Kadhafi : la com’ se meurt en son royaume<!-- --> | Atlantico.fr
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Communication ou propagande ?
Communication ou propagande ?
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C'est grave spin-docteur ?

Avec ou sans parapluie, Kadhafi frappe par sa communication. Mais est-ce vraiment efficace ? Et si les difficultés rencontrées par le leader libyen, Ben Ali et Hosni Moubarak illustraient la déliquescence de la communication ?

Anthony Hamelle

Anthony Hamelle

Anthony Hamelle est un communicant curieux.

Chargé de cours au Celsa (Université Paris IV Sorbonne), il s'intéresse aux sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, droit, sciences politiques,... ).

Il est responsable de la communication numérique "Villepin 2012".

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Alors que les témoignages venant de Libye dressent un tableau de plus en plus sombre et cruel de la répression déployée par le régime du colonel Kadhafi à l'encontre du peuple libyen, on continue ici d'observer la "communication" du guide de la révolution – de son apparition sous un parapluie à son discours brouillon et vindicatif du 22 février - comme une chose curieuse dont on ne comprend guère la portée et la finalité.

Les limites de la propagande

Les choses sont pourtant simples ; la "communication" de Kadhafi démontre par l'absurde du procédé et par l'horreur de se qu'elle décrit les limites même de la "communication". J'entends par ce terme ce qu'on appelle également spin (des fameux spin doctors anglo-saxons qui cherchent à présenter des événements quelconques dans un sens favorable aux gouvernements qu'ils servent) ou tout simplement propagande.

Cette manière de communiquer consiste, au mieux, à remodeler la réalité ou, au pire, à l'ignorer pour construire un cadre de référence capable de porter ses messages. Dit autrement, ce que l'on veut dire prime sur ce qui est, les messages construits dans une officine ou un esprit fou devant quoi qu'il arrive être délivrés, peu important la réalité perçue ou vécue par la population à laquelle on s'adresse.

Des ficelles un peu grosses

Cette propagande extrême est, de manière ordinaire, la marque des tyrans et dictateurs. Elle peut parfois être, dans une version atténuée et dont la portée est évidemment moins sanglante, la marque de dirigeants politiques tout simplement assourdis et aveuglés par une gronde citoyenne.

On s'invente un ennemi s'il n'existe pas (il vient souvent de l'étranger, en Libye ou ailleurs du reste), on s'invente des partisans nombreux et valeureux (souvent des obligés ou des salariés), on glorifie son noble groupe tout en déniant dans un même geste à ses opposants d'en former un quelconque - vous noterez que les opposants sont souvent des agents de l'étranger, des chiens galeux, des alcooliques, des islamistes … mais jamais un peuple, un rassemblement ou un quelconque groupe homogène.

Cette "communication" recrée de toutes pièces un décor accommodant pour l'émetteur, Kadhafi en l'espèce, comme le ferait l'auteur d'une pièce de théâtre pouvant faire fi de la réalité et distribuer les rôles selon son gré.

Vers la mort de la com’ ?

Voilà donc où Kadhafi en est réduit, ce à quoi Ben Ali et Moubarak furent acculés avant de quitter le pouvoir. Cette "communication" n'est finalement rien d'autre qu'une sorte de discours pathétique conté par celles ou ceux qui ont, en réalité, déjà perdu pied. Au demeurant, si cette façon de procéder a toujours été pathétique, déployée qu'elle fut par de célèbres tyrans aux abois au XXè siècle, elle l'est encore plus aujourd'hui où tout concourt à permettre à ces ennemis individuels et éclatés de se constituer en groupes, de partager une même réalité, de déceler avec une rapidité accrue les grosses ficelles de la propagande de leur ennemi. Si Facebook, Twitter ou les réseaux sociaux de manière générale ne créent pas des révolutions, ils les soutiennent indubitablement de tout leur poids en facilitant la circulation de l'information, en ressoudant les liens entre des individus que Kadhafi rêverait pourtant éparpillés. La "communication" est en train de mourir à feu doux. Khadafi, par sa mise en scène, ne fait qu'attiser la flamme qui consume cette manière de "communiquer".

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