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Hamon-Valls, Le dialogue impossible entre l‘Utopie et la réalité ...
©Capture d'écran France 2

Atlantico Business

L’opposition entre Benoit Hamon et Manuel Valls aura eu au moins un mérite, celui de distinguer très clairement, l’utopie de la réalité ...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Hamon-Valls, jamais des membres dirigeants d’un même parti auront été aussi divergeants, aussi diffèrents. Diamétralement diffèrents. Dans tous les domaines. C’est assez extraordinaire, le fossé idéologique, technique, et programmatique qui les sépare.

Sur le diagnostic économique, ils se tournent le dos.

Benoit Hamon est un keynésien qui pense que la croissance dépend de la demande de consommation, qu’il faut donc alimenter le pouvoir d’achat par des augmentations de salaires ou de prestations sociale.

Benoit Hamon croit à la fin du travail, il prédit l’arrivée des robots, donc il songe à distribuer un revenu universel d’environ 750 euros sans conditions de ressources ou de fortune. Evidemment rien de ce qu’il propose n’est réalisable ou finançable.

Quand l’OFCE lui dit que le revenu universel coutera 450 milliards d’euros c’est-à-dire 33 points de CSG, il panique un peu, il essaie de faire machine arrière en parlant d’une application progressive, puis d’une taxe sur les robots, mais le compte n’y est pas. Peu lui importe, il a gagné son brevet de modernité. Son revenu universel qui avait été imaginé par des libéraux, vendu par Rousseau, fait rêver. Et le rêve remplit les urnes.

Manuel Valls pense que le meilleur moyen de protéger le modèle social est encore de lui donner du carburant et le seul possible, c’est la création de richesse. Pour relancer le moteur de la reprise et de la croissance dans un pays développé, le seul est dans la compétitivité de ses entreprises, dans leur capacité à innover et à investir. Le rôle de l’état est donc de créer les conditions qui faciliteront cette compétitivité. D ‘où le Cice qui avait pour but de reconstituer les marges d’entreprises. Manuel Valls croit au travail, il pense que la technologie va transformer le travail mais surement pas de le supprimer. D’où la loi travail. D’une certaine façon, Manuel Valls (comme beaucoup d’autres responsables politiques) estime que la mission d’un homme politique est d’assumer la réalité, et de s‘y adapter.

Sur l’Europe, ils sont également aux antipodes, l’un de l'autre.

Benoit Hamon, une fois de plus propose de s’affranchir de la réalité européenne en passant outre les règles budgétaires et notamment la maitrise des déficits. Il est d’un laxisme presque supérieur à ce que propose Jean-Luc Mélenchon. Hamon ne veut pas comprendre que l’Union européenne nous sert à mutualiser le cout des dettes. La dette française est achetée à 60 % par des non-résidents ce qui explique, les taux d’intérêt extrêmement bas qui s’établissent, mais les non-résidents achètent cette dette parce que nous appartenons au club des européennes fondateurs . S’affranchir des règles budgétaires et du code européen, reviendrait à quitter le club et ses avantages Projet irréaliste, voir impossible.

Manuel Valls a de son côté un faisceau de critique à l’encontre de l’Europe mais plutôt que de s’en affranchir, il prône un approfondissement de l union européenne. Une coordination fiscale plus forte, une gouvernance plus forte de façon à peser davantage dans le dialogue Franco-allemand. C’est plus compliqué.  C’est plus courageux. Mais c’est plus responsable que de jeter l’Europe dans le bain d’une argumentation démagogique.

Sur l’écologie et l’environnement, le Hiatus est flagrant.

Benoit Hamon a placé la question de l’écologie au centre de son programme et assume une rupture totale avec la culture qui domine la social-démocratie française. La transition écologique est une obligation quasi régalienne. Très bien ! il oublie simplement que l’écologie concerne des milliers d’acteurs, (chefs d’entreprise et consommateurs) que ces acteurs fonctionnent selon leur intérêts, il oublie simplement que l’écologie concerne toute la planète et qu’on ne peut guère tordre le bras des chinois ou des américains. Il oublie aussi qu’on peut difficilement imposer à un peuple de 60 millions d’habitants une croissance faible pour consommer et polluer moins. On ne peut pas exiger la sante pour tous, la durée de vie et les prestations qui vont avec, sans créations de richesse par ailleurs. Sans croissance. Sans Travail. Là encore on est dans le rêve et l’utopie.

Sur le thème de l’écologie, Manuel Valls s’est calé sur les grandes options réalisable au niveau international et arrachées avec beaucoup de difficultés lors de la cob21, un succès assumé par la droite comme par la gauche. Sur ce point, Valls estime que la protection de l’environnement est un défi et qu’il convient de le relever dans des conditions qui soient économiquement responsables.

Sur les faits de société, drogue et migrations c’est aussi le grand divorce.

Benoit Hamon se déclare moderne parce qu’il légalisera le cannabis, Manuel Valls s’inscrira dans une logique de prudence.

Le point des programmes où les positions sont les plus divergentes porte sur les phénomènes migratoires...Benoit Hamon ne lésine pas sur le droit d’asile, l ouverture des frontières, l’acceptation des divergences culturelles... alors que la position de Manuel Valls qui est très connu est beaucoup plus pragmatique. On ouvre la frontière, si et seulement si on est capable d’en assumer les conséquences.

Le jeu entre l’utopie et la réalité a toujours dominé les débats démocratique. Mais à chaque fois que le clivage a ete aussi profond, c’est la démocratie qui en a pris un coup, ou alors c’est le peuple qui en payé la facture. Faut il remonter au clivage entre Danton et Robespierre, entre Lénine et Trotski, entre Marx et Engels ...

L'utopie est évidemment nécessaire à la vie, elle porte en gestation les réformes de l'avenir, dit Jacques Attali, mais elles ont trop souvent besoin d’une révolution pour s’imposer trop vite, et cela, nos démocraties ne peuvent pas l’accepter.

Dans l'histoire, les utopies ont très souvent tué les démocraties. La responsabilité du politique est donc de respecter la réalité, relever les défi que cette réalité impose. Si on ne respecte pas la réalité, elle se venge à chaque fois et c’est le peuple qui en paie le prix.

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