LA BCE sort l'artillerie lourde mais est encore loin d'avoir utilisée tout son arsenal<!-- --> | Atlantico.fr
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La remarque de Draghi sur le fait que d’autres baisses de taux n’étaient pas à l’ordre du jour a également été mal accueillie.
La remarque de Draghi sur le fait que d’autres baisses de taux n’étaient pas à l’ordre du jour a également été mal accueillie.
©Reuters

Bazooka monétaire

​Baisse des taux, création monétaire, augmentation de l'offre de crédit, la BCE fait preuve de volontarisme face au ralentissement annoncé de la croissance de la zone euro. ​

Frederik Ducrozet

Frederik Ducrozet

Frederik Ducrozet est économiste senior chez Pictet Wealth Management, en charge de l'Europe, depuis septembre 2015. Auparavant, il était économiste chez Credit Agricole CIB entre 2005 et 2015. Spécialiste de l'économie européenne, et de la politique monétaire de la BCE en particulier, ses travaux portent notamment sur le cycle du crédit, les politiques monétaires non-conventionnelles et leurs conséquences pour les marchés financiers.

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Atlantico : Lors de la réunion de la BCE de ce 10 mars, l'instance a annoncé la mise en place de plusieurs mesures visant à soutenir l'économie européenne. Les actions annoncées sont-elles susceptibles de remplir cet objectif ? 

Frédérik Ducrozet : Il est toujours difficile de répondre à cette question dans la mesure où certains facteurs exogènes échappent à la BCE, et que plus généralement la politique monétaire ne peut (doit) pas tout faire. Ceci dit, les nouvelles mesures de la BCE vont très loin, tant en termes d’assouplissement quantitatif, avec une augmentation de son programme de rachats d’actifs à 80 Mds EUR par mois, qu’en termes d’assouplissement du crédit, avec de nouvelles opérations de refinancement des banques à 4 ans et à taux négatifs. Ce dernier point est essentiel car il permettra de limiter le coût du taux de dépôt négatif pour les banques, mais aussi et surtout de les inciter à prêter davantage aux ménages et aux entreprises. C’est de mon point de vue le facteur-clé pour espérer une reprise plus forte de l’activité et, à terme, un retour de l’inflation vers la cible de 2%.

Lors de cette réunion, la BCE a également révisé ses prévisions de croissance à la baisse, avec une anticipation de croissance pour la zone euro, passant de 1,7% à 1,4%. Face à un tel recul, les mesures annoncées ont-elles simplement vocation à éviter une aggravation de la situation, ou à provoquer une amélioration perceptible par la population ?

Il est vrai que la situation économique s’est dégradée depuis le début de l’année, et les mesures de la BCE peuvent être perçues comme un moyen de compenser ce nouvel accès de faiblesse, notamment dans les pays émergents et dans le secteur financier. Il n’est pas toutefois pas évident de savoir si les effets anticipés des mesures annoncées par la BCE ont été pris en compte dans ces nouvelles prévisions du staff des économistes – je pense que ce n’est pas le cas, et que les projections de croissance pourraient à terme être révisées légèrement à la hausse, ce qui serait une première depuis plusieurs années.

La BCE semble avoir tout essayé pour sortir de cette crise. Dispose-t-elle encore de moyens, plus efficaces encore, pour envisager une réelle sortie de crise ? 

C’est l’autre message délivré par la BCE cette semaine : elle est loin d’avoir épuisé tout l’arsenal de mesures légales à sa disposition. L’arme conventionnelle des taux directeurs (négatifs) devrait être laissée de côté pour le moment, au profit de nouvelles mesures non-conventionnelles. Si la BCE décide d’assouplir encore sa politique monétaire dans les mois et trimestres à venir, elle pourrait le faire à travers une nouvelle modification de son programme de rachats d’actifs, non pas en termes de taille mais plutôt en termes de composition, afin d’accentuer son soutien aux pays de la périphérie notamment. Elle pourrait également décider de cibler d’autres actifs plus risqués, y compris des actions dans un cas extrême.

Comment ces déclarations ont-elles été perçues par les marchés financiers ? La BCE perd elle de sa crédibilité ?

Les marchés sont perplexes, probablement parce qu’ils manquent de visibilité quant aux modalités des nouvelles mesures et à leur interaction entre elles. La remarque de Draghi sur le fait que d’autres baisses de taux n’étaient pas à l’ordre du jour a également été mal accueillie. Enfin les nouvelles prévisions du staff de la BCE, plus pessimistes qu’attendu, ont pu peser sur la confiance des investisseurs. Nous restons positifs en termes d’impact macroéconomique de ces nouvelles mesures, ce qui devrait à terme soutenir les marchés, mais aussi renforcer la crédibilité de la BCE, en l’absence de nouveau choc dans l’intervalle.

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