Franz-Olivier Giesbert : « Le fossé entre les Français et les médias, le monde intellectuel ou celui des universités est de plus en plus large »<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon Franz-Olivier Giesbert, "la crise de la volonté politique s’est accélérée avec Macron".
Selon Franz-Olivier Giesbert, "la crise de la volonté politique s’est accélérée avec Macron".
©Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Déconnexion des élites

À l'occasion de la parution du tome 3 de son Histoire intime de la Ve République, Franz-Olivier Giesbert a accepté de répondre à nos questions.

Franz-Olivier Giesbert

Franz-Olivier Giesbert est journaliste, biographe et romancier. Il a récemment publié une Histoire intime de la Ve République en trois volumes, dont le dernier est paru en novembre 2023.

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Atlantico : Dans Le Figaro Magazine, vous avez déclaré que « nous vivons dans un pays où dès qu'on sort des clous, on vous traite d'extrême droite ». Que voulez-vous dire ? Que l’ambiance politique est détestable ?

Franz-Olivier Giesbert : J'écoute la radio, je regarde la télé, je lis les journaux et qu'est-ce que je vois ? Je vois que toute une partie de la classe politique plutôt à gauche (LFI, les écologistes), pour faire taire un certain nombre de personnes, vous désigne comme étant d’extrême droite. Dès qu'on dit quelque chose qui sort un peu de la doxa obligatoire, on est immédiatement taxé d'extrême-droite, voire de lepéniste ou pire encore. Évidemment, c'est une façon de faire taire l'interlocuteur. C’est ce qu’on appelle du terrorisme intellectuel. Autrefois, le mot clé était anticommuniste. Ça faisait taire systématiquement ceux qui critiquaient l'Union soviétique et tous ces paradis maoïstes avec ces millions de morts. Dès qu’on faisait remarquer un problème, vous étiez anticommuniste. Aujourd'hui, c'est différent. L’insulte anticommuniste ne porte plus comme elle pouvait porter autrefois. Il y a encore quelques années, vous étiez fasciste ; mais l’argument ne marche plus, donc on a trouvé l’extrême droite. Ça, c'est le terrorisme intellectuel débile auquel il ne faut pas céder. J’y suis de temps en temps confronté et ça me fait rigoler. 

La gauche radicale s’est installée dans les médias, la magistrature, les universités et chez les artistes. Comment fait-on pour reprendre la main alors qu'on a laissé s'installer, au cœur du monde intellectuel, une vision qui ne se reconnaît manifestement pas dans les valeurs de la République et de la démocratie libérale ?

Vous avez bien vu qu'il y a un fossé qui est de plus en plus large aujourd'hui entre les Français et les médias, mais aussi avec le monde intellectuel ou celui des universités. Il y a vraiment un fossé qui ne cesse de s'agrandir. C'est un fait très frappant et qui a tendance à progresser avec le temps.

Moi, je crois beaucoup au débat. Je crois beaucoup au débat avec des arguments échangés, avec sérénité de préférence. Parfois, on peut élever le ton. La formule «vous parlez comme l'extrême-droite », c'est justement une façon d'empêcher le débat. Si ces gens ne veulent pas débattre, il faut le faire tout seul. Il faut défendre ses positions. Je crois que c'est extrêmement important. Au fond, ces idéologies sont aujourd'hui dominantes uniquement dans les médias ou dans les universités. Ces idéologies sont très fragiles et presque ridicules au regard de ce qui se passe dans le monde. 

Finalement, le « en même temps » d’Emmanuel Macron n’est-il pas le symptôme d'une société immature qui veut tout et son contraire en même temps ? On le voit sur le sujet de l’immigration. Est-ce qu’on arrive encore à être ferme quand il faut ? 

Je pense que le problème du président Macron, que les Français ont perçu aujourd'hui, c'est qu'il a un gros déficit de colonnes vertébrales. Je ne sais pas ce qu'il pense. Il fait de la com' ! 

Les problèmes qui se posent aujourd'hui à la France et qui sont nombreux (immigration, désindustrialisation, école etc), demandent une main de fer et du volontarisme. La crise de la volonté politique s’est accélérée avec Macron. Il pense que la com' va servir le politique et il a aussi une façon un petit peu enfantine de détourner l'attention, de faire croire que les Français seront dupes. Prenons un exemple. Avec tout ce qui se passe aujourd'hui, on va nous faire une réforme constitutionnelle pour y intégrer le droit à l'avortement. Tout ça, ce sont vraiment des plaisanteries. On ne s'occupe pas de l'essentiel. D’une certaine manière, je dirais même qu’on est dans le déni et qu’on essaye de regarder à côté. De ce point de vue, Emmanuel Macron n'a pas réglé les problèmes puisque son souci, justement, c'est de les évacuer. Finalement, c'est vrai que son bilan est particulièrement médiocre parce que c'est un mandat pendant lequel, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de vraie grande réforme à part la réforme des retraites, qui est morte née. A peine votée, on a observé très vite que les régimes de retraite seraient à nouveau en déficit.

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