Facebook peut-il réellement menacer Google sur le terrain de la recherche ?<!-- --> | Atlantico.fr
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acebook permettra désormais à ses utilisateurs de faire des recherches sur n'importe quel thème.
acebook permettra désormais à ses utilisateurs de faire des recherches sur n'importe quel thème.
©Reuters

Nouveau service

Facebook permettra désormais à ses utilisateurs de faire des recherches sur n'importe quel thème. Un nouveau service qui marque la convergence d'activité entre les deux géants du web.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Atlantico : Facebook devient un moteur de recherche pour trouver des informations sur n'importe quel sujet. Cette nouvelle fonctionnalité est en train d'être déployée aux Etats-Unis sur iOS, Android et desktop. Quelles sont les modalités techniques de ce moteur de recherche intégré au réseau social ?

Jean-Gabriel Ganascia : D’après les informations dont on dispose, Facebook souhaite mettre à profit les informations de son réseau social pour répondre aux questions des utilisateurs. Ceci signifie d’abord que les réponses aux requêtes postées sur le moteur de Facebook pourraient s’enrichir des échanges qui ont lieu sur le réseau social, en référence soit aux contenus littéraux de ces échanges, soit aux sites pointés au cours des discussions. Indéniablement, Facebook dispose là de ressources précieuses qui ne se trouvent pas sur les pages web qu’explorent les robots de Google. En second lieu, les réseaux sociaux, et en particulier Facebook, disposent d’informations très détaillées sur chacun d’entre ses membres, ce qui aide à les profiler, c’est-à-dire à déterminer leur profil psychologique, éducatif, culturel, social, etc. Celui-ci permettrait de configurer les réponses en fonction des capacités intellectuelles et cognitives de chacun. Facebook se propose ainsi d’organiser les résultats de façon synthétique et personnalisée afin d’aider au mieux chacun des utilisateurs. Cette exploitation des échanges nourrira très certainement les rubriques d’actualité ainsi que les sujets encyclopédiques. Quant aux recherches ciblées sur les individus, elles trouveront à s’alimenter sur le réseau social, à condition que ceux-ci y soient présents. Et, il en va de même pour d’autres utilisations plus institutionnelles.

A quelle stratégie correspond selon vous cette intervention ? A quels objectifs répond-elle ?

La stratégie de Facebook découle tout naturellement de ce qui vient d’être dit : pour être référencé, un individu doit soit être mentionné dans les discussions, soit posséder une page avec les informations qu’il souhaite porter à la connaissance du public. Il en va de même pour une institution qui désire se faire connaître, par exemple pour une université, un journal, une entreprise, etc. Il en découle implicitement que, pour apparaître sur le moteur de Facebook, il est préférable soit d’être mentionné dans les discussions sur Facebook, soit, à défaut, d’être au moins présent sur Facebook. Le succès de ce moteur incitera donc tous ceux qui veulent accéder à la reconnaissance individuelle ou collective, à se créer un compte Facebook et à le nourrir. Ce serait là un argument imparable pour convaincre tous ceux qui hésitent encore. L’objectif de Facebook est donc double : d’une part accroître sa part dans l’univers des réseaux sociaux, ce qui se justifie pleinement du fait de l’existence de nombreux autres réseaux sociaux spécialisés qui lui font de plus en plus concurrence, d’autre part, investir un secteur nouveau, celui des moteurs de recherche.

Facebook se place ainsi en concurrence directe avec Google. Que pensez-vous de ce duel ?

Avec cette dernière fonctionnalité, Facebook semble faire intrusion sur le terrain de Google qui apparaît, à tort ou à raison, comme le Moteur, avec un grand "M". A première vue, cela surprend un peu, car pendant longtemps les moteurs de recherche, volontairement neutres et ouverts à tous, se distinguaient des réseaux sociaux, services éminemment personnalisés contenant des données individuelles et mettant en relation des femmes et des hommes. Or, depuis quelques années, on doit noter la convergence des réseaux sociaux et des moteurs de recherche. Rappelons que Google a conçu un réseau social, Google+, qui, s’il n’est pas très vivant en cela que peu d’informations personnelles y sont déposées, se révèle néanmoins nécessaire pour accéder à un certain nombre de services comme le service de téléconférences Hangouts. En contrepartie, de cette adhésion indolore, Google acquiert une foule d’information sur les utilisateurs connectés. Or, ces informations se révèlent extrêmement utiles pour compléter et exploiter les masses de données (Big Data) dont dispose déjà Google. L’annonce de Facebook paraît donc être une réplique à retardement à la présence de Google dans le secteur des réseaux sociaux.

Au demeurant, même si le réseau Google+ est très utile à Google pour collationner des informations clefs, il ne concurrence pas vraiment Facebook, au point que beaucoup ont affirmé qu’il constituait un échec. Symétriquement, il se pourrait que le moteur de Facebook lui serve à attirer de nouveaux membres, sans que cela conduise nécessairement à rivaliser, voire à détrôner Google. Rappelons, à cet égard, qu’il existe un grand nombre de moteurs de recherche, comme Bing ou, en France, Qwant, dont les performances sont à peu près équivalentes à celles de Google et qui présentent certains avantages, par exemple en termes de protection de la vie privée pour Qwant, sans pour autant recueillir dès à présent l’adhésion du public.

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