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Hockey sur glace : l'un de ces sports dont tout le monde se fout
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Petits sports deviendront grands ?

Un but en lucarne de Cristiano Ronaldo serait-il plus superbe qu’un slapshot (lancer frappé) de Yannick Riendeau, l’ailier canadien des Ducs de Dijon, finalistes ce dimanche de la Coupe de France de hockey sur glace face aux Dragons Rouennais ?

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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Comparaison n’est pas raison, et la formidable réalité des chiffres l’emporte toujours. Les chaînes de télévision, quoi qu’elles en disent ou promettent, nous délivrent toujours ce que le plus grand nombre veut voir ou qu’elles veulent lui faire voir. Et leur critère unique de choix d’événement sportif à diffuser est l’incontournable, l’axiomatique « audimat ». Et tout sport, toute discipline n’obéissant pas à cette dictature de l’audience, en sort inexorablement puni, banni, voire voué à la disparition. Le kayak, le taekwondoo et même l’escrime, ou désormais la boxe, n’attirent que des miettes médiatiques à un banquet de plus en plus fastueux.

Car les sponsors nourrissent désormais presque exclusivement le sport d’élite, professionnel, le seul à drainer en masse l’intérêt des téléspectateurs. Et ces groupes, multinationaux, se battent pour injecter les milliards d’euros (entre quatre et six sur le marché français en 2011, contre trente… millions par an à l’orée des années 1980 !) là où justement leur investissement peut leur rapporter le plus. Pas de place pour le hasard ou pire, l’incertitude, fut-elle glorieuse. Le cercle est vicieux. Le téléspectateur et désormais l’internaute, qui paient chaque année plus cher (redevance, chaînes payantes, pay per-view, TNT, opérateurs…) un spectacle qu’on leur fabrique de plus en plus à leur mesure (horaires, règles du jeu, images), préfèrent dix ou cent fois (en terme d’audience) avaler un PSG-OM de foot que déguster un Chambéry-Montpellier de handball, pourtant très supérieur le plus souvent en valeur intrinsèque.

Ce dimanche, la finale nationale de la Coupe de hockey sur glace, prometteuse en diable et bien certainement comme à chaque fois intense, palpitante, sera retransmise…  en différé, et bien entendu pas sur une chaîne « gratuite ». Appréciée à Bercy par 13 000 spectateurs bouillants, et par guère davantage de cinq ou dix fois plus d’amateurs devant leur poste. Autrement dit, en l’état, sans la moindre adjuvance de « voyeurs », c’est-à-dire de cette audience, du football ou parfois du rugby ou du Tour de France par exemple, quelque peu préfabriquée, dont une importante proportion ne se délecte que d’une humiliation de l’équipe adverse, de la coiffure de Chabal ou du coup de pédale suspect de Contador.

Cette finale de hockey, on s’en doute, n’a pas été « vendue » à la hauteur de sa qualité sportive. Le hockey pour les raisons précitées « n’intéresse » pas les parrains ni en conséquence les télévisions et leurs annonceurs. Pas plus que ne parvient à s’exposer le volley-ball, notamment féminin, dont la Fédération a été jusqu’à… payer pour que l’on diffuse quelques matches de sa Ligue !

Mais le combat est perpétuel dans la course à la popularisation et à sa conséquence directe, la lumière cathodique. Et les sportifs, enfin eux, n’y sont pas étrangers. Le hand s’est incontestablement extrait de l’anonymat depuis l’émergence des Barjots, puis des Costauds et enfin des Experts, entraînant derrière ces nouvelles stars, en même temps « bankable », un afflux de nouveaux adhérents permettant à ce sport de rejoindre le basket en nombre de licenciés (450 000). Un essor toujours pas suffisant pour détrôner le ballon rond ou même ovale en termes  de droits télé : six cents millions annuels pour la Ligue 1, trente-deux pour le Top 14 et… 1,2 million pour la D1 de hand. Des rapports en voie peut-être de s’inverser, du moins de se rééquilibrer, quand on sait le prix apporté par des entreprises ou des marques aux fameuses « valeurs » symbolisées par des sports ou disciplines jusqu’ici confidentiels. A l’instar du football féminin et de son équipe de France, bien plus valeureuse et méritante ces derniers temps que son homologue masculine, dans laquelle les notions d’honneur, de désintéressement et de solidarité se sont évaporées sous l’effet de la climatisation d’un bus sud-africain… 

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