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"Je suis perdu" de Guillermo Pisani : Un pièce et trois genres théâtraux liés à notre rapport aux migrants
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De : Guillermo Pisani Durée : 1h45 Mise en scène : Guillermo Pisani Avec : Caroline Arrouars, Elsa Guedj ou Boutaïna El Fekkak, Arthur Igual

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Je suis perdu est une suite de trois pièces courtes sur le thème de l’étranger, le dialogue et la difficulté de s’intégrer.

Dans la première pièce, Asmat, un demandeur d’asile, est hébergé chez une jeune femme, Agathe, en attendant son rendez-vous à l’OFPRA. Alors qu’Agathe tente de l’aider à échafauder le meilleur récit, Asmat, sort la nuit pour de mystérieuses affaires.

Dans la deuxième, la directrice d’un théâtre accueille en résidence un auteur syrien et une metteuse en scène française en vue d’un festival d’auteurs en exil. Mais l’auteur veut remplacer le texte initial Une jeunesse à Homs, par un vaudeville cocasse, Les deux téléphones, racontant les déconvenues du maire de Paris avec sa femme et sa maîtresse…

Dans la troisième, Anbar, une brillante biologiste marocaine, intègre un laboratoire du CNRS. Son arrivée bouleverse l’équipe qui tente de se réorganiser sous la houlette de sa directrice. Mais des actes de sabotage perturbent les recherches d’Anbar et redessinent de nouveaux rapports .

POINTS FORTS

Les trois pièces sont construites autour de la figure de l’Autre : le migrant, l’auteur étranger, le chercheur brillant. Tous étrangers, ils sont confrontés à des personnages représentant une forme d’institution.

Je suis perdu met en scène les difficultés de s’intégrer, par le langage, la création artistique ou la recherche, dans des structures établies et plutôt rigides : difficultés à se comprendre, à exister, à se construire auprès de personnes qui poursuivent elles-mêmes leurs propres objectifs, avec bienveillance et/ou opportunisme.

Je suis perdu est porté par un thématique unique et un texte cohérent, tout du moins sur les deux premières pièces, qui offrent des résonances évidentes et un rythme soutenu, voire pour la deuxièmes des fulgurances de mises en scène très « boulevardières », fort réjouissantes.

Les trois comédiens, qui portent la pièce par leur engagement, démontrent une justesse de ton et une envie communicatrice d’incarner et de faire passer ce message universel d’intégration.

Au final, un spectacle inhabituel et intéressant, qui questionne sur des enjeux très actuels, surtout en cette période d’élections européennes marquées par de fortes thématiques identitaires.

QUELQUES RÉSERVES

Autant les deux premières pièces se font écho, autant la troisième, plus longue et trop technique, dans le milieu de la recherche, s’en écarte et peine à se raccrocher à la thématique générale et aux deux premières histoires.

ENCORE UN MOT...

Ces variations sur le même thème mais avec trois formes théâtrales différentes – social, comédie, polar – nous questionnent sur la place de l’autre dans notre société, celle que nous sommes prêts à lui accorder, celle qui réussit à prendre, celle dans laquelle il peur s’épanouir. Dépassant la « crise des migrants » et leur souffrance, Je suis perdu s’attache à la représentation de l’immigré non-européen, en perpétuelle déconstruction et reconstruction et fournit un panorama passionnant sur leur irréductible singularité.

UNE PHRASE

« Ces questions qui sont théâtrales, ce sont des questions qui se posent aussi dans notre vie quotidienne et dans la société par rapport à des gens qu’on ne connaît pas. Qu’est-ce qui fait qu’on pense ceci ou cela de l’autre, sans vraiment le connaître. La pièce peut arriver à déjouer ce qu’on peut supposer d’untel ou untel. Le titre, Je suis perdu, à un peu à voir avec cette chose-là. » (Guillermo Pisani)

L'AUTEUR

Guillermo Pisani est un auteur, metteur en scène et traducteur italien. Titulaire d’un master d’études théâtrales (Paris III-Sorbonne Nouvelle), il a également été professeur auxiliaire de sociologie à l’Université de Buenos Aires, et intervient dans de nombreuses facultés.

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