Intelligence artifcielle
Intelligence artificielle : les chatbots de Facebook développent leur propre langage
Un rapport émis par l'unité de recherche sur l'intelligence artificielle de Facebook fait état d'une évolution en matière d'intelligence artificielle; des "bots" auraient créé leur propre langage.
Jean-Gabriel Ganascia
Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
Dans ce rapport, il est dit que les bots développent de vraies stratégies en matière de négociation usant notamment de comportement "humains" pour arriver à leurs fins. Dans quelle mesure cette "intelligence" peut elle concurrencer celles des hommes? Faut il craindre une concurrence de cette intelligence, notamment en termes d'emplois?
Comme nous venons de le dire, ces agents font appel à trois types de techniques dont deux recourent à de l’apprentissage machine. Plus précisément, certaines de ces techniques reposent sur l’interaction verbale avec des agents humains que ces systèmes recueillent d’abord, puis observent et apprennent à imiter de sorte que les dialogues soient le plus vraisemblables, c’est-à-dire que les réactions de l’agent ressemblent le plus possible à celles d’un humain. Cependant, la capacité à négocier n’est pas uniquement d’ordre langagier ; elle repose aussi sur l’estimation du bénéfice que chacun tire de la transaction et sur la maximisation de ce bénéfice. Cela se fait avec de l’apprentissage par renforcement qui vise optimiser des récompenses. Enfin, il existe des techniques de planifications des échanges verbaux qui se font avec des amorces de dialogues données explicitement. Indubitablement, de tels agents pourraient concurrencer des hommes et négocier mieux qu’eux. Comment s’en étonner puisqu’ils sont fait pour cela ! Il se pourrait dès lors que certains métiers soient amenés à évoluer, voire que certaines activités routinières qui demandaient du talent disparaissent, et qu’en conséquence le prestige accordé à tel ou tel emploi diminue. Mais, concomitamment, d’autres métiers liés à la mise en place de ces agents pourraient apparaître. De plus, de tels agents ne prennent sens que s’ils dialoguent avec des hommes et s’ils les aident à négocier d’une façon satisfaisante pour tous, ce qui suppose toujours la présence des hommes. En conclusion, les agents intelligents, même s’ils suppriment certains emplois et en font évoluer d’autres, ne suppriment pas le travail et ne se passent pas des hommes.
A quelles autres avancées de la sorte peut-on s'attendre?
Bien d’autres avancées de cet ordre peuvent advenir aujourd’hui avec les techniques d’intelligence artificielle. Il est très difficile de toutes les anticiper, car elles recouvrent tout le spectre des activités humaines qui sont toutes, plus ou moins, susceptibles d’être automatisées. Tout ici est dans le « plus ou moins ». En effet, il ne faut pas se masquer les difficultés pratiques que l’on rencontre lors de la mise en place d’agents conversationnels. Ceux-ci fonctionnent très bien dans un champ sémantique très étroit où il arrive bien souvent qu’ils nous surpassent. En revanche, lorsque l’on change de registre au cours de la discussion, que l’on fait des jeux de mots ou des allusions, les agents conversationnels sont vite déroutés, car ils ne reposent pas sur une compréhension de ce qui est dit, à savoir sur une extraction du sens, mais simplement sur l’apprentissage de la répartie.
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