Incendie du site pétrochimique de l'étang de Berre : le signal d’alerte à ne pas rater pour enfin bien protéger nos sites à risques<!-- --> | Atlantico.fr
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n acte malveillant serait à l'origine de l'incendie qui a eu lieu mercredi 14 juillet sur le site pétrochimique LyondellBasell.
n acte malveillant serait à l'origine de l'incendie qui a eu lieu mercredi 14 juillet sur le site pétrochimique LyondellBasell.
©Reuters

Prévenir ou guérir

Un acte malveillant serait à l'origine de l'incendie qui a eu lieu mercredi 14 juillet sur le site pétrochimique LyondellBasell à Berre-l’Etang dans les Bouches-du-Rhône. Le 26 juin, c'est une usine chimique qui était visée par un attentat. La sécurité des sites sensibles ne semble pas être résolue.

Alain Chouet

Alain Chouet

Alain Chouet est un ancien officier de renseignement français.

Il a été chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE de 2000 à 2002.

Alain Chouet est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et le terrorisme. Son dernier livre, "Au coeur des services spéciaux : La menace islamiste : Fausses pistes et vrais dangers", est paru chez La Decouverte en 2011.

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Atlantico : Un incendie s’est déclaré mardi 14 juillet sur le site pétrochimique américain LyondellBasell à Berre-l’Etang dans les Bouches-du-Rhône. En effet, deux explosions se sont produites dans des cuves remplies de produits chimiques, malgré le classement du site "Seveso". Il s’agirait d’un acte malveillant. Le 26 juin un attentat visait l’usine chimique Air products en Isère. Les menaces à l’encontre des sites dits à risques sont-elles croissantes en France ?

Alain Chouet : La quasi-totalité des sites contenant des produits toxiques, inflammables ou explosifs sont "classés Seveso", ce qui finit par ne plus vouloir dire grand-chose à part fournir une référence anxiogène aux médias puisque le grand public ignore les conséquences de ce classement.

Cela dit, il est clair que tout mouvement contestataire violent qui souhaite avoir un retentissement dans la presse s’en prendra prioritairement à ce genre de site parce que cela induit des psychoses de peur largement répercutée par les chaînes d’information continue. Faire exploser une laiterie ou une usine de conserves a peu de chance d’avoir un grand retentissement médiatique. C’est pourquoi les sites à haut risque toxique, explosif ou incendiaire sont la cible préférée des mouvements anarchistes, écologistes extrémistes, et plus généralement des mouvements violents nihilistes comme le sont actuellement les terroristes salafistes.

Les menaces contre ce genre de site ne sont pas nouvelles mais il apparaît qu’après une période plus ou moins longue de calme dans ce domaine, une première attaque spectaculaire en entraîne toujours une série d’autres par effet d’imitation, d’émulation ou de surenchère, un peu de la même façon que les émeutes suburbaines ou les incendies de voitures à certaines périodes de l’année.

Que faut-il craindre pour l’avenir ?

Plus les médias donneront de retentissement à ce genre d’événement, plus grandes seront les chances qu’ils se reproduisent et de façon de plus en plus spectaculaire afin de frapper les imaginations et provoquer des réactions disproportionnées ou inappropriées des pouvoirs publics. Un tel cycle ne peut qu’être favorable aux intérêts de mouvements sectaires comme l’Etat Islamique qui, même s’il n’est pas à l’origine de ce genre d’action, en profitera largement sur le plan de l’influence et de la propagande.

Quels sont les dispositifs de protection mis en place de nos jours ?

Ce sont des dispositifs classiques de clôturage, de surveillance, de contrôle d’accès et de gardiennage humain, vidéo ou électronique, , etc. qui sont normalement efficaces quand ils sont correctement appliqués par des personnels motivés mais qui résistent mal à l’ennui, à la routine, à la négligence et qui, en tout état de cause, ne permettent pas de faire face à une attaque en règle de type militaire par des personnes bien entraînées et formées.

Faut-il les renforcer ? Qu’est-ce que cela implique en matière de coût, de ressource humaine notamment ?

Il faut d’abord s’assurer de leur bon fonctionnement. Il apparaît que dans la plupart des cas, les attaques ont bénéficié de larges failles ou de négligences dans les systèmes de protection et de surveillance.

Ensuite – et surtout – il faut savoir de quels dangers on cherche à se prémunir. On ne se protège pas de la même façon d’une bande de voleurs de câbles électriques et d’une organisation terroriste armée transnationale. Aucun filet n’a les mailles assez fines et assez solides pour résister à tout. Donc avant de savoir "comment" se défendre, il est primordial de savoir "pourquoi" et "par qui" on est attaqué. Et donc, si possible, tenter d’enrayer le danger le plus en amont possible par des moyens politiques, militaires, de police et de justice de façon à ce que les attaques n’atteignent pas le terrain. A défaut, on en sera toujours réduit à colmater les brèches, à tenter de réparer les effets de la violence sans jamais en supprimer les causes.

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