La France renverse la Belgique et démontre la supériorité de la mentalité sur la tactique<!-- --> | Atlantico.fr
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Kylian Mbappé se bat pour le ballon avec le défenseur belge Jason Denayer et le gardien belge Thibaut Courtois lors de la demi-finale de l'UEFA Nations League entre la Belgique et la France, le 7 octobre 2021.
Kylian Mbappé se bat pour le ballon avec le défenseur belge Jason Denayer et le gardien belge Thibaut Courtois lors de la demi-finale de l'UEFA Nations League entre la Belgique et la France, le 7 octobre 2021.
©FRANCK FIFE / AFP

Final Four de la Ligue des Nations 

À l'issue d'un scénario à couper le souffle, les bleus, à nouveau bourreaux des Belges, se qualifient pour la finale de la Ligue des Nations. Atones et arythmiques en première période, ils ont montré un tout autre visage lors de la seconde pour l'emporter en toute fin de match sur une belle frappe de Théo Hernandez. Dimanche soir, l'équipe de France jouera le titre contre l'Espagne, à Milan.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Si elle est loin d'être installée dans le cœur des gens et si elle ne possède pas le charme prestigieux des compétitions qui ont traversé les siècles, cette jeune Ligue des Nations reste, pour plus d'une raison, tout de même particulièrement intéressante. Déjà parce cette compétition est préférable aux mornes matchs amicaux traditionnels... Ensuite parce que l'affiche de cette demi-finale, opposant deux voisins de palier, classés premier et quatrième au classement Fifa, avait une gueule folle... Enfin, et peut-être surtout, parce qu'on s'ennuie moins devant ce genre de match que pendant certaines vacances avec ses gosses. Bon, je sens que le dernier argument a fini de vous convaincre. Quoiqu'il en soit, avec deux belles équipes et un parfum de revanche dans l'air (un petit contentieux à régler depuis le but d'Umtiti inscrit à St Pétersbourg il y a un peu plus de trois ans), la soirée promettait d'être belle pour les vieux petits garçons que nous sommes. 
Et elle le fût. Intensément. Magnifiquement. Et incroyablement... C'est toujours comme ça quand les supporters passent par tous les états d'âme, toutes les émotions, et quand une équipe va chercher une victoire inespérée alors que plus personne n'y croit. Car il faut bien reconnaître qu'on n'en menait pas large à la fin de la première mi-temps, quand nous étions menés 2/0, quand les Belges nous marchaient dessus et que l'affaire prenait mauvaise tournure. Arythmiques offensivement, incapables de toucher leurs pistons, inoffensifs dans le pressing, c'est peu dire que les Français vivaient un véritable calvaire au fur et à mesure que les minutes passaient. Avec pour conséquence deux buts encaissés pour cause d'insuffisances défensives. Sur le premier, Pavard était en retard, Koundé se tournait et Lloris anticipait mal sur une frappe maligne de Carrasco (36e). Sur le second, c'est Lucas Hernandez qui se faisait déposer avant que Lloris ne se fasse crucifier par un tir splendide, d'une puissance folle, de Lukaku (40e). Moralité, en foot, les conneries c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer. 

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Mais au retour des vestiaires, attention, changement RADICAL de décor ! Car nos français allaient frapper fort ! Très fort ! Et trois fois s'il vous plaît ! Par Benzema d'abord (61e), par Mbappé sur pénalty ensuite (68e) et enfin par Théo Hernandez à la fin du temps réglementaire, à un moment où l'on pensait, depuis longtemps, que l'heure de la soupe à l'union était passée. Alors je vous entends me crier : mais comment diable expliquer un tel miracle ? Chers lecteurs, la réponse est simple : il faut croire, c'est tout. En quoi ? Mais d'abord en l'orgueil des joueurs qui pensent que la victoire est toujours possible... Croire ensuite que le discours de Didier Deschamps saura porter ses fruits à la mi-temps... Croire encore dans la VAR qui invalide un but qui aurait offert la victoire aux Belges à la 87ème minute... Et enfin croire à la magie totalement inexplicable de ce genre de soirée. Voilà, c'est aussi bête que ça. Des soirées qui possèdent, entres autres, la vertu indéniable de me redonner la joie d'un enfant de dix ans. Vous riez ? C'est pourtant bien la preuve qu'il n'est jamais trop tard pour avoir dix ans. Et c'est aussi la preuve que ce sport est fou, tant le contraste des deux périodes est invraisemblable, tant les deux équipes se sont rendues coups sur coups, tant le scénario de ce match restera incroyable et inoubliable. Pour résumer la chose en une phrase, les bleus ont montré en seconde période tout ce que nous appelions de nos vœux et qui leur avait cruellement manqué en première. Voilà. Et c'est comme ça qu'on les aime, quand ils montent en puissance, qu'ils sont entreprenants, qu'ils jouent haut, qu'ils pressent ensemble, et qu'ils sont portés par une saine révolte.
Ces choses étant dites, au niveau des prestations individuelles, que retenir ? 

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Clairement, qu'Mbappé (l'homme du match) a pesé de tout son poids dans les débats en étant créatif et électrique de bout en bout. Pour être franc, quand il s'enflamme comme ça, on fond. Au cœur d'une actualité entourant son vrai/faux départ du PSG aussi usante pour lui que lassante pour les autres, l'attaquant de l'équipe de France était attendu au tournant et il n'a pas déçu. Chapeau, car ce n'est pas donné à tout le monde. L'autre grande satisfaction s'appelle Benzema. Pourquoi ? Parce qu'il fallait un sacré mental pour dépasser une première mi-temps en grande partie ratée, dans laquelle il avait paru fatigué, pour finalement traverser la seconde en trombe. Précieux par son activité et son altruisme, utile dans les petits périmètres, saisissant de vitesse gestuelle sur son but en pivot, le Madrilène a encore été bluffant. Et puis comment oublier Théo Hernandez et sa frappe victorieuse qui change tout ? Des générosités comme ça, des obstinations comme ça, ça va chercher loin... Quasiment à St Vincent de Paul. C'est dire.
Mais si certains méritent les louanges, d'autres ont fait moins bien... Car Varane et Lucas Hernandez ont vécu un calvaire face à un Lukaku des grands soirs. Le premier couvrant Carrasco sur l'action du premier but et le second étant mangé tout cru sur le second, ils n'auront finalement pas fait beaucoup mieux que Rabiot, transparent hier soir, face à un Eden Hazard qui n'aura pas fait dans l'aléatoire... À souligner également le drôle de match de Lloris, impérial à certains moments (3e, 73e), mais pas exempt de tout reproche sur les deux buts encaissés.
Pour finir, il faut évidemment insister sur l'impact du management et le recadrage supposés de Didier Deschamps lors de la mi-temps. Un sélectionneur qui a su tout changer... en ne changeant rien... si ce n'est l'état d'esprit. Comme quoi les systèmes n'ont de valeur que par la mentalité qui les anime. Un constat qui devrait inviter à beaucoup de modestie nombre de suiveurs, commentateurs ou journalistes donneurs de leçons tactiques à bon marché. Mais ne rêvons pas.

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Au bout du compte, ce match épatant qui laisse dans son sillage un sentiment formidable restera dans les annales comme une sorte de catéchisme de ténacité et de persévérance... Bien sûr, l'équipe de France n'a pas tout bien fait, loin s'en faut... Bien sûr, le chantier de la défense est toujours en cours... Mais il faut reconnaître que sur les quarante-cinq dernières minutes de ce sacré match, les bleus sont enfin redevenus les bleus. Ils ont tangué sévèrement c'est vrai... Ils ont frôlé le KO d'accord... Mais ils ont su rester debout, et c'est bien l'essentiel. Et c'est bien de haute lutte, en revenant des enfers, que nos bleus ont arraché le droit d'affronter une équipe d'Espagne en plein boum en finale de Ligue des Nations dimanche prochain. D'ici-là, Didier Deschamps s'immergera dans la préparation de la rencontre avec toutes les conséquences que cela implique pour lui comme pour tous les sélectionneurs des grandes nations de ce sport. Car qu'est-ce que sélectionner au fond ? Et bien c'est tout sauf une sinécure. Sélectionner, ce n'est pas seulement choisir des joueurs... c'est également subir des centaines de milliers de critiques plus ou moins fondées... c'est rôder au carrefour des décisions... c'est passer des nuits au sommeil raréfié... c'est être sur le doute toute la sainte journée... et c'est aussi donner des tas d'interviews paradoxales. Pourquoi paradoxales ? Parce qu'un expert sait toujours ce qu'il ne sait pas et qu'il doit tenter de l'expliquer à tous ceux qui ne savent pas qu'ils l'ignorent. C'est clair non ? 
Voilà donc, en gros, le joli programme qui attend Didier Deschamps d'ici la finale désormais tant attendue contre l'Espagne. Même si cela paraît faire beaucoup pour un seul homme, ne soyez toutefois pas trop inquiets pour lui car il en a vu d'autres. Quand, comme lui, on entraîne depuis l'âge des casernes, on n'est plus dupe de rien. On sait depuis longtemps que les compétences s'arrêtent toujours là où les impondérables commencent. 
À dimanche.

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