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Guerre commerciale avec la Chine : Donald Trump, champion du poker menteur
©ZACH GIBSON / AFP

Atlantico Business

Le président américain va donc taxer 200 milliards de dollars supplémentaires d’importations chinoises à 10 %.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Donald Trump est véritablement un personnage paradoxal et illisible. Selon les milieux financiers relayés par le Wall Street Journal, ce week end, la Maison Blanche devrait annoncer en début de semaine la décision de taxer 200 milliards d’importations chinoises supplémentaires au taux de 10%. Le but de Donald Trump est de menacer la Chine de taxer la totalité des importations chinoises. Cette information sera confirmée quelques jours avant le début des négociations commerciales le 27 septembre si les autorités chinoises maintiennent le rendez-vous, parce que les rapports sino-américains sont tellement tendus que Pékin songe à claquer la porte. 

Tout se passe comme si le président américain alimentait une escalade qui devrait conduire à un blocage complet. 
Ces 200 milliards de dollars supplémentaires devraient venir s’ajouter aux 50 milliards de produits taxés depuis le mois de juillet et toucheraient cette fois-ci, les produits agro-alimentaires, les produits textiles et électroniques. Selon Donald Trump, il resterait encore 257 milliards de dollars d’importations chinoises à taxer ce qui, à terme, reviendrait à taxer la totalité des produits chinois qui entrent aux Etats-Unis. Il a d’ailleurs ajouté que le montant de 10% pourrait passer à 25% si les négociations commerciales se passaient mal. 
Cette surenchère commence à être dangereuse mais reste invraisemblable aux yeux de la majorité des experts. 
1er point, la partie de poker engagée par Trump peut évidemment mal se terminer. Ces menaces déséquilibrent le commerce mondial où les operateurs hésitent de plus en plus à prendre des risques dans une telle situation d’incertitude. D’où le ralentissement de l’activité. A la limite, le président américain peut même aller jusqu'à proférer des menaces militaires, ce qui aurait des effets catastrophiques. 
2e point, cette situation est d’autant plus invraisemblable que Donald Trump ne peut pas exercer ses menaces, sauf à ce qu’elles se retournent contre les américains eux-mêmes. 
D’abord, la nouvelle salve de taxes sur 200 milliards de dollars d’importations va porter sur des produits de grande consommation, elle entrera en vigueur au moment des fêtes de fin d’année à une période de très forte consommation. Les américains n’apprécieront guère d’en payer la facture en passant à la caisse de l’hypermarché.
Ensuite et c’est le risque le plus important, la Chine détient actuellement plus de 1100 milliards de dollars d’emprunts américains, soit 37% de ses réserves de changes. Depuis le début de l’année, la Chine a été plus souvent vendeuse nette de dette US qu’acheteuse. Elle cède plus de dettes qu’elle n’en achète. Alors les montant sont encore modestes, moins de 4 milliards par mois, mais c’est un signal fort. C’est totalement nouveau. D’autant que la Chine sait soutenir le dollar quand le dollar est soumis à la pression internationale, ce fut le cas en février. En fait, la Chine sait qu’elle a la possibilité de planter la monnaie américaine et elle veut le montrer.
L’Amérique de Donald Trump est surendettée, dette publique et dette privée. C’est par la dette que les américains ont réussi à sortir si vite de la crise mondiale. L’Amérique aujourd’hui a en gros un besoin de financement de 1000 milliards par an (5 fois le besoin français), l’Amérique a donc besoin de ses créanciers. Les pays du Golfe, aussi mais on retrouve surtout l’Asie et particulièrement la Chine. 
Alors si Donald Trump fonctionne comme un homme d’affaires habitué à passer des deals, on peut l’imaginer en joueur de poker préparant sa main avant le départ de la négociation, mais on ne peut pas penser que l’homme d’affaires aille jusqu’à se fâcher avec son banquier principal. 

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