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Les Le Pen nous jouent-ils je t'aime moi non plus ?
Les Le Pen nous jouent-ils je t'aime moi non plus ?
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1er mai

Comme chaque année, le Front national défile ce dimanche 1er mai. Nouveauté, le discours est tenu pour la première fois non par Jean-Marie Le Pen, mais par sa fille Marine...

Dominique Reynié

Dominique Reynié

Dominique Reynié est professeur des Universités en science politique à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol).

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Populismes : la pente fatale (Plon, 2011).

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Atlantico : Que peut-on attendre du discours de Marine Le Pen ce dimanche, le premier discours de 1er mai du FN sans Jean-Marie Le Pen ?

Dominique Reynié : Marine Le Pen, lors de son discours d’investiture à la tête du FN, en janvier 2011 à Tours, a posé les bases d’une doctrine dont sa version la plus accomplie a été imaginée aux Pays-Bas. Il s’agit d’une sorte d’extrême droite délestée de ses arguments traditionnels devenus archaïques : on n’y trouve ainsi plus de références historiques à l’anti-communisme ou à la décolonisation qui avaient structuré l’extrême-droite. Ces figures ne signifient plus rien aujourd’hui.

Cette mutation avait déjà été amorcée à la fin des années 1990 par Jean-Marie Le Pen, qui après la chute du mur, avec la montée de la mondialisation, commençait à employer le mot populisme, par exemple. Mais il n’était pas en mesure de porter ce discours. Il appartenait à une ancienne génération, qui pratiquait la politique d’une façon différente, avec érudition, mais dans une autre logique que celle d’aujourd’hui.

Ce qui est spectaculaire chez Marine Le Pen, c’est l’abandon du discours raciste. Je ne dis pas qu’il n’existe aucune strate raciste au sein du FN, mais cette évolution de l’extrême droite au populisme leur permet d’élargir leur électorat.

Le discours du FN fait aujourd’hui la part belle aux questions sociales qui parlent aux classes moyennes. Ils ont renoncé à l’antisémitisme. Lorsque Marine Le Pen a déclaré que la Shoah était l’un des événements les plus épouvantables de l’histoire, le meurtre du père a eu lieu !

Son père a failli gâcher la partie au Congrès de Tours avec une sortie antisémite à propos d’un journalisme. Mais peu après, certains membres du FN qui s’adonnaient à des parades fascistes ont été exclus du parti. Le meurtre du père a donc déjà eu lieu et pour Jean-Marie Le Pen, le triomphe est amère : son nom demeure, mais sa fille a pris le relai avec davantage de succès.

Désormais, il convient d’étudier le FN sans ses lunettes d’extrême droite : ce n’est certes pas un parti ordinaire, mais il faut cesser de l’observer avec ce filtre brun qui produit finalement une image sépia qui renvoie aux années 1930. Le FN compte aujourd’hui des professionnels du marketing, ils possèdent  tous les codes de la com’ « mass market », sont numéro 1 sur Facebook et ça fonctionne.  

Pour son discours du 1er mai, puisque c’est la fête du travail, elle devrait tenir un discours social, articuler le social et le national qui sont aujourd’hui  les deux moteurs de la puissance d’un parti pour séduire les classes moyennes et les classes populaires. En ce sens, le surplace de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages est peut-être à trouver dans son refus d’allumer le « moteur xénophobie ».

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