G20 de Shanghai : quand le FMI et l’OCDE bousculent les pays occidentaux en raison de leur immobilisme face à l’orage qui gronde sur l’économie mondiale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
G20 de Shanghai : quand le FMI et l’OCDE bousculent les pays occidentaux en raison de leur immobilisme face à l’orage qui gronde sur l’économie mondiale
©Reuters

Pas un geste !

Le G20 finance, regroupant les différents ministres de l'Economie et les banquiers centraux des grandes puissances économiques mondiales, se réunira à partir de ce 26 février à Shanghai. Et ce, dans un contexte de chute des marchés financiers qui préfigure une nouvelle crise économique mondiale.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

Voir la bio »

Atlantico : Ce vendredi 26 février, Shanghai accueille le G20 finance qui regroupe les différents ministres des finances et banquiers centraux des grandes puissances économiques mondiale. A la veille de cette réunion, la FMI et l'OCDE ont lancé à un appel à une "réaction urgente des pouvoirs publics" face au ralentissement de la croissance mondiale. Quels sont les véritables enjeux de cette réunion ? L'OCDE et le FMI font ils preuve de trop d'alarmisme ?

Nicolas Goetzmann :Les signes précurseurs d'une nouvelle crise ne manquent pas, et la baisse des marchés financiers au cours de la dernière année n'a fait que traduire cette situation. Si on se donnait la peine de les regarder. Depuis près de deux ans, un gigantesque jeu de dominos s'est progressivement mis en place. La fin de la politique monétaire expansionniste aux Etats Unis a provoqué une forte hausse du dollar, qui a elle-même engendrée un ralentissement de l'économie chinoise en raison du lien de parité qui existe entre ces deux monnaies. Puis, en cascade, c'est l'ensemble des marchés émergents qui ont été touchés, au même titre que les prix du pétrole (dont la baisse peut être attribuée à 50% à la chute de la demande mondiale). Enfin, par effet de contagion, ce contexte est actuellement en train de mordre, aussi bien sur les Etats Unis que sur l'Europe. Et l'ensemble des indicateurs ; confiance des entreprises, confiance des consommateurs, ont marqué un point d'inflexion à la baisse en ce début d'année. Le FMI et l'OCDE ont bien constaté cette situation, et c'est l'immobilisme des dirigeants des grandes économies mondiales qui devient préoccupant. Car si l'on prend le cas de 2008, la crise a bien plus été le résultat de l'inconséquence des autorités face aux événements qu'aux événements eux-mêmes. L'enjeu de cette réunion est donc vital, il s'agit de prendre acte, et de prendre la mesure d'un contexte qui nécessite, effectivement, une réaction aussi forte qu'immédiate.

Le FMI appelle à une action coordonnée des pays présents afin de contrer une nouvelle crise potentielle. Quels sont les moyens d'action envisageable ?

Le FMI et l'OCDE appellent les pays développés à la relance, aussi bien monétaire que budgétaire. D'un point de vue monétaire, le discours ambiant consiste à mettre en avant l'échec des actions de la Banque centrale européenne et de la FED, au regard des derniers événements. Ce qui n'a absolument aucun sens. La BCE agit, mais d'une manière bien trop timorée pour pouvoir espérer des résultats satisfaisants. Et la preuve de cette affirmation est claire ; l'inflation, au sein de la zone euro, s'affiche à 0.3% alors que l'objectif de la BCE est de parvenir à u niveau proche de 2%. La question de savoir si la BCE est capable d'arriver à ce chiffre de 2% ne se pose même pas, puisqu'elle dispose du contrôle total de la création monétaire, il ne s'agit donc que de volonté. Et cette configuration est présente dans la majorité des grandes économies, qui sont encore bien trop craintives par rapport aux conséquences que pourrait produire une plus grande expansion monétaire. Mais une chose est claire, le risque est bien plus grand de ne rien faire, que d'en faire trop. Concernant le cas spécifique de la Chine, la situation est différente. Pour la deuxième économie du monde, il n'est simplement plus possible de conserver son ancrage au dollar, le pays doit assumer son indépendance monétaire, au risque de voir le ralentissement perdurer, et s'aggraver.

Le FMI appelle également les différents gouvernements à des plans de relance de l'investissement public, notamment au travers des dépenses d'infrastructure. Cette stratégie, dans un environnement de taux bas, permettrait aussi bien de soutenir la croissance que de développer le potentiel économique de chacun des pays. Et ce, à moindre frais.

Le besoin d'un plan coordonné et global est donc réel. Chacun doit faire des efforts de son côté pour parvenir à rééquilibrer le niveau de croissance mondiale.

Concernant la situation européenne et plus particulièrement française, la menace actuelle est-elle sérieuse. Les projections de croissance du gouvernement sont-elles encore conformes aux dernières évolutions de l'économie mondiale ?

Au regard des derniers indicateurs, l'Europe et la France sont clairement menacées. Le retournement de conjoncture en Allemagne est perceptible, notamment au travers des derniers indicateurs de confiance des entreprises.  Le même phénomène est en cours en France, ce qui a pu être constaté dans les dernières publications de l'INSEE (confiance des consommateurs) ou de Markit (indice des directeurs d'achat). Le phénomène le plus inquiétant est sans doute l'habitude prise par les européens de n'en faire qu'à leur tête. Ce qui a pu se vérifier tout au long de ces 8 dernières années. Entre l'échec de l'austérité, la lenteur des institutions, et le manque de clairvoyance des dirigeants, la tendance ne peut être qualifiée de positive. De façon systématique, les européens ont écarté les recommandations formulées par les organismes tels que le FMI ou l'OCDE, comme ils l'ont fait lorsque les Etats Unis les priaient de participer à la croissance mondiale. Le seul espoir européen, à ce jour, est Mario Draghi, qui est seul à se battre pour une politique plus agressive à l'échelle européenne.

Concernant la croissance française, les dernières projections disponibles sont celles de l'OCDE, et le chiffre est attendu à 1.2% pour cette année 2016, contre 1.5% pour les anticipations du gouvernement. La différence est importante, car si un rythme de 1.5% peut permettre une amélioration sur le front de l'emploi, le chiffre de 1.2% rend très hypothétique toute inversion de la courbe du chômage.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !