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Ces femmes ou ces minorités qui votent républicain aux Etats-Unis : pourquoi elles ne sont ni aliénées, ni victimes de fake news, n’en déplaise à ceux qui ne les comprennent pas
©JASON REDMOND / AFP

Elections américaines

Aux Etats-Unis, les minorités ont un arbitrage difficile à faire pour le vote. Les femmes républicaines qui ne veulent pas d'un féminisme à la démocrate doivent voter pour un parti ou des candidats qui ont une vision de la femme qu'ils réprouvent. La sénatrice Collins défend par exemple Kavanaugh et le confirme à la Cour suprême tout en reconnaissant sa sensibilité de femme aux enjeux de l'affaire, ou encore soutient Trump malgré ses saillies misogynes. Plus largement, les femmes ou les minorités ethniques ont particulièrement survoté pour Donald Trump lors de la présidentielle par rapport aux estimations.

Marie-Cécile  Naves

Marie-Cécile Naves

Marie-Cécile Naves, docteure en sciences politiques,​ est​ chargée de cours à Audencia Nantes​. Son ​dernier ouvrage paru ​est Le nouveau visage des droites américaines. Les obsessions morales, raciales et fiscales des États-Unis (FYP Editions, 2015).

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Atlantico : Pourquoi a-t-on aujourd'hui du mal à considérer qu'une femme républicaine vote républicain ?

Marie-Cécile Naves : Les républicains n'ont pas un programme que l'on pourrait qualifier d'émancipateur pour les femmes. Leur "plateforme" (profession de foi) de 2016 prône l'interdiction de l'avortement ; ils sont opposés à l'éducation sexuelle à l'école ; les élus républicains se sont toujours montrés défavorables aux lois luttant contre les discriminations salariales ; et les valeurs traditionnelles, chrétiennes, patriarcales sont encore largement prônées par le GOP. L'intériorisation des stéréotypes de genre, le modèle de la famille traditionnelle (époux "breadwinner", épouse s'occupant des enfants et d'activités caritatives, poids de la religion au quotidien) perdure mais a du plomb dans l'aile. De plus, il faut croiser le sexe, l'origine ethnique, le niveau de diplôme et la situation de famille pour faire une sociologie électorale : les femmes blanches non diplômées et mariées, pour aller vite, sont proportionnellement plus nombreuses à voter républicain que les femmes blanches (et, plus encore, noires) diplômées du supérieur et vivant dans les suburbs ou les métropoles. J'ajoute que l'adhésion à Trump a baissé parmi les femmes blanches (qui ont voté majoritairement pour lui en 2016) du fait des scandales sexuels dont il fait l'objet. Le vote féminin républicain sera un marqueur fort des Midterms du 6.11.

La stratégie de vote "minoritaire" n'est-elle pas systématiquement mise en balance avec d'autres stratégies de vote, d'autres exigences, qui fait qu'une "minorité" ne votera plus pour le parti qui défend les minorités, tel le parti démocrate aux Etats-Unis ? 

Encore une fois, il faut croiser l'appartenance ethnique avec le niveau de diplôme, mais aussi le niveau de revenu, le sexe et le territoire de vie, ainsi que l'orientation sexuelle (pour parler des minorités sexuelles). Et cela dépend des sujets de l'agenda. Les Latinos, par exemple, majoritairement catholiques, ont attachés aux valeurs familiales et les responsables républicains réfléchissent à la manière de s'adresser à eux, étant donner que leur poids électoral va aller croissant. Mais le parti démocrate répond davantage aux droits des minorités que le parti républicain.

Ces choix de vote ne modifient-ils pas l'approche que ces "minorités" ont de leur statut "minoritaire" ?

A partir du moment où vous avez un président qui attise les divisions raciales et les clivages sociaux et de genre, qui porte atteinte aux droits des LGBT par exemple, comme c'est le cas aujourd'hui, les groupes minoritaires se sentent stigmatisés et, pour le coup, renvoyés à leur statut minoritaire. Au contraire, un projet politique inclusif et indifférenciant diminue le sentiment d'appartenir à une minorité.

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