les « élites », celles qui nous donnent aujourd’hui des leçons de savoir-être au féminin, n’est pas celui d’un pouvoir donné aux femmes. Celui qu’elles méritent autant, parfois plus, que les hommes, qui en ont souvent fait un usage bien triste, de Gengis Khan à Hitler, de la bombe nucléaire au travail des enfants, de l’esclavage de l’Egypte ancienne à celui de l’Europe Moderne. Rare sont les femmes ayant mené des guerres meurtrières, pour un problème de testostérone débordante. Les peuples regardent les livres, les politiques, les entreprises et ils ne voient pas de femmes. Alors ils en déduisent que la femme est un  objet de droit mais pas un sujet de droit. Et que l’on peut jouer sans souci avec un objet, puisque c’est ainsi que l’homme définit l’inférieur. Au même rang que l’animal ou la machine.

Ils nous donnent des leçons ? Qu’ils se les appliquent ! Et il ne faudra jamais oublier ces quelques femmes, que le pouvoir fait vibrer et qui s’offrent d’elles mêmes, sans y être forcées, et représentent une disgrâce pour les autres femmes. Car au jeu de la culpabilité, il faut savoir rester honnête et reconnaître ses propres errements. Tous ceux qui fréquentent les concerts depuis que les concerts existent, vous montreront la honte de ces cortèges de lolitas, attendant patiemment à la sortie des loges, le privilège d’être sélectionnées par la star du soir. Les femmes peuvent être leurs pires ennemies !

Alors nous, les entrepreneurs, avons le devoir de démontrer que là aussi, nous sommes un territoire qui ne distinguent pas entre hommes et femmes, mais entre envie et ambition, passion et détermination, autant de qualités qui sont humaines et n’ont pas de sexe. Le bonheur de voir chaque année, de façon admirablement croissante, un taux toujours plus important de femmes entrepreneurs est l’un des meilleurs moyens de prouver au monde que le sexe apporte sa spécificité à un concept bien asexué : Le succès !

Près de 38% des entrepreneurs français sont des femmes. Elles réussissent. Elles réussissent non seulement de mieux en mieux, mais parfois mieux que les hommes. Les études faites aux USA sur l’entrepreneuriat féminin dans le digital, montrent sans discussion possible que les entreprises dirigées par des femmes ont de meilleures performances. Mais à nouveau, nulle besoin qu’elles fassent mieux. Il faut qu’elles fassent tout court. Pourquoi la femme devrait elle faire « plus » pour mériter le respect ?

La culture c’est ce que l’on voit. Si l’on voit qu’une femme entrepreneur réussit, la société donnera un statut et un respect renforcé aux femmes. En montrant que leur place est la même que celle de tout être humain, on indiquera avec clarté aux hommes, au monde, aux enfants, dont l’éducation forge les représentations,  que la femme n’est pas un objet mais un sujet. Comme les autres.

Dans les pays émergents, et notamment dans ceux qui stigmatisent la femme par une tenue particulière, la place des femmes sera une source d’évolution plus définitive que n’importe qu’elle charte, déclaration ou loi. Les gens ne lisent pas les chartes et les lois. Ils voient ce que la société impose comme modèle au quotidien.

Notre rôle, nous entrepreneurs et de démontrer chaque jour que l’entrepreneuriat se conjugue au féminin comme au masculin. Par tous les temps et sous tous les cieux. Toutes les religions, qui ont largement contribué, sans exception, au rôle secondaire de la femme. En faisant d’elles un appel au pêché, que la loi et la morale devaient réprimer. Les Catholiques ont fait de Marie Madeleine une prostituée qu’elle n’était pas. Les musulmans sont capables de tuer une femme infidèle et les Juifs très Orthodoxes caillassent encore de temps à autre, une femme osant passer dans la rue en jupe courte. Au même moment, des femmes, de toute religion, vouent leur vie à un Dieu plus clément et moins discriminant, celui de l’entreprise.

Alors en ce qui mon concerne, plutôt que de dénoncer des porcs, je montrerait des Déesses (l’un n’excluant pas l’autre). Je préfère construire un nouveau monde que stigmatiser l’ancien. La reconstruction prend moins de temps que la rénovation. La nouveauté requiert moins de temps que le nettoyage. Je préfère proposer de changer la vision et l’éducation de nos enfants, qui porteront la culture de demain, que de chercher à culpabiliser un système et des hommes qui sont le fruit d’une éducation périmée. Je souhaite passer plus de temps à travailler la culture de demain, qu’à revoir celle d’hier.

Et d’ailleurs je constate que parmi les milliers de start-up que je vois défiler avec mes amis des autres réseaux, la différence homme/femme n’est plus un sujet. L’égalité apparaît sans quota et déclarations fébriles, elle se fait, simplement, au quotidien. Naturellement. C’est cela une culture. L’expansion, la viralité, poussé par l’exemple tissé dans la fabrique du quotidien. Un tissus social équitable, car chaque maille dépend non du sexe, mais de la solidité de la maille d’à côté, de l’objectif de l’ensemble. Encore un terrain où l’entrepreneuriat pourra changer le monde. Pour le meilleur. Passons de la « maldonne » à la Madone !

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