Premier jour et premiers indices sur ce que sera la présidence Hollande <!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande veut marquer une rupture très nette avec la présidence Sarkozy.
François Hollande veut marquer une rupture très nette avec la présidence Sarkozy.
©Reuters

New Deal

Ce mardi, François Hollande devient officiellement le septième président de la Ve République. Que nous disent ces premiers pas dans la fonction présidentielle sur la future présidence du nouveau président ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ce mardi matin devant une assemblée dont la composition a été soigneusement pensée, dosée, pimentée de présences symboliques (les prix Nobel français, par exemple), François Hollande va officiellement devenir le septième président de la Cinquième République. L’aboutissement d’un parcours politique démarré trente ans plus tôt dans les bureaux de ce même Palais de l’Elysée où François Hollande a exercé les fonctions de chargé de mission auprès de François Mitterrand. Y pensait-il alors déjà, lorsque jeune énarque, il faisait, avec Ségolène Royal, partie de l’équipe de Jacques Attali ? Oui, affirment aujourd’hui ses thuriféraires. Et si ce n’est pas le cas, il a eu largement le temps de s’y préparer, théoriser ce que serait sa présidence, une présidence «normale», avait-il affirmé pendant un temps, en tous une présidence radicalement différente de celle de Nicolas Sarkozy.

Pendant la campagne électorale, et surtout pendant cette brève période qui court du soir de la victoire à la prise de fonction officielle, il s’est attaché à la modeler par petites touches. Depuis le 6 mai, il a effectué une sorte de parcours initiatique, de traversée d’un sas de décompression, allant des balades à pied aux déjeuners impromptus dans des restaurants de quartier, et dont la dernière station a été le Conseil National du Parti Socialiste au Palais de la Mutualité. Ultime arrêt avant l’arrivée au terminus de ce qu’il avait qualifié de «Hollandetour», un peu plus tôt dans la matinée devant les journalistes conviés à un pot de fin de campagne. Il est arrivé impromptu, entouré de Pierre Moscovici et de Manuel Valls, respectivement directeur de campagne et responsable de la communication du candidat. A voir leur mine épanouie, aucun doute n’était permis :ils seront tous de l’équipe gouvernementale. Où, précisément ? Aucune confirmation, rien que des rumeurs.

Au cours de cette rencontre informelle François Hollande a glissé: « Normalement, un président est jugé à la fin, mais tout dépend du début », conscient que cette période récente et ses premiers jours à l’Elysée vont imprimer la marque du quinquennat. Pour avoir lui-même travaillé au «Matin», quotidien aujourd’hui disparu, et avoir été porte-parole du PS avant d’en devenir le Premier Secrétaire, François Hollande entretient (tenait ?) de bons rapports avec la profession. Mais, sur le mode « Je suis venu vous dire que je m’en vais », il a annoncé les nouvelles règles du jeu : finies les conversations badines avec les journalistes, « nos relations seront plus codifiées, d’autres parleront à ma place ». Va-t-il résister à la tentation?

Ce sont également « d’autres » qui vont s’occuper du Parti socialiste. A la Mutualité, ultime halte de cette journée pré-présidentielle, François Hollande est allé prendre congé du parti qu’il a dirigé pendant dix ans, avant de le quitter en 2008, parce qu’il avait décidé de se préparer intensément à la présidentielle. Devant un parterre de dirigeants socialistes, au premier plan desquels, le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, qui affichait la mine radieuse d’un futur Premier ministre, François Hollande a voulu rassurer : « Je suis socialiste et j’entends bien le rester… Vous me manquerez sûrement, mais moi je ne dois en aucun cas manquer à la France ». Il a aussi pris le temps d’analyser ce que fut « une campagne réussie : l'unité, le dépassement, l'esprit de rassemblement, la volonté d'ouvrir d'autres chemins » et le souci de servir la France.

Mais, « comme Président de la République, je me suis fixé une règle : je ne participerai plus à aucune instance partisane. Le chef de l'Etat ne doit pas être le chef de tout. Le Premier ministre conduira la majorité ». Ce faisant, François Hollande veut marquer une rupture très nette avec la présidence Sarkozy, puisque son prédécesseur recevait les parlementaires tous les mois à l’Elysée ; mais surtout, c’est dans les antichambres élyséennes, et non à Matignon que l’on rédigeait les amendements aux textes de lois qui faisaient grogner dans les rangs de la majorité. Mais sans le dire ouvertement, François Hollande ne veut pas non plus renouer avec la gouvernance mitterrandienne, car a-t-il parfois reconnu,« François Mitterrand est resté Premier secrétaire ». Et entre le chef de l’Etat et le PS ce ne fut pas toujours la lune de miel, surtout après le congrès de Rennes.

Il n’empêche que si François Hollande n’entend pas se mêler des affaires partisanes, il ne souhaite pas moins disposer d’une « majorité solide, large et loyale», pour conduire le changement promis. D’où son dernier appel partisan, en faveur d’ « un vote de cohérence », afin que les Français élisent une Assemblée de gauche les 10 et 17 juin prochains. Devant les députés socialistes, Jean-Marc Ayrault avait désigné Martine Aubry pour conduire la bataille législative. La première secrétaire est candidate à un poste ministériel. Devra-t-elle attendre le résultat des législatives pour entrer au gouvernement ? Réponse ce mercredi avec l’annonce du gouvernement dont la composition est quasiment finalisée. En tous cas, difficile d’imaginer que François Hollande restera totalement en dehors de cette bataille, d’autant qu’il entend « rester au contact des Français ». A lui de résoudre cette équation et de trouver le bon équilibre entre distance et proximité.

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