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Les hommes dorment mieux que les femmes et voilà pourquoi
©Reuters

Sleeping Beauty

D'après une étude de l'université du Texas, les hormones sexuelles influent sur notre sommeil. Les hommes dorment en fait plus et mieux que les femmes. L'horloge biologique des femmes influe particulièrement sur notre sommeil.

Joëlle Adrien

Joëlle Adrien

Joëlle Adrien est neurobiologiste et directrice de recherche à l'INSERM et à la SFRMS (Société française de recherche et médecine du sommeil). Elle est aussi présidente de l'Institut National du Sommeil et de la vigilance, etauteur de Mieux dormir et vaincre l'insomnie, paru chez Larousse en juin 2014.

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D'après une récente étude de l'université du Texas, les hormones sexuelles influeraient sur notre sommeil. Concrètement, quel est leur rôle sur notre façon de dormir ?

La plupart des hormones et notamment les hormones sexuelles (testostérone pour les hommes, oestrogène et progestérone pour les femmes) influencent le fonctionnement du cerveau. En effet, de nombreux neurones (cellules nerveuses du cerveau qui forment et transmettent les messages nerveux) réagissent à la présence d'hormones. Il n'est donc pas étonnant que le sommeil, comme d'autres fonctions essentielles de notre organisme, dépende en partie des hormones sexuelles.

Quelles sont les différences observables entre hommes et femmes en ce qui concerne le sommeil ? Peut-on dire que les hommes dorment vraiment mieux que les femmes ?

On sait depuis longtemps que les femmes dorment -en moyenne- différemment des hommes et que, chez celles-ci, la qualité du sommeil diminue avec l'âge, notamment après la ménopause.

L'étude récente parue dans PNAS confirme que ces différences de sommeil hommes-femmes impliquent notamment un des régulateurs essentiel du sommeil qui est l'horloge biologique. On sait depuis presque 15 ans que les femmes sont naturellement plus "couche-tôt" et "lève-tôt" que les hommes, bien que, dans la vie courante elles se couchent et se lèvent à la même heure que les hommes.

Ce que montre clairement cette étude, c'est que l'horloge biologique des 11 femmes étudiées (pendant la phase folliculaire -avant l'ovulation- de leur cycle ovarien mais aussi la phase lutéale -après l'ovulation) est en avance d'un peu plus d'une heure sur celle des hommes.

Quelles conséquences sur leur sommeil? Dans les conditions de vie normales, les femmes dorment à un horaire "social" qui les forcent à retarder leur heure d'endormissement par rapport à ce que commande leur horloge biologique. Et cette même horloge les réveille heure plus tôt. En conséquence, les femmes ont un sommeil de fin de nuit très perturbé.

La mauvaise synchronisation entre l'horloge biologique et les horaires de sommeil (imposés par le rythme sociétal) explique en partie pourquoi les femmes souffrant d'insomnie sont deux fois plus nombreuses que les hommes.

Les auteurs de l'étude indiquent par ailleurs que cette influence des hormones sexuelles sur l'horloge biologique serait également impliquée dans la plus grande vulnérabilité des femmes au travail de nuit ou posté. Sur ce point, il convient d'être prudent car on sait que de nombreux autres facteurs, notamment socio-démographiques sont impliqués dans l'intolérance au travail en horaires non conventionnels.

Est-il possible d'influer sur ces hormones qui agissent sur notre sommeil ?

Cette question n'est pas vraiment pertinente car si on modifie les taux d'hormones sexuelles, on modifie/perturbe surtout beaucoup d'autres fonctionnements essentiels, et en premier lieu les fonctions sexuelles et celles associées: pilosité, masse musculaire... etc

Dans la pratique, à retenir que la qualité du sommeil dépend d'un bon fonctionnement de l'horloge biologique. A chacun d'améliorer ce fonctionnement par des leviers naturels. Ainsi, l'horloge biologique est stimulée, dans tous les cas, par 1- une exposition à la lumière du jour au moins une heure tous les jours (sortir en plein air le plus possible et ne pas rester à l'intérieur -domicile ou lieu de travail), et 2- une activité physique: marche, sport, ... au moins 30 min par jour. Nos horloges biologiques sont très malmenées par le rythme social moderne: sédentarité, écrans d'ordinateurs, tablettes et smartphone le soir et la nuit, horaires tardifs le soir... Ceci est vrai surtout pour les jeunes dont le sommeil est le plus impacté par les nouvelles technologies.

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