JO de Londres : la natation française doit-elle tout à Laure Manaudou (malgré son échec de dimanche) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Dimanche, Laure Manaudou n'a pu signer que le 22e temps des séries en terminant à la 8e place de sa course en 1'01''03, très loin du meilleur temps d'Emily Seebohm (58''23).
Dimanche, Laure Manaudou n'a pu signer que le 22e temps des séries en terminant à la 8e place de sa course en 1'01''03, très loin du meilleur temps d'Emily Seebohm (58''23).
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Locomotive aquatique

Malgré son échec au 100m ce dimanche, l'ex-protégée de Philippe Lucas a permis à une génération de faire de la France l'une des nations phares en natation pour ces JO de Londres.

Pierre Godfrin

Pierre Godfrin

Pierre Godfrin est passionné de football et de basket. Il est journaliste sportif depuis deux ans. Après un Master II d’histoire contemporaine à Paris IV, il a rejoint la rédaction du site Sport365.fr

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Atlantico : Les compétitions de natation ont commencé ce dimanche et se poursuivent cette semaine. La France dispose de plusieurs chances de médailles. Comment expliquer l'excellent niveau actuel de la natation française, après des années passées dans l'anonymat ? 

Pierre Godfrin : La natation française ne s’est jamais aussi bien portée à l’aube de ces Jeux Olympiques de Londres. Les progrès effectués lors de la décennie passée sont impressionnants, au point que la France fait désormais partie des grandes nations de ce sport, au même titre que le judo.

La natation tricolore n’est pas partie de rien puisque deux nageurs avaient déjà ouvert la voie, à savoir Franck Esposito, médaillé de bronze aux JO de Barcelone en 1992, sur 200m papillon, et Roxana Maracineanu, médaillée d’argent aux JO de Sydney en 200 sur 200m dos. Cet essor peut s’expliquer principalement par l’arrivée d’une grande génération de nageurs, tout simplement. Des nageurs exceptionnels comme Alain Bernard, Laure Manaudou ou, plus récemment, Camille Lacourt. Les méthodes d’entraînements performantes et les bonnes conditions de travail dans les différents clubs de l’hexagone peuvent également expliquer ces progrès.

Laure Manaudou a été éliminée ce dimanche du 100m. Mais la natation française ne lui doit-elle pas beaucoup ?

La natation tricolore doit beaucoup à Laure Manaudou grâce à ses nombreuses victoires olympiques mais également à l’aura qu’a eue la jeune fille auprès du grand public, même si elle a dû en payer le prix lorsqu’elle est devenue une « people », ce qui était une grande nouveauté dans le monde de la natation.

Son parcours est unique. Repérée dès son plus jeune âge par l’exigeant Philippe Lucas, elle comprend rapidement que, pour réussir à se faire un nom, une exigence de tous les instants est indispensable : « Déjà, je ne vais pas en cours. Je ne sors pas le soir et je ne vois que des nageurs », explique-t-elle devant la caméra de France Télévisions à seulement 17 ans. La vie presque monacale de la jeune fille n’a cependant pas été vaine et les médailles n’ont pas tardé à garnir la vitrine familiale. Après cinq médailles d’or aux championnats de France en 2003, elle glane trois médailles olympiques en Grèce en 2004 et offre à la France son premier sacre dans une épreuve de natation depuis 1952.

Les clés de son succès ? Outre l’entraînement spartiate, elle possède une technique irréprochable et un style plus fluide que celui des autres filles, sa nage ressemblant à celle des hommes. Pendant les Jeux de Pékin, quatre ans plus, elle a connu une énorme désillusion, au point d’annoncer la fin de sa carrière sportive en 2009... Mais la native de Villeurbanne, mère d’une petite Manon en 2010, décide de reprendre la compétition dans la foulée. Elle a clairement ouvert la voie à toute une génération de jeunes nageurs qui ont perçu à travers elle que le succès était possible.

Avec son compagnon, Frédérick Bousquet, elle avait préparé les Jeux londoniens dans le calme d’un campus universitaire, à Auburn, en Alabama, avec le coach australien Brett Hawke avec qui elle entretient une relation de confiance, beaucoup plus simple qu’avec Philippe Lucas. Avec comme seul et unique objectif les JO de Londres, Manaudou a recommencé à s’entraîner très dur et a décroché, lors des Championnats de France 2012, deux précieux sésames pour les Jeux 100m et 200m dos. Son ambition n’est pas l’or, qui semble inaccessible, mais un podium. Si elle n’est pas parvenue à passer les séries du 100m dimanche matin, une médaille semble en revanche possible sur 200m dos.

De façon plus générale, quelles sont les chances de l'équipe de France en natation ?

Le bilan fixé pour ces Jeux par la Fédération française est de six médailles, dont deux en or. Soit autant de médailles qu’à Athènes et à Pékin mais avec un ou deux titres en plus. Ils sont trois à pouvoir envisager sérieusement l’or olympique. Honneur aux filles avec, en quelque sorte, l’héritière de Manaudou, Camille Muffat. Toujours très confiante devant la presse en ses capacités, la Niçoise, âgée de 22 ans, est la favorite du 400m et a de bonnes chances de médaille sur le 200m. Alors qu’elle n’est jamais parvenue encore à finir sur la plus haute marche du podium lors d’une grande compétition internationale, ces JO anglais pourraient être ceux de la consécration pour elle.

Chez les hommes, Yannick Agnel vise lui un podium sur le 200m, épreuve très relevée malgré l'absence de Michael Phelps. Sur le 100m, cela risque d’être bien plus dur, même s’il pourrait être soutenu en finale par un autre Français, Fabien Gillot.

Camille Lacourt, champion du monde en titre sur le 100m dos, est l’un des deux favoris pour l’or olympique sur cette distance. Les épreuves de relais, dont le 4x100m masculin ou le 4x200m féminin, seront également à suivre de très près. De quoi encore faire rêver à coup sûr le public français.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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