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Kamikazes américains en Syrie, tueur français de Bruxelles : pourquoi la pompe à jihadiste tourne plus que jamais
A l'image du Français Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être le tueur du musée juif de Bruxelles et arrêté à Marseille ce vendredi 30 mai, ou encore de l'Américain Abou Hurayra al-Amriki, auteur d'un attentat suicide le 25 mai au Nord Ouest du territoire syrien, ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes à se rendre en Syrie pour faire le djihad.
Atlantico : Pourquoi y a-t-il plus de djihadistes étrangers en Syrie que dans tous les conflits précédents ? En quoi la Syrie est-elle différente ?
Jean-Charles Brissard : D'abord, on constate une proximité géographique qui facilite le déplacement des jihadistes sur place. Puis, il y a une proximité médiatique, car n'oublions pas qu'il s'agit d'un conflit dont on parle beaucoup. Il y a également une hésitation des pays occidentaux à s'engager dans ce conflit. Il y a en tout cas une unanimité pour condamner le régime de Bachar el-Assad, ce qui offre une force d'attraction supplémentaire aux jihadistes sur le départ.
Surtout, il y a la présence d'infrastructures terroristes sur place qui permettent de faire une propagande très importante sur Internet. Et Internet est aujourd'hui le vecteur majeur des départs de Français et étrangers sur le théâtre des opérations. C'est la grande différence avec les autres pays. Auparavant, pour la Bosnie, le Pakistan ou la Tchétchénie ce facteur était beaucoup moins présent. La stratégie de propagande a été modifiée car auparavant, le recrutement se faisait essentiellement sur des sites dédiés. Aujourd'hui, le jihad est présent sur les réseaux sociaux, donc accessible à tous. C'est par ce biais que les jeunes se radicalisent.
Quel est le profil de ces djihadistes étrangers et que viennent-ils chercher ? Qu'est-ce que tous ces jihadistes ont en commun ?
Concernant les nationalités, le principal contingent est Français avec à peu près 430 personnes entre ceux qui sont sur place ou en transit. Les Britanniques arrivent ensuite avec 400 hommes, puis les Allemands (320), les Belges (150-200) et les Suédois (150). En tout, il y a plus de 2300 ressortissants de l'Union européenne qui combattent sur place et plus de 3000 qui ont été impliqués depuis le début du conflit syrien.
Y a-t-il un profil social établi ? La non-intégration dans le pays d'origine peut-elle rentrer en ligne de compte dans leur choix de partir ?
On a des profils très variés. Il y a des personnes tout à fait intégrées dans le milieu social et puis il y a des personnes en rupture de ban. En réalité, les facteurs sociaux son très marginaux. Cela résulte simplement d'une décision individuelle, alors même que la société les a bien intégré ainsi que leur famille. C'est la raison pour laquelle ils sont très difficiles à détecter, c'est parce qu'ils mènent bien souvent une vie tranquille dans des familles sans embûches et athés au départ. Ils n'ont pas de culture particulière de l'Islam et ils décident de se radicaliser d'un coup. C'est bien souvent une démarche personnelle, existentielle, dans la mesure où on a à faire à des personnes en perte de repères identitaires. Il y aussi des cas minoritaires de personnes désœuvrées qui considèrent le jihad comme une aventure.
Quel est le parcours de Mehdi Nemmouche, arrêté à Marseille suite à l'attentat du musée juif de Bruxelles ? Est-il classique ?
L'attentat de Bruxelles est-il un préambule au retour de ces jeunes en Europe ? Sont-ils formés à attaquer leur pays d'origine ?
Propos recueillis par Arnaud Boisteau
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