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François Hollande veut contenter tout le monde… et ne rassure personne
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L'édito de Jean-Marc Sylvestre. François Hollande s’est encore mis en porte-à-faux. Les contribuables, les chômeurs, les patrons d’entreprises n’ont rien appris de neuf.

Dimanche soir, François Hollande est resté très déterminé dans son engagement sur le dossier Syrien, mais comme la perspective d’une opération militaire s’est éloignée, il a expliqué que la solution diplomatique n’est apparue que parce que la France avait menacé la Syrie de frappes militaires. Les Russes, les américains et les anglais risquent  de ne pas trop apprécier cette forme  d’arrogance. Ceci étant, la crise Syrienne ayant changé de dimension, le président de la République s’est retrouvé sans sujet. Obligé donc d’aborder les questions qui fâchent vraiment les Français. Sur l’emploi, les impôts, la croissance, il  s’est voulu rassurant et optimiste mais là encore, il n’a donné aucun élément nouveau capable de répondre aux inquiétudes et de crédibiliser cet optimisme.

Hollande voulait le 20H de TF1. Le Président souhaitait expliquer la détermination de la France à s’engager militairement en Syrie. Dès le départ, le dossier a pris une ampleur considérable  et  François Hollande a immédiatement revêtu l’habit du chef de guerre. Certains avaient beau murmurer discrètement que l'on manquait peut-être de preuves certaines, qu’il faudrait prévoir ce que l'on pourrait faire après avoir infligé les frappes. D’autres suggéraient qu’il faudrait peut-être ne pas y aller seul. En bref, François Hollande a été sévèrement critiqué par une opinion qui ne comprenait guère la finalité de l’opération. Mais rien n’y a fait. Pourquoi ? Tout simplement parce que François Hollande ne voulait pas seulement faire la guerre. Il savait après l’intervention au Mali, qu'une opération militaire lui permettait d’occuper le terrain médiatique, d’occulter des problèmes domestiques qu'il ne veut pas résoudre  et, in fine, il savait que la guerre pouvait redorer son blason.

Le problème, c’est que la situation a complètement changé. La France s’est retrouvée un peu seule. L’intervention de la Russie, puis l’accord négocié avec les États-Unis pour un démantèlement des stocks de gaz chimiques a repoussé la perspective d’une intervention. Le dossier Syrien a donc perdu de son urgence et de son poids. Alors François Hollande a fini par expliquer que c’est parce qu'il a fait preuve de fermeté et de menaces que la solution diplomatique a été possible. En clair, il a pris les diplomates américains et russes pour des petits garçons qu’ils ne sont pas. Mais, revers de la solution politique, la nouvelle donne a déshabillé toute la communication envisagée par le Président. Impossible de faire toute une émission sur la Syrie. François Hollande s’est donc retrouvé dimanche soir obligé d’affronter les problèmes qui préoccupent les Français, l’économie, les impôts, l’emploi, le pouvoir d’achat. Des problèmes sur lesquels il n’a aucune réponse nouvelle.

Sur l’emploi, il répète que la courbe du chômage sera renversée, contrairement à toutes les études, les analyses. La seule solution dont il dispose passe par les emplois aidés et les emplois d’avenir. Ce que l’on savait. Sur les impôts, pour les artisans et les commerçants, pour les chefs d’entreprise, sur les retraites ou à propos du budget : Rien de nouveau. Il y a pourtant des pans entiers de la politique économique qui mériteraient une explication parce qu’ils nourrissent l’inquiétude des Français. En fait, il y avait trois questions à poser au président de la République.

Pourquoi la gouvernance française se refuse-t-elle à engager des réformes de structures fortes de façon à réguler et à sécuriser le système des retraites et le régime de l’assurance maladie ? Pourquoi la gouvernance française se refuse-t-elle à corriger le déficit de compétitivité des entreprises françaises ? Enfin, pourquoi ne pas se résoudre à baisser sérieusement le montant des dépenses publiques et sociales ? La promesse d’amélioration de l’emploi ne sera crédible que si les entreprises privées commencent à embaucher. Or, les seules entreprises françaises qui embauchent aujourd’hui le font pour investir et pour se développer à l’étranger. Les entreprises françaises se mettront à créer des emplois dans l’hexagone quand les conditions de la compétitivité seront restaurées. Il n y a pas d’autres moyens.

La Grande Bretagne reconstruit son industrie, et ses emplois par une baisse des impôts et du coût du travail. La Grèce, l’Italie, l’Espagne  commencent à se redresser par une baisse du prix de ses actifs, une baisse des impôts, des taxes et une baisse du cout du travail. L’Europe tout entière sort  peu à peu de la crise, sauf la France. Mais si l’Europe toute entière organise sa sortie de crise, elle ne peut le faire que par une baisse très importante de ses dépenses publiques. La promesse de baisse d’impôts ne sera crédible auprès des contribuables, des chefs d’entreprise ou des particuliers que le jour ou l’État annoncera en même temps une baisse des dépenses publiques. Or, sur le déficit de l’État et sur la dette, François Hollande n’a rien dit de nouveau. Et pour cause, tout ce qu’il aurait pu annoncer comme réforme qui répondent aux principes de réalité et qui sont obligatoires, l’aurait mis en difficulté par rapport à sa majorité.

Comment annoncer à ses électeurs fonctionnaires qu’il faudra nécessairement réduire les effectifs de la fonction publiques et aligner, un jour prochain, les systèmes de retraites sur ceux du privé. Comment dire aux chefs d’entreprise à qui on a promis une amélioration de la compétitivité que l'on va augmenter la cotisation retraite, et que l'on pourrait créer une taxe supplémentaire sur le diesel.

Mais si on ne le fait pas… Comment convaincre les alliés écologistes qu’il est déterminé à pénaliser la consommation de gasoil. François Hollande a beaucoup de mal à faire croire qu’il va prendre des décisions en disant qu'il ne les prendra pas tout de suite.

Françoise Hollande n’a rassuré personne. Surement pas les diplomates américains qui doivent sourire, surement pas les chômeurs qui attendent le renversement de la courbe, surement pas les contribuables qui n’ont aucune raison de croire qu' on va baisser les impôts, surement pas les chefs d’entreprises qui n’ont toujours pas compris si on allait re-défiscaliser les heures supplémentaires ou pas, surement pas les écologistes qui ne croient plus ce que le gouvernement leur raconte, surement pas les fonctionnaires qui savent bien que le système actuel de financement publique ne peut pas durer. En voulant contenter tout le monde François Hollande n’a, comme d’habitude, satisfait personne.

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