Gabriel Attal, les finances publiques et le virage sado-technocrate du gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
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Gabriel Attal et Bruno Le Maire à l'issue du Conseil des ministres, à l'Elysée.
Gabriel Attal et Bruno Le Maire à l'issue du Conseil des ministres, à l'Elysée.
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Sacrifices

Les dernières annonces faites par Bruno Le Maire ou Gabriel Attal sur les pistes possibles de réductions des dépenses publiques font basculer la politique gouvernementale dans la voie du sado-technocratisme.

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Avec les propositions du Premier ministre, Gabriel Attal, et du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, pour redresser les finances publiques, notamment la proposition de réduire dans le temps l'assurance chômage, ne pensez-vous pas que le gouvernement se prête à une espèce de « sado-technocratisme », d’être obligé de faire « mal » pour que les réformes soient efficaces ?

Don Diego De La Vega : En effet, nous pouvons parler de « sado-technocratisme », ayant une similitude avec le « sado-volontarisme » ou du « sado-libéralisme ». Ces dernières années, nous avons identifié cela comme une tendance à pervertir un certain nombre de courants de pensées et un certain nombre de courants politiques, mais les pervertir an sens sacrificiel. Cela peut refléter un côté pervers, c'est-à-dire qu'en l'occurrence la technocratie a déjà un certain nombre de qualités. Le gouvernement veut prendre des mesures qui vont forcément faire mal. En réalité, il s'agit ni plus ni moins que de cacher un certain nombre de déficits qui font mal. Le gouvernement essaye de rassurer l'électorat macroniste, qui n'est pas vraiment concerné au fond par ces sacrifices puisqu'il s'agit d'un électorat âgé qui n'est pas réellement impacté par les changements de modifications des règles du marché du travail. En réalité, une bonne réforme repose sur la mise en scène du « bâton et de la carotte ». Par exemple, aux Etats-Unis, Ronald Reagan n'avait pas la majorité à la Chambre, ce qui ne l’a pas empêché d'instaurer une taxe pour les entreprises ou les particuliers pour accompagner ses mesures de libéralisation de sa production. Finalement, nous pouvons parler de « sado-technocratisme » en France, sauf qu’il n’y a pas de réelle technocratie.

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Selon vous, le gouvernement actuel n’a pas assez de moyens pour être obligé de recourir à une « sado-technocratie » ?

Je pense qu’il n’y a quasiment aucune activité productive et pas de record sur les marchés financiers, sur le business, dans la gestion de l'État, dans la réforme de l'État ou des collectivités locales. Le meilleur exemple étant le discours, les annonces et les moyens dont dispose Gabriel Attal. Il s'agit d'un sujet absolument caricatural mais on ne pourrait pas en dire autant d'Emmanuel Macron. Evidemment, sur le plan de la popularité, elle bat de l'aile, mais à mon sens, ce n’est clairement pas le gouvernement des meilleurs. Prenons par exemple la Banque centrale européenne où on est censé retrouver les meilleurs spécialistes. Cela fait longtemps qu'il n'y a plus un expert sur les taxes monétaires. C'est la même situation au sein du Comité exécutif de la BCE où le niveau en droit a beaucoup baissé. C'est la même chose pour le gouvernement. L'explication se trouve dans un problème de casting et de recrutement.

Cette situation est-elle représentative de toute la classe politique où cela concerne-t-il uniquement le gouvernement ?

Le sursaut ne serait-il pas plus du tout attendu du gouvernement mais de la part des extrêmes, dans les troupes de Jean-Luc Mélenchon ou dans les troupes de Marine Le Pen ? La France est la quintessence des gestionnaires de l'État ou des gestionnaires du privé.

Le gouvernement dialogue beaucoup avec lui-même et n'est pas du tout au contact avec l'expertise, que cette expertise soit technique, scientifique, monétaire, énergétique. Alors est-ce que la situation est meilleure et plus enviable ailleurs ou chez nos voisins ? Je ne pense pas car il n’y a pas plus d’expertise en réalité. Il faut bien reconnaître que les compétences des dirigeants n'arrêtent pas de se délabrer. Surtout dans le domaine monétaire. Ces difficultés ont été souvent évoquées et se sont matérialisées face à la tempête de la crise sanitaire ou lors des crises économiques mais cela était valable également dans de très nombreux domaines. Cela donne l'impression d’avoir un gouvernement très amateur, alors même que la France est censée représenter ce qui se fait mieux en matière de questions pratiques.

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