François : entre pièges et réformes nécessaires, sur quel chemin le pape va-t-il mener l'Eglise ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Au lendemain de l'élection de François, de nombreux chantiers attendent des réponses.
Au lendemain de l'élection de François, de nombreux chantiers attendent des réponses.
©Reuters

Lendemain d'élection

Quelles sont les grandes tendances qui pourraient caractériser le pontificat de François ? Au lendemain de son élection, de nombreux chantiers attendent des réponses.

Jean-Sébastien Philippart

Jean-Sébastien Philippart

Jean-Sébastien Philippart est philosophe. Il est Conférencier à l'Ecole Supérieure des Arts de Bruxelles. Il est également auteur pour la revue MondesFrancophones.com.

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Atlantico : L’Église a un nouveau pape en la personne de Jorge Mario Bergoglio. Vers quel chemin ce choix engage l’Église ?

Jean-Sébastien Philippart : En revêtant le nom de François pour la première fois, son pasteur engage a priori l’Église à faire montre d’exemplarité comme l’ordre des mendiants, en ne s’installant pas dans le monde (de la propriété), en refusant l’apparat et en ne se cloîtrant pas. Tout un programme.

Jorge Mario Bergoglio est le premier pape sud-américain de l’Histoire. S’agit-il d’une évolution fondamentale pour l’Eglise ? Quelles sont les conséquences de ce choix ?

On peut y voir à première vue le geste fort d’un "décentrement" comme si l’Église prenait enfin acte de sa propre mondialisation. Si avec Benoît XVI, l’Église a fait le choix de la stabilité face à l’incertitude provoquée par la mort de Jean-Paul II, elle semble aujourd’hui avoir fait le choix d’assumer le renouvellement. L’immense enthousiasme que cela génère déjà  risque donc de tomber de très haut si les promesses ne sont pas tenues.

Cela signifie-t-il que l’Église tire les conséquences de son relatif déclin en Europe ? Sera-t-elle désormais tournée davantage vers le reste monde ?

En réalité rien n’est moins sûr. Car se décentrer vers l’Amérique du Sud revient certes à reconnaître que l’énergie n’est plus européenne, mais c’est aussi se retrouver. Au lieu de repenser sa place au sein d’un monde désacralisé (l’Europe), avec cette élection, l’Église se retourne vers un monde (l’Argentine) dont elle est toujours le centre de gravité.

Peut-on interpréter l’élection de Bergoglio comme une défaite des conservateurs ?

Le paradoxe est qu’il n’y a pas plus fidèle à un pape qu’un conservateur.

Comment néanmoins interpréter le paradoxe entre ce choix plutôt progressiste, qui semble répondre à une attente de la communauté catholique au sens large, et le fait que les pratiquants, ceux qui se rendent encore à l’église, soient relativement conservateurs ?

Il ne faut pas confondre l’Église (dans le sens de la communauté des croyants) avec les églises. Nombre de catholiques n’hésitent pas à s’affirmer non-pratiquants comme gage de leur modernité.

Jorge Mario Bergoglio a choisi le nom de François en référence à François D’Assise et à son combat contre la pauvreté. Quel peut être aujourd’hui le rôle de l’Église dans cette lutte ?

En replaçant avec force au centre de son discours la valeur de la simplicité volontaire, l’Église ne manquera sans doute pas d’entrer en résonance ou d’amplifier un discours écologique qui a plutôt bonne presse. Mais demeure une question : en se dépouillant volontairement (comme saint François) rencontre-ton réellement les pauvres involontaires ?

Jorge Mario Bergoglio est également le premier pape jésuite. Quel peut être l’influence de cet ordre sur sa vision de l’Eglise et du monde ?

Selon moi, le trait qui caractérise le mieux un jésuite n’est autre que la curiosité, c’est-à-dire la nécessité pour que la réflexion ait lieu de porter son regard le plus loin possible. Et donc le caractère jésuite de notre nouveau pape est peut-être celui-là qui sera à même de réconcilier l’Église avec un monde désacralisé.

Quels sont les autres chantiers importants qu’il devra mener en priorité ? Peut-on attendre de ce nouveau Pape une réponse aux derniers scandales qui ont éclaboussé le Vatican ?

Aller à la rencontre de tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans l’Église à travers une humilité qui transfigure le scandale en une demande de pardon.

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