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Google menace-t-il Internet dans sa globalité ?
Google menace-t-il Internet dans sa globalité ?
©DR

Lancement réussi pour Google+

"Exclusivité, perfection technique et intégration" ont permis à Google+ de convaincre plus de 30 millions d’internautes en moins de deux mois. Le moteur de recherche n°1 piétine allègrement les plate-bandes de Facebook et Twitter... Menace-t-il Internet dans sa globalité ?

Frédéric Godart

Frédéric Godart

Fréderic Godart est professeur à l'Insead où il enseigne la théorie des réseaux sociaux et la psychosociologie des organisations. Ses recherches se concentrent sur la mode et le luxe. Il est l’auteur de Sociologie de la mode (La Découverte 2010) et de Penser la mode (IFM/Regard 2011). 

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Le 28 juin 2011, Google lançait son application de réseau social en ligne, Google+, censée concurrencer directement Facebook, et plus indirectement Twitter, deux autres géants du Web. Google+ n’est pas la première tentative de Google pour s’imposer dans les réseaux sociaux en ligne et d’autres projets comme Orkut ou Google Wave avaient déjà vu le jour avec un succès limité.

Google+ a conquis la population de la Belgique en deux semaines

Pour sa part, le lancement de Google+ s’est fait dans les règles de l’art et a connu un important succès, avec près de 10 millions de membres en deux semaines—la population d’un pays comme la Belgique ! Le nombre exact de membres à l’heure actuelle n’est pas connu, mais dépasse sans doute les 30 millions. Nous sommes loin des 750 millions de membres de Facebook, mais le taux de croissance est phénoménal.

Le succès initial de Google+ est fondé sur trois éléments assez simples et qui ont fait leurs preuves. Tout d’abord, l’exclusivité : comme pour Gmail, Google+ a débuté comme service fourni sur invitation, ce qui fait que tout le monde n’y a pas accès. Malgré cela, la croissance du nombre de membres a été au rendez-vous. Ensuite, la perfection technique : Google+ est particulièrement agréable à utiliser. Par exemple, la fonction « Circles » qui permet de créer différents cercles de relations (et de leur attribuer des caractéristiques différentes) est intuitive et sobre ; il suffit de sélectionner des relations et de les glisser dans les différents cercles, aucun texte à rentrer. Enfin, l’intégration : Google+ intègre les fonctions les plus avancées non seulement de Facebook, mais aussi de Twitter. Il est ainsi possible de suivre Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, sans être leurs « amis », et l’information diffusée n’est pas limitée en nombre de caractères, ce qui est le cas pour Twitter (la limite actuelle étant de 140 caractères). L’intégration se fait aussi avec les autres produits Google.

Une image de marque philanthropique qui attire les étudiants

Ce développement récent de Google invite à une réflexion « géopolitique » sur l’avenir de l’Internet et du Web. Google en sort clairement renforcé, même s'il faudra encore attendre quelques mois pour confirmer le succès initial de Google+. Jusqu’à présent la force de Google reposait tout d’abord sur sa présence écrasante dans la publicité sur Internet (qui représente la plus grande partie de son revenu, autour de 90%) et sur sa capacité à créer une image de marque unique qui attire les étudiants les plus talentueux du monde entier. Un autre élément important, et souvent passé sous silence, est la personnalité même des fondateurs de l’entreprise : jeunes, sympathiques, innovateurs, humanistes, occupés à bâtir un meilleur futur…

Google menace Apple

Pourtant, les critiques du géant de l’Internet ne manquent pas : invasion de la vie privée, obsession mercantile et même impact environnemental de serveurs informatiques géants. L’extension de Google vers les réseaux sociaux est une attaque frontale portée à Facebook et Twitter. Cela fait suite à la lente chute de Yahoo! qui n’a jamais pu reprendre son retard sur Google. Les géants d’hier comme Microsoft sont aussi à la traîne et le moteur de recherche du créateur de Windows, Bing, n’a jamais décollé. La question se pose donc d’une domination totale de Google sur l’Internet, déjà très avancée dans les domaines intellectuels : Google Books ou Google Scholar offrent des services uniques aux universitaires qu’aucune autre organisation n’est capable de proposer. Seul Apple fait encore figure de concurrent possible, mais en se concentrant sur les contenants et non les contenus, la firme créée par Steve Jobs reste en réalité menacée.

Le géant Google est donc en mesure d’engloutir l’ensemble de l’Internet et du Web, et peut-être même plus. Je recommande la lecture du récent (et excellent) Google Démocratie par David Angevin et Laurent Alexandre (Naïve 2011) qui explore les conséquences positives et négatives d’un tel scénario.

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